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Comment César Bardoux peint-il l’eau avec un ordinateur ? Réponse chez Vivienne Westwood
L’artiste français César Bardoux investissait la boutique Vivienne Westwood la semaine dernière avec ses toiles aquatiques inspirées de la réalité virtuelle et de l’alchimie des matières. Une toile monumentale est toujours visible rue Saint-Honoré.
Propos recueillis par Thibaut Wychowanok.
À l’occasion de la Journée internationale de l’eau, le 22 mars, Vivienne Westwood invitait l’artiste français César Bardoux à prendre possession de sa boutique parisienne, 175, rue Saint-Honoré, avec ses toiles grand format célébrant l’eau comme un élément fondamental de la vie. “L’eau exerce sur moi une fascination sensorielle et instinctive”, explique César Bardoux. “Je m’y sens plus connecté qu’à la terre.” Les œuvres de César Bardoux, réalisées à partir d’images 3D modélisées sur ordinateur, donnent à voir des objets aquatiques soumis à toutes formes de phénomènes physiques : gravitation, magnétisme, confrontation avec la roche… Bien que d’origine numérique, les formes sont en réalité peintes sur une toile, à la main, par l’artiste. Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2017, César Bardoux entame ses recherches sur l’eau il y a trois ans. Fasciné par la puissance symbolique de l’eau autant que par l’urgence de ses enjeux écologiques, l’artiste français déploie son travail à travers plusieurs médiums : peinture à l’huile, sculptures géométriques et dessins au graphite. Après avoir été présentées à la Collection Lambert en Avignon, à la galerie Da-End à Paris, à la FAFA Gallery d’Helsinki, ses œuvres rejoindront une exposition collective à la galerie Michel Journiac à Paris et à la galerie Capkoweit au Koweït en 2019.
Il revient dans un entretien avec Numéro art sur ses toiles fascinantes.
Numéro art : Comment réalisez-vous ces toiles qui ont des airs de photographies digitales ?
César Bardoux : Je pars d’une sphère ou d’un cube que je modifie via un logiciel. Je déforme, j’assouplis, j’étire… Ma pratique est très sculpturale. D’ailleurs, il m’arrivait auparavant de réaliser d’abord une sculpture que je prenais en photo et que je modélisais en 3 dimensions par la suite. Il était plus facile pour moi au début de partir de modèles existants. Aujourd’hui je maîtrise mieux les logiciels, je peux créer directement avec eux. Une fois l’image de synthèse terminée, la peindre sur toile peut nécessiter de 3 semaines à un mois.
Le thème de l’eau a-t-il toujours été dominant dans votre travail ?
J’ai commencé mes travaux à partir de cartes topographiques disponibles sur Internet : des cartes du parc de Yosémite en Californie, ou du Mont-Blanc. Je les modélisais en 3 dimensions et je jouais avec. J’en suis naturellement venu à m’intéresser à la roche, puis à l’interaction de l’eau avec la roche. En isolant l’eau, j’ai pu travailler à partir d’une nouvelle palette de couleurs, le bleu et le blanc, avec des teintes plus froides, des contrastes entre des tons clairs ou saturés. Plus généralement, les éléments m’intéressent depuis longtemps. J’engage désormais une réflexion autour du feu…
Vous utilisez la technique traditionnelle de la peinture à l’huile. Pourtant, vos toiles sont marquées par l’imagerie numérique…
Le rapport au digital est très fort dans ma peinture. Je ne cherche pas du tout à m’affranchir de l’image digitale. Peindre une image d’origine digitale est peut-être même une manière de me confronter à la machine, de chercher à m’en rapprocher, peut-être par orgueil. Et puis je fais partie d’une génération qui a rapport ambigu au numérique, entre fascination et défiance. Et j’utilise également la technique de la peinture à l’huile, très capricieuse, qui exige un travail par couches et strates, beaucoup moins immédiat. Deux temporalités se confrontent dans mon travail.
Peut-on parler d’œuvre hyper-réaliste ?
Plutôt d'œuvre hyper-virtuelle ! L’hyperréalisme est presque un sport, que je n’aime pas. Une performance de la peinture qui essaie d’être au plus près de l’illusion du réel. Tu singes la réalité sans comprendre vraiment ce que tu fais. Tout est peint de la même manière, un peu plate.
Quelles sont vos influences ?
Les années 90, les univers cyberpunk, la science-fiction et les films apocalyptiques !