5 oct 2021

AZ Factory et 44 grands créateurs se rassemblent pour rendre un magnifique hommage à Alber Elbaz

Hier soir, en clôture de la Fashion Week parisienne, le monde de la mode rendait hommage à l’un de ses maestros : Alber Elbaz, grand créateur disparu en avril dernier à l’âge de 59 ans. Pour célébrer l’héritage de celui qui avait officié quatorze ans à la direction artistique de Lanvin, AZ Factory, le label de sportswear couture qu’il avait fondé en 2020, a organisé un spectacle émouvant en son honneur. En première partie, un défilé de 45 silhouettes inspirées par le style Alber Elbaz imaginées par autant de créateurs et maisons, de Dior à Louis Vuitton en passant par Jean Paul Gaultier, Balenciaga, Valentino et Balmain. Dans un second temps, l’équipe du studio AZ Factory a dévoilé à son tour une collection en hommage à son fondateur. 

Ce mardi 25 octobre, l’émotion est à son comble au Carreau du Temple à Paris. En clôture la Fashion Week parisienne, le monde de la mode rend un hommage vibrant à Alber Elbaz, disparu à l’âge de 59 ans. “Love brings love” (L’amour appelle l’amour) était son mantra. Aujourd’hui, pour célébrer le créateur qui avait l’art de sublimer toutes les femmes, quarante-quatre designers parmi les plus talentueux de notre époque ont témoigné leur admiration en créant une silhouette inspirée de son travail, avant que l’équipe d’AZ Factory, le label de couture technologique qu’il avait fondé en 2020, ne présente à son tour un défilé en hommage à sa figure de proue. Homme d’exception généreux et bienveillant, empli d’humour et d’amour, Alber Elbaz avait l’art d’embellir la vie et de toucher en plein cœur celles et ceux qu’il rencontrait. Fasciné par le Théâtre de la Mode, spectacle qui en 1945 a réuni plus de soixante créateurs pour relancer la mode française au sortir de la guerre, l’ancien directeur artistique de la maison Lanvin a toujours rêvé de recréer ce grand moment de créativité et de solidarité. Hier soir, en présence des plus grands designers de notre époque ainsi que Brigitte Macron, Demi Moore ou encore Naomi Campbell, son rêve s’est exaucé : au fur et à mesure que les silhouettes se succédaient dans une explosion de couleurs, un véritable message d’amour, de créativité et d’espoir s’est écrit.

 

Durant la première partie du spectacle, chacune des 45 silhouettes est apparue dans l’ordre alphabétique des créateurs et maisons qui en étaient les auteurs, de A à Z. Imaginé par Alber Elbaz lui-même avant sa disparition, le premier look, porté par Adut Akech, illustre naturellement sa vision : une robe noire en maille d’une sophistication extrême qui enserre le corps pour mieux le sublimer. Les quarante-quatre looks qui suivront empruntent au créateur disparu ses signes distinctifs : dessins tendres, détails ludiques, des coeurs et des nœuds, les matières brillantes ou encore le rose, sa couleur préférée… 

Pour Jean Paul Gaultier, seule une robe en forme de cœur s’imposait “tant Alber en avait”. Composée de cœurs de tailles variées et en trois dimensions, la pièce moulante envoie un message d’amour ultime. Là où Pieter Mulier chez Alaïa emprunte ce même motif pour couvrir les parties intimes dans une robe rose sensuelle et élégante, moulante et transparente, Guram Gvasalia, directeur artistique du label Vetements, parsème quant à lui de cœurs rouges un costume noir souple aux allures de pyjama, vêtement qu’Alber Elbaz affectionnait particulièrement. Inspiré par le fuchsia si cher au créateur, Demna Gvasalia le reprend pour Balenciaga sur une robe monochrome ultra volumineuse ornée d’un grand nœud et accompagnée de ses fameuses pantashoes. De même, Pierpaolo Piccioli chez Valentino fait d’une époustouflante robe rose et asymétrique tout en volants, portée par la mannequin Mariacarla Boscono, un hommage au créateur qui l’avait accueilli dans la mode à bras ouverts. Chez Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière opte pour davantage de sobriété avec une robe courte et sans manches où le fuchsia brille sur un tissu satiné parsemé de broderies noires, pendant que Rick Owens convoque le côté lumineux du créateur avec une robe monacale et son manteau à capuche déclinés dans un gazar de soir rose pâle brillant. 

