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Chanel : un premier défilé en apothéose pour Matthieu Blazy
Ce lundi 6 octobre 2025, le créateur de mode franco-belge Matthieu Blazy triomphe avec son premier défilé Chanel. Une collection qui inaugure une nouvelle ère pour la maison de la rue Cambon.
© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images.
par Léa Zetlaoui.
Publié le 7 octobre 2025. Modifié le 8 octobre 2025.


L’Univers de Chanel au Grand Palais
Ce lundi 6 octobre 2025, l’excitation est palpable sous la nef du Grand Palais. À la tombée de la nuit, le monument parisien accueille l’un des évènements les plus attendus de la Fashion Week printemps-été 2026 : le premier défilé Chanel par Matthieu Blazy. Un moment espéré avec fébrilité, d’autant qu’il vient clore une série de collections inaugurales signées par des directeurs artistiques récemment nommés à la tête de grandes maisons.
Sous la lune parisienne, l’Univers de Chanel se déploie en planètes colorées, dont les reflets dansent sur le sol noir et brillant. Une scénographie grandiose, rappelant l’ère Karl Lagerfeld, qui signe la renaissance d’une maison emblème du luxe français. “Ceci est un univers, l’Univers de Chanel. Dans ce monde où les contraintes ordinaires du temps et de l’espace ne s’appliquent pas, une conversation se déploie en trois actes.”
La nouvelle ère Matthieu Blazy
“Chanel, c’est l’amour. La naissance de la modernité dans la mode est le fruit d’une histoire d’amour. C’est ce que je trouve le plus beau. Hors du temps et de l’espace, une idée de liberté. La liberté portée et conquise par Gabrielle Chanel.” Ainsi, comme l’expliquent ces quelques mots en introduction de sa première collection, ce n’est pas la créatrice de mode qui inspire Matthieu Blazy, mais la femme qui se cache derrière.
On l’oublie trop souvent, mais Gabrielle Chanel a fait bien plus que bâtir un empire de la mode. Elle a libéré les corps des femmes, sans jamais renoncer à l’élégance. Ça sera le point de départ de ce défilé.
Nommé directeur artistique de la maison en décembre 2024, Matthieu Blazy n’a disposé que de neuf petits mois pour préparer cette collection. Certes, c’est deux fois plus que certains de ses pairs. Mais quand on parle d’une maison comme Chanel, cela semble peu.
Pour autant, les 77 silhouettes qui composent la collection printemps-été 2026 révolutionnent l’image de la maison fondée en 1910. “Par-dessus tout, l’idée de liberté, d’une nouvelle silhouette universelle et d’un mélange de styles qui dépasse les frontières ; l’héritage non pas d’une seule femme Chanel, mais de toutes les femmes Chanel,” explique le communiqué de presse.


Un souffle de modernité chez Chanel
Sans aucun doute, Chanel compte parmi les maisons les plus emblématiques et les plus codifiées de la mode. Héritage de Gabrielle Chanel, qui posa les fondations de son univers entre 1910 et 1971, cet esprit fut sublimé par Karl Lagerfeld, directeur artistique visionnaire de 1983 à 2019. Tailleurs en tweed, sacs matelassés, chaînes de cuir entrelacées, chaussures bicolores, petites robes noires, colliers de perles, logo aux deux C entrelacés : autant de codes intemporels qui incarnent un luxe synonyme d’élégance absolue et une modernité toujours renouvelée.
En réalité, si la maison de la rue Cambon n’a rien perdu de sa splendeur, l’industrie du luxe, en pleine récession depuis quelques mois, avait quant à elle, besoin de se renouveler. “Je trouve que la mode est dans un drôle d’état”, confie Matthieu Blazy au media Business of Fashion. “Elle a connu une croissance fulgurante ces dernières années, après la pandémie, et a atteint un plafond. Je pense que la mode doit désormais repenser son propre modèle, et pas seulement en matière de design. On a vu des maisons exploser, d’autres s’effondrer. Il faut entreprendre un travail en profondeur sur ce que représente la mode. Je pense que nous sommes à un stade où la mode doit réinventer son propre récit. Le luxe ne suffit plus. C’est cher et rare, alors c’est bien ? Ce n’est pas suffisant.”


Les codes Chanel, le style Blazy
Saluée par une standing ovation, cette collection inaugurale apparaît ainsi comme le remède dont l’industrie avait besoin. Formé auprès de Raf Simons (2007-2011), Maison Margiela (2011-2014), Céline (2014-2016), Calvin Klein (2016-2019) et Bottega Veneta dès 2020, avant d’en devenir le directeur artistique en 2021, le Franco-Belge se révèle davantage architecte du mouvement que simple créateur. Il conçoit le vêtement en volumes, en gestes, en portés et habille sans jamais contraindre. Ainsi, le vestiaire, tout en sensualité, légèreté et confort, qu’il imagine aujourd’hui, s’adresse résolument aux femmes de son temps.
Naturellement, si les codes Chanel sont toujours bien présents, Matthieu Blazy leur applique sa vision du sublime porté par un artisanat d’exception. Ne l’oublions pas, la maison Chanel préserve avec ses Métiers d’Art, quelques-uns des savoir-faire les plus précieux du patrimoine français.
Plus que les coupes, c’est une véritable attitude Chanel que Matthieu Blazy réinvente. Les tailleurs se parent de jupes asymétriques qui dévoilent la jambe avec audace. Les robes en soie se nouent et se drapent pour épouser les corps dans un mouvement fluide. Les silhouettes gitanes s’animent de volants sculpturaux. On remarque aussi les mailles souples, qui gagnent en nonchalance, et les tweeds, allégés ou effilochés, qui épousent naturellement le geste. Les camélias et autres fleurs emblématiques de Chanel se transforment en motifs et ornements abstraits ; les bijoux adoptent une opulence baroque ; et les iconiques chaussures bicolores conjuguent désormais hauteur et confort. Quant au 2.55, sac mythique de la maison, semble avoir traversé les décennies, comme un héritage intemporel, transmis de génération en génération.
Avec ce premier défilé, Matthieu Blazy a non seulement redonné souffle à Chanel, il a aussi rappelé que la liberté, la vraie, reste le plus précieux des luxes.
Tous les looks du défilé Chanel printemps-été 2026












































































