3 choses à retenir du défilé Dior homme automne-hiver 2021-2022
Alors que le contexte sanitaire et les confinements successifs ont inspiré maisons et labels à proposer des collections décontractées à porter chez soi, Kim Jones – à l’instar de Virgil Abloh chez Louis Vuitton – prend le contrepied de la tendance actuelle et conçoit des silhouettes extravagantes qui fusionnent esprit haute couture et tenue de cérémonie. Le créateur anglais, qui a cette saison invité l’artiste contemporain Peter Doig, cite aussi parmi ses références l’habit vert des académiciens des beaux arts et bien sûr les archives couture de la maison Dior.
par Léa Zetlaoui.
La veste d’académicien
Pièce maitresse de cette collection, la veste d’académicien inspirée de l’habit vert – tenue portée par les membres des Beaux-Arts et plus généralement de l’Institut de France – se reconnait à son col militaire et ses riches broderies. Kim Jones la propose ici dans un drap de laine souple agrémentée de boutons recouverts. Tout au long de la collection, elle se décline dans différentes couleurs, parfois rehaussée d’écussons et d’ornements militaires, : formelle en noir à ganse blanche, élégante en bordeaux ou gris, solennelle en bleu, raffinée en blanc, ou excentrique en jaune. Si la veste d’académicien peut-être perçue comme désuète, la magie Kim Jones opère une fois de plus : retravaillée par le directeur artistique des collections homme de Dior, cet habit officiel se mue en une pièce éminemment cool et attractive.
La collaboration avec Peter Doig
Figure célèbre mais discrète de l’art contemporain, Peter Doig s’impose aujourd’hui comme l’un des peintres vivants les mieux cotés du monde. L’artiste anglais d’origine écossais se distingue par ses toiles de très grand format – qui évoque les grands espaces – aux couleurs intenses qui questionnent continuellement la place de l’être humain face à l’immensité de la nature. L’implication du peintre au sein de la collection Dior se manifeste de différentes. Le set design créé pour le défilé reproduit le tableau Speaker/Girl (2015) au sein duquel une jeune fille danse devant des enceintes géantes posées en pleine nature – une expérience sensorielle particulièrement vivifiante. Sa peinture Milky Way (1990), un paysage nocturne d’inspiration post-impressionniste, se retrouve dans les nuances de bleu utilisées, ou sur les motifs de constellation de certains manteaux. Plus généralement, la palette de couleurs saturées de la collection reprend celle du peintre. Appliqués en all over, sur des dessins ou par touche comme des coups de peinture, les bleu, jaune, orange, vert et violet apportent sérénité et exaltation. Des animaux, souvent présents dans ces toiles, s’affichent sur des pulls, des chemises ainsi que les chapeaux conçus en étroite collaboration avec Stephen Jones. Enfin, un lion – que l’on aperçoit notamment dans la toile Rain in the port of Spain (2015) – sculpté par Peter Doig devient une boucle de ceinture et des bijoux précieux.
L’influence de Dior et de la haute couture
Depuis sa première collection (printemps-été 2019), Kim Jones ne cesse de puiser dans l’héritage féminin haute couture légué par Monsieur Dior et ses successeurs pour construire ses collections. En témoigne, la première silhouette composée d’un long manteau richement brodé, ou encore les vestes à bords ouvragés – généralement portés sous des manteaux. On remarque également les boutons recouverts, issus d’une technique artisanale qui consiste à recouvrir les boutons d’un tissu identique à la pièce, présents sur les vestes d’académicien et hérités du premier modèle de tailleur Bar. Plus généralement, pour Kim Jones ces vestes d’académicien ouvragées incarne justement une pièce couture historiquement pensée pour l’homme.