 

Le théâtre et la fête ont toujours beaucoup compté pour Alber Elbaz. Ainsi, pendant que Maria Grazia Chiuri dévoile pour Dior une magnifique robe en tulle pourvue d’un bustier en forme de cœur et brodée de dessins réalisés à la main, où se lisent notamment les mots “I love you”, Daniel Roseberry pour Schiaparelli présente une création dramatique où un tissu noir se drape avec élégance autour du corps et auréole la tête, dévoilant sous la robe un bustier et un masque dorés, et Giambattista Valli propose une robe bustier en taffetas noir, dont le large ruban noué à la taille souligne le volume gonflant. Olivier Rousteing pour Balmain et Donatella Versace pour Versace célèbrent quant à eux l’esprit festif du créateur avec des mini-robes pailletées glamour tandis qu’Alessandro Michele pour Gucci propose une longue robe à bretelles et veste assortie en sequins d’un violet hypnotique, où deux cœurs recouvrent la poitrine. Mêlant fourrure noire brillante et satin vert, la mini-robe asymétrique proposée par Matthew M. Williams chez Givenchy semble tout droit sortie d’un conte de fées, là où Riccardo Tisci puise pour Burberry dans l’élégance intemporelle du style Alber Elbaz avec une robe soyeuse beige ornée d’un bijou d’épaule sensuel.

 

L’amour du créateur pour la technique est également mis à l’honneur, que cela passe par la robe verte brodée de billes présentée par Daniel Lee chez Bottega Veneta ou les plissés impeccables de la longue robe émeraude aérienne proposée par Virgil Abloh chez Off-White. Sa passion pour le scintillant transparaît également dans une mini-robe asymétrique dorée imaginée par Kim Jones pour Fendi, une courte robe noire ornée de broderies brillant de mille feux signée Sarah Burton pour Alexander McQueen, un ensemble cousu de fils dorés créé par John Galliano pour Martin Margiela et porté ici par un homme, ou encore la robe en soie lamée et plissée proposée par Stella McCartney et portée par Karen Elson.  Directeur artistique de la maison Saint Laurent, Anthony Vaccarello a quant à lui fait défiler Anja Rubik vêtue d’un costume noir et d’un gros nœud papillon rose, rappelant l’uniforme favori d’Alber Elbaz.

 

Présents dans tous les esprits ce soir-là, le visage et les mots du créateur disparu sont même apparus sur les vêtements. Tandis que Raf Simons présentait une robe droite en velours noir dont le col était recouvert de pins colorés, portant chacun une citation d’Alber Elbaz, Dries Van Noten a fait défiler un manteau long asymétrique rouge vif, sur lequel apparaît en jacquard un portrait d’Alber Elbaz réalisé par Tessilclub (son dessinateur). Chez Lanvin, Bruno Sialelli a étalé en grand son admiration pour celui qui officia pendant 14 ans à la tête de la maison française en imprimant en grand son visage sur une sublime et aérienne traîne blanche. 

 

Par la suite, c’est au tour de toute l’équipe du studio AZ Factory de rendre hommage au maestro en dévoilant 25 modèles inspirés par le sportswear couture qu’il avait amorcé l’an passé, dans la première collection du label. Les larmes aux yeux, la légendaire mannequin et actrice Amber Valletta habillée en Alber Elbaz clôturera ce défilé émouvant. Alors que le rideau tombe, sous une pluie de confettis en forme de cœur, les quarante-cinq silhouettes hommage réapparaissent ensemble dans une immense structure quadrillée, offrant à la photographie du créateur la place centrale. Une puissante démonstration signées par les plus grandes figures de la mode contemporaine, dont le travail et la présence a témoigné hier du respect pour un créateur à la générosité incomparable.