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Alphonse Maitrepierre raconte sa collection hommage à Paul Poiret
Alors qu’il présente huit silhouettes au sein de l’exposition “Paul Poiret, La Mode est une fête”, organisée au musée des Arts Décoratifs jusqu’au 11 janvier 2026, Alphonse Maitrepierre signe ce mercredi 1er octobre une collection printemps-été 2026 hommage. Entre héritage couture et expérimentations contemporaines, le créateur dialogue avec l’esprit d’un couturier visionnaire.
Par Louise Menard.


Une collection avec le musée des Arts Décoratifs
Paul Poiret signait ses créations d’un rond et d’un trait. Un détail amusant, une signature presque enfantine que l’on retrouve justement dans la collection printemps-été 2026 d’Alphonse Maitrepierre, née d’une collaboration inédite avec… le musée des Arts Décoratifs de Paris. Présenté en parallèle de l’exposition “Paul Poiret, La Mode est une fête”, où le jeune couturier dévoile d’ailleurs huit de ses silhouettes, ce défilé convoque les fantômes du passé.
“Il y a un peu plus d’un an, le musée m’a proposé de placer un de mes looks dans sa rétrospective sur Paul Poiret”, confie le jeune créateur alors que l’on assiste avec lui aux répétitions du show, entre excitation et tension. De ce premier geste naît aussitôt une complicité avec la curatrice. Mais surtout l’envie de prolonger le dialogue avec celui qui, au début du 20e siècle, a libéré le corps des femmes. Loin de la reconstitution historique, le créateur revendique une “vraie collaboration” avec le musée. Et presque avec Paul Poiret lui-même.
Couturier visionnaire, pionnier du marketing de luxe, ce dernier fut le premier à comprendre la mode comme un art total. Qu’il s’agisse du vêtement ou de la mise en scène. Avant Mademoiselle Chanel, il avait déjà aboli le corset. Et imposé l’idée d’une silhouette fluide et mobile, nourrie d’un amour profond pour l’Orient. Ses fêtes somptueuses et ses collaborations artistiques avec Raoul Dufy ou encore Paul Iribe ont façonné une véritable grammaire de la modernité.
Mais son audace fulgurante l’a aussi mené à une chute brutale dans les années 1930, laissant derrière lui un héritage aussi mythique que fragile. Une histoire évoquée avec humilité et émotion à travers cette collection Maitrepierre, ode à Monsieur Poiret et à son univers à part, bien souvent oublié par le monde de la mode.


Un hommage vibrant à Paul Poiret et au faste des années 1920
Dès l’ouverture, c’est un choc visuel qui rend justement hommage à l’illustrateur Paul Iribe. Une silhouette comme arrachée d’un dessin et projetée sur le podium. Plus loin, un t-shirt blanc à la coupe ronde caractéristique des années 1920, associé à un jean traité en sarouel, se frotte à une robe dos nu en impression de soie sur laquelle est plaquée une dentelle python, tandis que les chapeaux à franges citent directement l’imaginaire du couturier. Le tout formant un ensemble brouillant avec assurance les frontières entre couture et prêt-à-porter.
Les années 1920, “les plus sous-cotées de la mode” selon Alphone Maitrepierre servent de matière première : sarouels généreux inspirés des silhouettes d’Orient, drapés qui se détachent du corps, franges comme un exercice imposé par les Années folles, ceinturages très bas. Le designer joue également de l’ambiguïté de cette période “ingrate pour notre œil contemporain”, en travaillant l’usure, comme si chaque vêtement avait été exhumé d’une malle oubliée.
Aux pieds, on remarque une nouvelle collaboration avec Carel qui couronne l’allure d’une “improbable baroudeuse coquette”. Enfin, le dernier look s’avance, moment suspendu : Maitrepierre réinterprète une broderie iconique de Paul Poiret. Comme un trait d’union entre deux époques qui ne se connaissent pas.
Tous les looks du défilé Maitrepierre printemps-été 2026

















