Gwendoline Christie et MJ Rodriguez défilent pour Thom Browne printemps-été 2023
C’est le décor fastueux des galeries de l’opéra Garnier que Thom Browne a choisi pour marquer son retour en physique dans le calendrier la Fashion Week femme parisienne. Un défilé tout en flamboyance et l’opulence où le créateur mêle habilement inspirations 18e siècle, punk ou encore références sportswear pour raconter son propre conte de fées.
Par Matthieu Jacquet.
Après plusieurs années d’absence, Thom Browne revenait en juin dernier à Paris pour présenter sa collection masculine. Ce lundi 3 octobre, la présentation de la nouvelle collection féminine du créateur américain aura indéniablement marqué les esprits. Fidèle au sens du spectacle qui a fait sa notoriété, le New-Yorkais a accueilli ses invités – parmi lesquels les stars Janet Jackson, Doja Cat, Erykah Badu ou encore Maisie Williams – dans l’enceinte de l’opéra Garnier, pour dévoiler un défilé aux airs de conte de fée.Sous les lustres, moulures et dorures somptueuses des galeries du bâtiment, l’actrice Gwendoline Christie (connue notamment pour son rôle dans la série Game of Thrones) ouvrait l’événement vêtue d’une robe rouge en organisa, et drapé dans un manteau bleu nuit illuminé par des broderies dorées : “Thom aime raconter une histoire. Ce sera une longue histoire… car, comme vous le savez, il adore ses longues histoires.”, annonce la Britannique avant de se parfumer et s’admirer dans un miroir, à l’image d’une princesse. Si cette mise en scène pourrait évidemment rappeler la méchante reine de Blanche-neige, on pense immédiatement à l’histoire de Cendrillon en apercevant dans le fond de la salle une immense chaussure à talon en tulle d’un blanc cristallin, dont l’actrice camperait ici le rôle du Prince charmant.
L’extravagance émanant de ce défilé en est la preuve : Thom Browne se fait plaisir en imaginant les personnages de ce récit merveilleux en trois tableaux. Baroques et tout en volumes, les robes évasées partant des épaules jusqu’au sol du premier chapitre recouvrent l’intégralité du corps. Taffetas froncé en cascade, voilettes et fraises en tulle, manches bouffantes, volants imitant les pétales de rose, nœuds oversize, corsets et jupes plissées à crinolines portées sous des gilets courts en maille bouillie… avec ces nombreux détails, ornements et fanfreluches, et leur couleurs sucrées – lilas, orange, jaune, rouge –, Thom Browne annonce la couleur. Joyeusement hybride, son nouveau vestiaire à la frontière du camp joue avec les genres et les anachronismes, faisant aussi bien référence au chasuble papal qu’aux robes à la française du 18e siècle, tandis que le numéro inscrit sur leur dos rappelle les maillots des équipes sportives.
Dans le deuxième volet de la collection, les mannequins tombent leurs parures volumineuses pour révéler des ensembles plus ajustés. Manteaux droits, vestes de costume boutonnées, shorts taille basse et gilets témoignent du travail du tailoring dans laquelle le créateur s’est illustré depuis 2003. Mais contrairement au gris et au blanc récurrents chez Thom Browne, les pois de diverses tailles et les couleurs poudrées inspirées par le mouvement rococo baignent cette partie du vestiaire d’une grande douceur, agrémentée de touches d’humour à travers la présence des grands chapeaux et des sacs à main en forme de teckel, signatures du label. Enfin, le troisième du défilé verse dans l’exubérance de silhouettes plus déstructurées : mêlant drapés à pois, robes moulantes transparentes, blazers courts décorés de laçage et strings satinés, ces looks asymétriques et chargés révèlent l’inspiration punk du créateur, qui culmine dans les chevelures à pic des modèles et l’ensemble noir, blanc et rouge très rock arboré par Bella Hadid. Clôturant ce spectacle opulent digne d’un bal à la cour, l’actrice Mj Rodriguez, star de la série Pose, défile dans une robe blanche et dorée fastueuse, avant de s’enfermer dans la chaussure géante pour s’en dévêtir et réapparaître dans l’uniforme mythique Thom Browne, au volant d’une Cadillac décapotable en tulle rose. A l’image de cette collection, le défilé se termine dans la liesse et la magie sur la musique du Cendrillon de Disney. “Dans le monde de Thom Browne, tout le monde rentre dans la chaussure”, conclut la voix Gwendoline Christie… et trouve le vestiaire de ses rêves.