7 mar 2021

La collection Yohji Yamamoto automne-hiver 2021-2022

Chaînes, laçages, liserés, costumes déconstruits et robes asymétriques : la collection Yohji Yamamoto automne-hiver 2021-2022 rassemble aussi bien son amour du punk que du romantisme noir pour un ensemble sombre où les détails passent au premier plan.

Avec son tapis et ses rideaux noirs déroulés dans une pièce faiblement éclairéele décor monté par Yohji Yamamoto en juillet dernier pour dévoiler sa collection homme printemps-été 2021 est devenu désormais le théâtre permanent du label, en attendant de pouvoir à nouveau présenter ses collections devant un public. Récurrente est aussi la collaboration du créateur japonais avec le photographe et vidéaste Takay, qui pour la troisième saison consécutive filme et photographie ses créations dans cet environnement sombre. Si les dernières collections homme du créateur japonais se tournaient explicitement vers les années 70 au Royaume-Uni et l’émergence du mouvement punk, ces inspirations perdurent dans cette collection femme inédite en se mêlant cette fois-ci à l’esthétique et la mode du XIXe siècle, tout particulièrement celles découlant du romantisme gothique.

 

Au fil des 33 silhouettes à grande dominante noire, comme toujours chez le créateur, un autre élément majeur réunit ces différentes influences : le fil. Croisé sur le buste de certains hauts et robes, il évoque les corsages. À travers des chaînes fines enroulées autour du corps sur une robe droite, ou des groupes de lacets tombant sur d’autres ensembles asymétriques, il rappelle plutôt les boucles et les franges que l’on pouvait apercevoir sur les tenues arborées par les rockeurs et les punks à la fin du XXe siècle. Fondus dans les vêtements par le noir signature, ces détails sont en réalité le premier aperçu discret de la nouvelle ligne de bijoux et d’accessoires du label.


Alors que dans les coupes insolites mais précises des costumes, les volumes des amples manteaux, l’équilibre et les détails des robes longues, Yohji Yamamoto joue comme à son habitude avec l’asymétrie des volumes et la déconstruction, il invite enfin le fil sur plusieurs ensembles à travers un liseré blanc dont le contraste dessine, comme une craie sur un tableau d’ardoise, les lignes sinueuses d’une composition abstraite. Quelques subtiles touches de rouge dégradé vers le noir, présentes sur de petits empiècements et lambeaux de tissu, apportent leur couleur sur deux ensembles, tandis que deux mains blanches floquées sur une large cape à capuche amènent une lueur étonnante à la fin de la collection, écrivant subtilement en blanc sur noir l’espoir d’un contact physique retrouvé.

https://youtu.be/hwTotCDeNf0