30 sept 2025

Pourquoi on a adoré le défilé de Julie Kegels ?

Il y a à peine trois saisons, en février 2024, Julie Kegels tenait un petit showroom informel près de République. Aujourd’hui, des stars comme Dua Lipa ou Charli xcx s’arrachent ses collections et d’autres comme Rosalía prennent place dans les rangs de son tout premier défilé officiel. Présentée sous le pont de l’arrêt de métro Passy, dans le 16e arrondissement, sa collection printemps-été 2026 inaugurait la Fashion Week de Paris. Et Numéro répondait à nouveau – évidemment – présent.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Julie Kegels inaugure la Fashion Week de Paris

    Déjà, la saison dernière, Julie Kegels imaginait un vestiaire dédié à une femme puissante, puisant dans des matières et dans des concepts associés au monde du luxe. Mais ses vêtements renfermaient déjà une pointe d’ironie : le coussin d’une chaise design était réinterprété en tee-shirt de façon littérale, un autre fauteuil était lui imprimé sur une robe-tube blanche. Un look facétieux, que l’on pouvait d’ailleurs apercevoir porté par l’un des invités assis au premier rang de son défilé printemps-été 2026.…

    Organisé sous la station de métro aérien Passy, dans le 16e arrondissement, cet évènement signait d’ailleurs le premier défilé officiel de Julie Kegels, d’habitude inscrite au calendrier en format présentation à la Fashion Week de Paris. Mieux : elle inaugurait cette semaine de la mode, déjà annoncée comme historique. Une reconnaissance précoce, mais largement méritée pour la jeune créatrice belge, qui réunissait ainsi une large de foule de journalistes, influenceurs et célébrités – parmi lesquels, la chanteuse espagnole Rosalía ! Numéro revient sur ses quatre silhouettes préférées et caractéristiques de l’univers de Julie Kegels.

    Party girl et working girl : la femme Julie Kegels

    Leitmotiv du défilé Julie Kegels, cette ambivalence entre la working et la party girl façonnait les silhouettes de la saison. Toujours en déplacement, courant de droite à gauche, la femme imaginée par la créatrice belge s’apprête à la hâte, se précipite d’un rendez-vous professionnel vers une soirée électro. Elle s’habille sur son chemin : ses bretelles semblent avoir été nouées rapidement, sa chemise est mal boutonnée ou tâchée de maquillage, sa robe est froissée…

    Toutes ces imperfections deviennent, au sein de cette collection, un motif central et cher à Julie Kegels, qui incarne elle-même cette femme forte, active et au sommet de son potentiel. À l’image de ce look composé d’une jupe crayon droite, mais transparente, arborée avec une chemise, puis recouverte par une nuisette rose bonbon, enfilée dans un happening par la mannequin au fil de ses pas.

    Des strass de la tête aux pieds pour le printemps-été 2026

    On retrouve en effet cette idée de look de sortie de boîte de nuit au sein de la plupart des silhouettes du défilé. Sortant d’un appartement situé tout près du podium, les mannequins avancent avec assurance. Malgré certains détails qui nous donnent des indices sur leur soirée de la veille… On observe ainsi avec un sourire en coin des ensembles composés d’une chemise ou d’un pull, arborés avec une élégante ceinture et une jupe droite. Mais, au sein de laquelle semblent s’être glissées quelques paillettes, également visibles sur la pointe de leurs escarpins, sur leurs mains, ainsi que sur le coude de leur cardigan.

    Elles incarnent toutes à la fois les diktats sociaux et les libertés d’une femme de notre époque : femme d’affaires accomplie, fille ou petit-amie parfaite, mais aussi fêtarde invétérée et mordue de mode, qui refuse de se limiter à une étiquette. Un autre accessoire incarne justement ce concept, le fameux imperméable de sac, que Julie Kegels dévoilait dès sa première collection, et sur lequel sont imprimés aujourd’hui les mots “In between styles”. À traduire par “entre les styles” comme, peut-être, “entre les modes de vie”.

    Un défilé on the moove

    Le défilé Julie Kegels incarne ainsi cette idée de la femme on the moove. Un concept ancré dans notre époque et adapté au mode de vie féminin moderne – et que la créatrice belge connaît très bien. S’il souligne l’importance d’avoir une créatrice à la direction artistique de collections féminines, il permet surtout de développer une collection pertinente et ultra-désirable. On adore par exemple le détail des larges sacs portés en bandoulières, qui imitent la forme d’une housse de vêtement. Assez grand pour emporter son ordinateur et tout son nécessaire quotidien, il peut également accueillir assez de tenues pour survivre à une journée où les évènements professionnels et personnels se croisent.

    Au sein du défilé, il est notamment porté avec une chemise ouverte, laissant entrevoir un soutien-gorge en autocollant imitant des dentelles, inspiré par des stickers pour seins vintages trouvés par la créatrice sur un marché aux puces. Sans oublier la jupe portée à hauteur de cuisse, au-dessus de laquelle se dévoile… une culotte ! Un look qui n’est pas sans rappeler une silhouette présentée quelques minutes plus tôt, où la jupe d’une mannequin est coincée à l’arrière de ses sous-vêtements. Et ceci, mesdames, n’est pas une erreur d’habillage…

    Les bijoux autocollants de Julie Kegels

    Comment revenir sur cette collection printemps-été 2026 sans évoquer les bijoux autocollants qui peuplent toutes les silhouettes ? Collés sur les oreilles, à la place d’un collier, au poignet ou comme une bague, ces stickers inondent en effet le défilé de Julie Kegels. Faciles à mettre comme à retirer, ils résument parfaitement le thème de ce nouveau vestiaire imaginé par la créatrice belge. Ils font également écho au rouge à lèvre, appliqué à la va-vite, débordant des lèvres des mannequins, voire tâchant parfois leurs vêtements…

    À l’instar de ce look, composé simplement d’un trench, de bas dont les motifs leur donnent une apparence abîmée, et d’escarpins, décorés à nouveau de paillettes. Autant de détails qui font toute la fantaisie de la mode ingénieuse et contemporaine de Julie Kegels. Et nous rappellent également sa première collection, présentée en janvier 2024 dans un petit showroom du Marais. Ses vêtements incarnaient déjà cette ambivalence entre working et party girl au gré de looks versatiles comme un cardigan et une élégante jupe en soie blanche qui se transforment, une fois retournés, en un ensemble rose transparent… La créatrice martèle ainsi les bases de son univers unique et déjà très solide.