Arno Fischer et la photographie de mode d’Allemagne de l’Est
Jusqu’au 13 juillet les photographies de mode d'Arno Fischer pour le magazine Sybille s’exposent à la Galerie Berinson de Berlin.
Par La rédaction.
C’est une époque où le rideau de fer scinde encore l’Allemagne en deux et où un mur défigure Berlin. Une époque où le régime communiste et ses restrictions régissent la vie quotidienne, mais où, malgré tout, subsistent quelques espaces de liberté. Lancé en 1956, le magazine de mode Sybille, est un de ceux là. Souvent considéré comme le Vogue de la RDA, Sybille est sans conteste le magazine le plus libre et le plus créatif d’Allemagne de l’Est. Et les photos d’Arno Fischer y sont pour beaucoup.
“Souvent nous vendions du rêve, probablement parce que nous rêvions nous même.”
Jusqu’au 13 juillet la Galerie Berinson de Berlin expose le travail du photographe pour le bimestriel qui l’embauche en 1962. Intitulée “Selling Dreams”, l’exposition met en lumière une soixantaine de tirages publiés entre le début des années 60 et la fin des années 70. Au détour d’une rue, lors d’une balade ou sur un toit terrasse, Arno Fischer saisi des scènes de vie. Les modèles, souvent de jeunes étudiantes, se baladent dans la rue ou discutent devant une fontaine. Comme si le photographe immortalisait n’importe quelle jeune fille de son époque, au hasard. Et c’est précisément là que réside son génie. Dans cette apparente facilité a capter ce qu’on a appelé “l’instant décisif” dans les oeuvres d’Henri Cartier-Bresson.
Sur d’autres tirages, la mise en scène transparait davantage. La composition est plus travaillée. L’angle plus réfléchi. Sur l’un d’entre eux on aperçoit deux femmes. La première, au premier plan dans la moitié droite de la photo fait écho à la seconde, placée dans l’autre moitié en arrière plan. Dans cette retranscription de la vie de l’Est Berlinois, se lit l’influence de la photographie de voyage, du documentaire et du photojournalisme qu’affectionne Arno Fischer et pour lequel il est récompensé par le prix Erich-Salomon en 2000. La photographie de mode d’Arno Fischer témoigne d’une époque. Celle où, sous un régime autoritaire, le genre était plus que jamais vecteur de rêve. “Souvent nous vendions du rêve, probablement parce que nous rêvions nous même.” résume le photographe, décédé à 84 ans en 2011.
Arno Fischer, Selling Dreams, fashion photography for Sibylle, jusqu'au 13 juillet à la Galerie Berinson, Schlüterstraße 28 D-10629 Berlin