Au défilé Saint Laurent, une vision radicale du glamour

Un virage créatif au défilé Saint Laurent

Se réinventer tout en préservant son identité est un défi que chaque créateur de mode doit relever à chaque nouvelle collection. Et un pari qu’a relevé brillamment Anthony Vaccarello avec le défilé Saint Laurent hiver 2025, présenté ce mardi 11 mars 2025. Tandis qu’il clôture pour la première fois la Fashion Week de Paris, le créateur belge laisse un goût de grandiose à ce cru automne-hiver 2025-2026. En témoigne les applaudissements enthousiastes des invités lors du final.

Ces dernières semaines, la valse des directeurs artistiques secouant l’industrie rappelle que nul n’est à l’abri d’un départ forcé. Pourtant, sans l’ombre d’un doute, Anthony Vaccarello affirme sa légitimité chez Saint Laurent. Son virage créatif aussi audacieux que subtil et parfaitement maîtrisé, le hisse parmi les grands noms de la mode.

Peu bavard, Anthony Vaccarello choisit de s’exprimer à travers ses défilés, qui s’imposent comme les moments les plus marquants des Fashion Weeks. D’abord par leurs décors immersifs aux formes arrondies, créant une sensation de perfection et d’infini. Ensuite, par des bandes-son enveloppantes et percutantes, signées Sebastian.

Enfin, ses collections Saint Laurent se distinguent souvent par leur clarté, ne comptant que deux ou trois silhouettes-clés, sans aucun sac à l’horizon – un accessoire aujourd’hui incontournable dans l’univers du luxe. Une approche unique qui témoigne de la quête d’absolu d’un créateur qui élève la mode au rang d’art.

Hier soir, la scénographie en forme d’un imposant ovale d’onyx, accentuait l’impression d’un univers minéral et intemporel. Entre profondeur insondable et surfaces lisses, l’espace reflétait la dualité de la collection : austérité apparente mais complexité sous-jacente.

Une mode radicale pour l’hiver 2025

Prenant le contrepied de son précédent défilé et de ses costumes masculins, Anthony Vaccarello imagine pour l’hiver 2025 une collection glamour et minimaliste. Mais façon Saint Laurent évidemment! Ici, chaque pièce semble taillée d’un seul trait, sans fioritures inutiles. Ici, pas d’ornements superflus ni d’accumulation de textures : la coupe et la construction suffisent à donner forme et volume aux silhouettes.

Les jupes en denim délavé, portées avec des blousons en cuir, jouent sur une ambiguïté entre décontraction et rigueur. Les paletots concis, dans des teintes saturées emblématiques de la maison, insufflent une énergie graphique au vestiaire. Anthony Vaccarello travaille aussi les matières avec une approche technique inédite : tissus stretch associés à de la guipure, soie cigaline imprimée puis plongée dans le silicone, offrant ainsi une patine intrigante aux pièces.

En contraste avec l’épure des vêtements, les accessoires revendiquent un certain baroque. Les chaussures pointues s’ornent d’une rose carrée en satin, tandis que les bijoux en cristal de roche – pierre fétiche d’Yves Saint Laurent – apportent une touche mystique. Finalement, toute cette collection Saint Laurent joue sur un contraste entre une rigueur structurelle et une sensualité diffuse