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Au défilé Yohji Yamamoto, ressentir le vêtement
Au défilé Yohji Yamamoto printemps-été 2026, le créateur japonais a présenté une collection qui célèbre ses codes tout en illustrant la force poétique et émotionnelle du vêtement.
par Mélody Thomas.
Au défilé Yohji Yamamoto, se montrer présent
“Yohji Yamamoto vous encourage à vous montrer présent et à découvrir la présentation avec vos yeux plutôt que vos écrans. Laissez le moment, le mouvement et les vêtements vous parler — ils sont faits pour être ressentis avec vos sens, pas juste enregistrés digitalement ”. Ce sont ces mots qui se trouvaient sur le siège des invités du défilé Yohji Yamamoto printemps-été 2026.
Sous les chandeliers de l’Hôtel de Ville de Paris, cet appel à un regard attentif, à la quête de l’émotion dans la mode avait quelque chose de rafraîchissant. Poétique. Peut-être aussi parce que la force de Yohji Yamamoto réside dans sa capacité à faire preuve de constance, à se réinventer dans les détails et la forme.


Les codes du maître
Comme à son habitude, le créateur de mode japonais a présenté une collection en plusieurs tableaux qui révèlent et renforcent les codes qu’il établit depuis désormais plus de 40 ans ; le contraste entre le noir et le blanc, une sensualité sobre qui se joue à travers la transparence textile, le drapé et les jeux de nouages retrouvés à travers plusieurs silhouettes. Les mannequins défilent comme des oiseaux virevoltant du jour au soir, comme une murmuration, ces vols de regroupements d’oiseaux qu’on ne saurait se lasser de regarder.


Hommage à Giorgio Armani
C’est un exercice de style autant que de méditation que nous proposait Yohji Yamamoto. Un rappel aussi à apprécier la fugacité du présent, à l’honorer. Vers la fin du défilé, il a d’ailleurs dédié deux silhouettes en hommage à Giorgio Armani, décédé en septembre dernier. La première ornée d’une calligraphie japonaise sur le devant et d’une photo de la campagne Giorgio Armani de 1998 avec la mannequin Shalom Harlow dans le dos ; l’autre avec l’invitation au 50e défilé Armani et Kristen McMenamy en smoking de 1997.




Le temps infini de Yohji Yamamoto
Pour son final, cinq silhouettes habillées d’un manteau rouge se sont suivies sur le podium, les mannequins les retirant et laissant paraître à leurs bras ce rouge éclatant. La dernière portait un manteau noir avec une tournure rouge s’échappant du dos, comme une longue traîne. Un clin d’œil à un manteau similaire présenté en 1986. “Avant la technique, une sensibilité aux formes et au volume du corps, entre autres, est indispensable. Tout commence par une émotion, c’est joli ça… ”, écrivait-il déjà, facétieux, dans My Dear Bomb, son autobiographie publiée en 2010. Quinze ans après l’écriture de ces mots, le mantra ne semble pas avoir changé tant, au sein de la maison Yamamoto, le temps semble n’avoir aucune emprise. Il est infini.
Tous les looks du défilé printemps-été 2026






































