Comment Erdem s’est imposé parmi les labels londoniens à suivre
Ses robes longues romantiques, d’une immense poésie, ont fait de la jeune maison Erdem, qui défile à Londres depuis 2005, un des labels à suivre.
Par Delphine Roche.
À Londres, où la jeune maison du créateur Erdem Moralioglu, Erdem, défile depuis 2005, ses collections conçues comme autant d’odes à une féminité sublimée et romanesque tranchent dans le paysage d’une Fashion Week dominée par des propositions plus étranges, plus trash ou plus arty… “Je commence chaque collection en pensant à la femme que j’ai en tête et au voyage qu’elle s’apprête à faire”, confie son créateur Erdem Moralioglu. “Parfois, je poursuis l’histoire commencée précédemment, d’autres fois, je m’embarque sur une route différente. Les matières, les imprimés et les coupes évoluent naturellement autour de cette femme que j’imagine.”
Cette femme se réinvente chaque saison en s’appropriant des codes et des détails extrêmement précis. Les vêtements du passé, les arts décoratifs, les splendeurs issues de civilisations étrangères sont une bibliothèque où le créateur puise avec art des imprimés, des techniques et des tonalités qu’il remet au goût du jour. Au fil de ses collections, avec son attrait savant pour le décoratif, il passe en revue les années 70, le x vii e siècle ou les beautés de l’Empire ottoman, tandis que ses robes cascadent en ruchés d’une folle légèreté, ou s’évasent en plis ronds, lourds et généreux.
Parmi les traits récurrents de la mode d’Erdem figurent les fleurs, du coquelicot à l’orchidée, déclinées en applications, imprimés, dentelles ou brocarts qui subliment le vêtement. “Je pense qu’avoir grandi au Canada m’a aidé à apprécier la beauté de la nature, explique-t-il. La maison de mon enfance était située prèsd’un très grand lac, superbe.” Dans ce lieu enchanteur, Erdem Moralioglu découvre très tôt son attirance pour la mode, fasciné par les rouges à lèvres et le parfum de sa mère, et par les combinaisons en soie et dentelle qui dépassent des jupes rigoureuses en tweed d’une de ses professeures.
“Parmi les traits récurrents de la mode d’Erdem figurent les fleurs, du coquelicot à l’orchidée, déclinées en applications, imprimés, dentelles ou brocarts qui subliment le vêtement.”
À Londres, au Royal College of Art, le jeune étudiant donnera libre cours à ses désirs, encouragé par les conférences dispensées par le photographe Wolfgang Tillmans ou par le designer Hussein Chalayan. S’ensuivront des stages auprès d’Alber Elbaz et de Vivienne Westwood, avant de fonder son propre label en 2005, qui conduira à la création d’une première collection achetée dans son intégralité par le grand magasin new-yorkais Barneys.
Depuis, Erdem Moralioglu a reçu une pluie de distinctions et il s’est établi dans l’Est londonien où, avec son équipe, il réalise la majorité des pièces de ses défilés. Jour après jour, leur savoir-faire extraordinaire donne vie et légitimité à ce qui, entre des mains moins expertes, pourrait tourner à la reconstitution historique pataude ou à une nouvelle version de La Petite Maison dans la prairie. “Je fais très attention à la façon dont chaque vêtement est fait, je choisis avec soin toutes nos manufactures, et, autant que possible, j’essaie de fabriquer nos pièces en Angleterre”, poursuit-il. Avec une première boutique en nom propre ouverte en 2015 dans le quartier chic de Mayfair, la femme-fleur de Erdem a désormais un univers entier à son image, un “pied-à-terre” lumineux empli, bien sûr, d’une généreuse végétation.
www.erdem.com