Au défilé Valentino, une parenthèse lumineuse et poétique signée Alessandro Michele

par Nathan Merchadier.

Pasolini inspire Alesssandro Michele

Au sein d’une journée particulièrement charnière de cette Fashion Week printemps-été 2026 à Paris, Alessandro Michele convie ses proches ainsi qu’une foule délirante de célébrités à découvrir une collection Valentino printemps-été 2026 plus sobre qu’à l’accoutumée, au sein de l’Institut du monde arabe.

Charnière, c’est peu de le dire. Quelques heures plus tôt, Michael Rider faisait ses premiers pas chez Celine, à l’autre bout de la capitale. Et à peine quelques heures plus tard, c’est le créateur de mode néerlandais Duran Lantink qui officialisait sa première vision chez Jean-Paul Gaultier, maison emblématique où il occupe désormais la fonction de directeur artistique. 

Mais c’était sans compter sur le magnétisme d’Alessandro Michele, capable de fédérer saison après saison une communauté fidèle autour de son univers. Comme en témoignent d’ailleurs les nombreuses personnalités venues lui apporter leur soutien en front row. De la très rare Lana Del Rey à Colman Domingo, en passant par Pamela Anderson.

Une collection Valentino lumineuse baptisée Fireflies

Inspirée d’une lettre écrite en 1941 par Pier Paolo Pasolini et lue ce jour-là par Pamela Anderson, la collection Fireflies évoque ainsi la figure des lucioles comme symboles fragiles de liberté et de désir au cœur de la nuit. Pour l’écrivain, ces éclats de lumière incarnaient la résistance, celle de la beauté et de la pensée, face aux ténèbres du fascisme.

Huit décennies plus tard, Alessandro Michele en fait le fil conducteur d’une collection qui naît dans l’obscurité, éclairée seulement par des lueurs artificielles évoquant ces insectes lumineux. Un hommage poétique, mais aussi une réflexion contemporaine sur la nécessité de préserver la lumière dans un monde de plus en plus uniformisé et traversé par de nouvelles ombres politiques.

Sous des jeux de transparence et de matière, le créateur compose ainsi une silhouette Valentino plus douce qu’à l’accoutumée. Les robes longues en mousseline alternent avec des ensembles en velours tandis que la dentelle et les sequins captent les lumières stroboscopiques qui éclairent le podium. Le vestiaire d’Alessandro Michele se déploie ainsi dans des teintes naturelles (bruns, verts mousse, blanc) ponctuées de touches d’or et de rouge, rappel discret de l’héritage de la maison.

Un défilé à la fois intime et spirituel

Une chemise drapée rappelle plus tard les plis d’un vêtement ancien, tandis qu’une robe en soie brodée effleure le sol avec grâce. Les coupes, fluides et allongées, évoquent ici une certaine sensualité, marquée notamment par l’apparition de silhouettes masculines jouant sur la transparence. Sans renier les codes de la maison, Alessandro Michele les réinterprète avec subtilité. Le romantisme baroque, signature du créateur, se fait plus apaisé.

Un contraste fort avec sa précédente collection, présentée en mars dernier dans un décor rouge incandescent inspiré de l’univers du cinéaste David Lynch. Le défilé se déroulait alors au milieu de toilettes publiques, métaphore de l’intimité et de l’exposition de soi. Là où ce show explorait la frontière entre le privé et le collectif, la collection Fireflies se tourne cette fois-ci vers l’idée d’une lumière intérieure.

Ce troisième défilé prêt-à-porter pour Valentino confirme finalement la volonté du créateur romain de réenchanter l’héritage de la maison italienne, tout en affirmant une mode plus poétique, tournée vers la douceur et la contemplation. Et c’est une réussite.

Tous les looks du défilé Valentino printemps-été 2026