Marine Serre investit Lafayette Anticipations avec un défilé et une exposition
La frontière entre mode et art est poreuse, et Marine Serre continue d’explorer ces limites. Vendredi 4 mars, la créatrice dévoilait à la fondation Lafayette Anticipations sa nouvelle collection autant qu’une exposition organisée tout le week-end durant.
Par Matthieu Jacquet.
Pour l’occasion, l’institution parisienne a invité Marine Serre à investir les trois étages du bâtiment signé Rem Koolhaas. Au premier, on passait entre les tables de patronage et machines à coudre nécessaires à la création de ses pièces surcyclées, tandis qu’au deuxième, on découvrait des décors réalisés à partir de matériaux utilisés par la créatrice dans ses collections. Enfin, le dernier étage accueillait un accrochage de peintures inspirées des portraits du 15e au 17e siècles, revisitées pour y intégrer des personnages vêtus en Marine Serre. Au sein de cette galerie de portraits délibérément anachronique, et au son de la voix de la chanteuse iranienne Sevdaliza, le label dévoilait une quarantaine de silhouettes reprenant ses fondamentaux : des imprimés géométriques en all over et des pièces réalisées à partir de tissus d’ameublement pour un vestiaire nomade à l’esprit rebelle assumé.
Au-delà des motifs losanges et carrés noir et blanc qui, sur plusieurs ensembles, provoquent un effet optique saisissant, ce sont les tartans qui marquent cette saison : extraits d’épaisses couvertures en laine, ceux-ci se voient assemblés dans des pagnes, manteaux, vestes, jupes et mêmes shorts où leur carreaux de diverses tailles et leurs couleurs variées redessinent les lignes du corps. Déjà remarquée pour son travail de la maille, la créatrice décline ces patchwork de motifs dans des pulls, robes et combinaisons moulants, auxquels succèdent des silhouettes grunge entre années 80 et 90 mêlant bombers et pantalons en cuir, des ensembles en velours dévoré et assemblages de denim, ou encore des robes dont l’imprimé reprend les boussoles des cartes historiques. Le travail artisanal se distingue particulièrement dans un manteau en cuir tout en découpes géométriques, dans des pièces sculpturales en matelassé toile de Jouy, et dans les dernières robes plus romantiques et sombres, qui donnent au vestiaire un résolument nostalgique. Mais Marine Serre n’en néglige pas pour autant les hauts et combinaisons moulantes et sportswear qui font aujourd’hui sa notoriété : au-delà des pièces dévoilées dans ce défilé, pendant tout le week-end, les visiteurs de l’exposition étaient invités à faire imprimer sur leurs propres vêtements le fameux logo Lune de Marine Serre. Une manière originale d’étendre son impact au-delà même de ses propres créations.