Les looks lingerie du défilé Ester Manas en collaboration avec Chantelle X

La mode est une industrie qui se lasse rapidement, notamment parce qu’elle est constamment en quête « du nouveau truc“ qui fera parler traitant parfois à tort des sujets importants sans trop de considération. C’est le cas notamment de la diversité et de l’inclusion des corps, un sujet maintes fois rabâché au fil de ces dernières années, mais qui ne semblent toujours pas trouver preneur. Que faire dans cette situation lorsque permettre à chacune de s’habiller en fonction de son corps – et non malgré – est une valeur intrinsèque à son travail de création ? Pour Ester Manas et Balthazar Delepierre, le duo de créateurs derrière Ester Manas la réponse se fait avec un sourire aux lèvres… et un éléphant dans la pièce.

Chez Ester Manas printemps-été 2025 : un éléphant dans la pièce

On ne pouvait véritablement pas le louper cet éléphant gigantesque et bleu à la trompe fière qui trônait sur le catwalk du défilé Ester Manas. À peine arrivés, les convives se ruent pour saisir de près comme de loin sa silhouette et prennent la pose à ses côtés en oubliant la chanson de marche scouts devenue une comptine à savoir : « un éléphant ça trompe énormément“. « On n’a jamais voulu avoir une position vindicative sur la mode ni à travers ce que l’on fait et je ne pense pas que cela va changer“, explique Balthazar Delepierre dans les coulisses à la fin du défilé. « C’est aussi pour ça qu’on l’a fait avec humour, pour faire une petite piqûre de rappel, mais sans trop en faire“, ajoute sa complice.

Alors c’est quoi l’éléphant dans la pièce ? Tout simplement ce sujet autour duquel tout le monde chuchote, mais personne ne semble décidé à faire grand-chose pour améliorer réellement la situation soit la diversité et l’inclusion. « Les choses ont évolué, mais dans le mauvais sens d’où l’éléphant“ souligne à raison Ester Manas lorsqu’une journaliste l’interroge sur sa vision de la mode à ce sujet. « D’un point de vue purement numérique, il y a un retour en arrière. La question qui se pose est la suivante : est-ce qu’on va créer une division entre les marques vu que certaines veulent continuer d’imposer des normes corporelles extrêmement strictes où est-ce que l’on va pouvoir continuer à cultiver la curiosité et à accueillir tout le monde ? Et cela ne concerne pas uniquement la mode.“, argue quant à lui son partenaire.

Sur le tableau de référence du défilé ; des images d’Helmut Newton, la collection scandale d’ Yves Saint Laurent…. De quoi alimenter une collection autour de femmes fortes qui évoluent sans se soucier du regard que l’on pose sur elles. Au moins jusqu’à ce que la mode, et le monde, ouvrent les yeux.

L’élaboration d’un vestiaire Manas

Chez les Manas, le discours ne fait pas que s ‘écouter : il se voit et il se porte mis en valeur par un casting qui ne manque jamais d’allure. Parce que c’est également en cela que réside la force de la griffe ; parvenir à faire se projeter dans les vêtements parce que les femmes qui les portent semblent libres à l’intérieur.

Et que portent-elles donc ? Une robe pull en coton noir ornée de volants et d’empiècements transparents ouvre le show, une petite jupe tailleur noire, des imprimés liberty, des robes superposées, des vestes structurées, des pièces qui jouent la transparence et donnent une autre lecture au sexy à la Manas. « Messy, a bit dirty, funny but always sexy“, plaisante le duo au sujet de la collection.

Et c’est vrai que les silhouettes et les looks changent de ce que la marque nous a précédemment donné à voir – même si ces changements pouvaient déjà se sentir la saison précédente. Les robes du soir sont toujours présentes, mais ne sont plus les reines du show laissant la place à une chemise oversize froncée ou des jupes transparentes, toutes simples, mais affriolantes. Balthazar Delepierre : « Nous avons envisagé chaque look comme un nouveau personnage et cela nous a aussi poussé à incorporer de nouvelles techniques de travail à d’’autres typologies de vêtements. On a par exemple travaillé le cuir, la fronce…“. « On voulait prouver qu’il n’y a pas que les robes à trous qui peuvent convenir à tous les corps, qu’on peut aussi trouver des solutions comme le prouve la collection“, note Ester Manas.

Fake it ’til you make it

Parmi les pièces phares du défilé Ester Manas printemps-été 2025 : les robes en mesh sur lesquelles sont imprimées l’iconique robe froncée de la marque. « On voulait créer des pièces plus accessibles pour celles qui n’ont pas les moyens de s’offrir la robe, les cuirs sont en trompe l’œil de nos techniques“ souligne la créatrice avant de conclure : « On a voulu aussi avoir cette idée de fake ’til you make it. Un autre éléphant dans la pièce au vu des marques qui font faillite avec la crise. D’ailleurs, les petites marques sont les premières à payer le prix. On est là et on est très fiers de défiler même si ce n’est pas simple“.

La collaboration Ester Manas x Chantelle X

Rien d’étonnant que de voir la griffe parisienne collaborer avec une marque de lingerie, mais cela reste très plaisant d’autant plus que les marques font reposer leur univers sur les valeurs autour de la diversité et de l’inclusion de tous les corps. En tout, le duo Ester Manas a réalisé cinq pièces en dentelle leavers qui s’associent parfaitement avec les pièces phares de leurs collections et compte un body, deux soutiens-gorge et deux bas inspirés par les détails smocks et les découpes audacieuses du label mêlé au savoir-faire audacieux de Chantelle X. Le tout dans un sizing qui va du S au XL et du 36 au 46.

Ester Manas printemps-été 2025 : la collection est déjà disponible

Et parce qu’il est rare de nos jours de finir sur une bonne nouvelle, on ne peut pas dire tout ceci sans souligner que les pièces de la nouvelle collection sont déjà disponibles. On s’arrête sur la jupe longue à l’effet froissé, la robe longue drapée, le top noir froncé et transparent au col montant ou alors sur l’une des versions du sac Cancan ou la jupe-pantalon imprimé. Après tout, maintenant, qu’on a vu l’éléphant….