Le défilé Gucci à Florence marque-t-il le début de l’ère Demna ?

par Léa Zetlaoui.

À Florence, retour aux origines de Gucci

À Florence, le passé ne meurt jamais. Il chuchote, s’insinue, s’incarne. Et c’est là, dans ce berceau de la Renaissance où les pierres semblent encore vibrer de Michel-Ange et de Dante, que Gucci vient redéployer ses ailes. Ainsi, ce défilé Gucci Croisière 2026 se lit comme un retour aux origines du style.

Un défilé de transition

Un choix hautement symbolique pour une maison en pleine transition. Car depuis le départ d’Alessandro Michele en 2022, Gucci peine à retrouver son panache. Nommé en février 2023, Sabato de Sarno le remplace pour une très courte période de treize mois.

Un mois plus tard, Stefano Cantino, directeur général depuis 2024, annonce son successeur : Demna, l’artisan derrière le succès de Balenciaga ces dix dernières années. Ce choix, à la fois radical et prometteur, pourrait bien représenter la réponse face aux défis économiques actuels de l’industrie du luxe.

Les archives comme décor

C’est donc dans le Palazzo Settimanni, lieu palimpseste du XVe siècle devenu temple vivant des archives Gucci, que s’est jouée cette nouvelle variation sur le thème du temps. Ici, les époques se frôlent, s’entrechoquent, se réinventent. Comme un hommage aux précédents directeurs artistiques qui ont autrefois posé leur empreinte.

D’ailleurs, cette collection Croisière 2026 s’écrit comme une partition au sein de laquelle le minimalisme et le maximalisme cohabitent dans un dialogue charnel, presque mystique. Une approche qui rappelle, en filigrane, la vision de celui qui s’apprête à reprendre le flambeau.

Les prémices de l’ère Gucci par Demna ?

Officiellement, Demna ne rejoindra les équipes de création de Gucci qu’après son dernier défilé Balenciaga. Un évènement prévu lors de la Semaine de la couture en juillet 2025. Il faudra donc attendre pour découvrir sa première collection pour la maison italienne. Un moment qui s’annonce déjà comme un des temps forts de la Fashion Week de Milan en septembre prochain.

Cependant, la tension entre flamboyance et rigueur qui émane de ce défilé Gucci Croisière 2026 n’est pas sans rappeler sa patte créative. Comme une relecture subtile de l’héritage centenaire de la maison italienne.

Une collection Croisière entre flamboyance et rigueur

Éminemment italienne, cette collection Gucci évoque la sprezzatura, cette élégance naturelle et désinvolte typique de la mode transalpine.

D’un côté, les étoffes — brocards, jacquards, velours somptueux et soies liquides — se font l’écho d’un artisanat. Tandis que les dentelles s’irisent de strass, et que les broderies frôlent l’excès avec une sensualité assumée. Le tout se confronte à des pièces nettement plus sobres. Notamment, les costumes très masculins, au style 80’s, qui s’allègent et se structurent à la fois. Ou encore les jupes crayons, parfois austères, qui jouent sur des volumes nets et des lignes droites.

Mais c’est surtout dans certaines silhouettes que semble émaner l’influence du créateur géorgien. Notamment les pantalons en velours, aussi moulants que des leggings, associés à des blouses aux épaules marquées. Des robes longueurs midi à col montant et épaulettes. Ou encore cette dissonance volontaire et maitrisée quant à certaines associations de couleurs et de matières.

De la haute joaillerie avec Pomellato

Enfin, l’héritage maroquinier de Gucci trouve un écho inattendu dans une collection de haute joaillerie co-signée avec Pomellato. Baptisée Monili — “bijoux’, en italien —, elle célèbre le savoir-faire commun de ces deux maisons italiennes.

Inspirés d’archives de la maison de joaillerie datant de 1984, le collier et la Minaudière associent cuir, or et pavés de diamants.

Tous les looks du défilé Gucci Croisière 2026