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Glenn Martens, chef d’orchestre d’un renouveau chez Margiela
En ce cinquième jour de Fashion Week à Paris, la maison belge Margiela donnait rendez-vous à ses invités au Centquatre, dans le nord de la capitale. Quelques mois seulement après y avoir présenté son premier défilé couture (à la suite de sa nomination en janvier dernier) Glenn Martens y dévoile cette fois sa vision du prêt-à-porter. Un défilé attendu, entre hommage à l’histoire de la maison et réappropriation de ses codes, qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte.
par Nathan Merchadier.

Un défilé à l’esprit Martin Margiela
Après les premiers pas remarqués de Jack McCollough et Lazaro Hernandez pour Loewe et quelques heures avant d’assister à ceux de Pierpaolo Piccioli chez Balenciaga, cette Fashion Week printemps-été 2026 marque aussi les débuts de Glenn Martens à la tête du prêt-à-porter Margiela. Puisant dans les archives de la maison, le créateur belge (également directeur artistique de Diesel) poursuit son exploration d’une mode audacieuse et conceptuelle.
Dès l’ouverture du défilé, la référence est claire. En écho au show printemps-été 1990 de Martin Margiela, Glenn Martens invite un orchestre d’enfants musiciens à composer la bande-son en direct. En 1989, le fondateur de la marque avait réservé le premier rang de son défilé aux enfants du 20e arrondissement, immortalisés dans la célèbre photo The Children Play with the Models du photographe Jean-Claude Coutausse. Trente-six ans plus tard, Glenn Martens réinvente cette fois-ci la scène avec l’idée suivante : The Children play for the models. Une manière subtile de rappeler que même si le temps passe, l’esprit irrévérencieux de Margiela reste intact.
Autre clin d’œil fort à cette esthétique de l’anonymat chère à la maison ? Lorsque les mannequins arborent sur leurs lèvres les emblématiques “Four Stitches”, déclinés en protège-dents ou écarteurs buccaux métalliques. Un détail dérangeant qui uniformise les visages tout en brouillant les codes institutionnels des défilés.


Mémoire et mutation chez Margiela
Pour le reste, Glenn Martens compose une partition maîtrisée, mêlant rigueur du tailoring et détournement des volumes. Le cuir, la laine et bien sûr le denim (matériau fétiche du créateur) s’entrelacent dans des looks sculpturaux. Le tailleur se voit réinventé avec une nouvelle construction d’épaule arrondie et une emmanchure suivant la ligne naturelle du corps, tandis que les pantalons arborent de leur côté une fourche exagérément basse, conférant un certain esprit Y2K aux silhouettes.
Dans la continuité de sa collection couture présentée au même endroit quelques mois plus tôt, il reprend un motif de papier peint floral du XVIe siècle, imprimé sur maille comme une sorte de tapisserie réinventée. D’autres détails viennent nourrir la mémoire de la maison. Des morceaux de scotch apposés sur une robe évoquent ainsi les tabi en cuir ficelés avec du ruban adhésif lors de la saison printemps-été 1996. Tandis que des santiags sans talons rappellent les ballerines à la même silhouette, imaginées par Martin Margiela en 2000.


Glenn Martens impose sa vision
Glenn Martens signe, avec ce premier prêt-à-porter, une entrée tout en justesse dans l’univers Margiela. Entre hommage et réinvention, il redessine les contours d’une maison en mouvement. Une renaissance audacieuse, sur fond de controverse, quelques semaines seulement après la nomination de Miley Cyrus comme première égérie de la marque, qui jusqu’alors, n’en avait jamais eu…
Tous les looks du défilé Margiela printemps-été-2026























































