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L’histoire fabuleuse de Fendi, incarnée par Lara Stone
Fondée en 1925, la prestigieuse maison italienne Fendi s’érige aujourd’hui parmi les fleurons du groupe LVMH. En février dernier, l’illustre directrice artistique Silvia Venturini Fendi célébrait avec brio le centenaire de l’institution à Milan, avec un défilé flamboyant, incarné dans nos pages par le top model Lara Stone.
Par Delphine Roche,
Photographie par Matt Easton.


Manteau en cuir et bottes, Fendi.
Fendi : un riche héritage et un avant-goût du futur
Les noms des maisons de luxe sont des sésames, des mots magiques capables d’ouvrir des mondes, de déverrouiller des imaginaires. Celui de Fendi est aujourd’hui si parfaitement inscrit dans le panthéon de la mode que ceux qui visitent les boutiques de la marque comme des temples, ou qui suivent religieusement son compte Instagram, ignorent probablement tout de l’histoire fabuleuse qui parvient jusqu’à eux.
Ce nom lui-même – parfois réduit à un sigle inventé par l’iconique Karl Lagerfeld, deux “F” entrecroisés tête-bêche signifiant “Fun Furs” – s’assortit dans l’identité visuelle d’un autre mot magique, générateur de rêves : “Roma”. Née à Rome il y a très exactement un siècle, l’illustre maison Fendi évoque en effet une certaine notion d’éternité plus que de longévité. Comme la capitale italienne, elle possède l’art de juxtaposer des époques radicalement différentes. Un riche héritage et un avant-goût du futur, pour concocter, comme par magie, la substance du contemporain.


Une transmission matrilinéaire
Il y a, tout d’abord, cette transmission matrilinéaire. Depuis Adele Casagrande, qui cofondait la maison en 1925 avec son mari Edoardo Fendi, quatre générations de femmes Fendi se sont succédé en son sein. Parmi leurs nombreux talents réside celui de nouer des alliances. Avec Karl Lagerfeld, qui signera la direction artistique des collections féminines de 1965 à 2019 (la plus longue collaboration de l’histoire de la mode).
Avec le groupe LVMH qui rachète la maison en 2000. Après les cinq sœurs Paola, Anna, Franca, Carla et Alda, qui prennent la direction de l’entreprise familiale en 1946, Silvia Venturini Fendi – ancienne directrice artistique des accessoires femme et des collections homme, à laquelle Maria Grazia Chiuri succède aujourd’hui – imposera son talent à coups de hits imparables tels que le sac Baguette, créé en 1997, ou le Peekaboo, en 2008. Devenu un objet culte, le Baguette reste ainsi aujourd’hui infiniment désirable.

Les sœurs Fendi
S’ancrer dans Rome, c’est faire corps avec l’âme de la ville. Épouser ses pierres anciennes, se faufiler dans le flux organique qui circule entre les fantômes du passé et les monstres sacrés du présent, entre les génies d’hier et ceux d’aujourd’hui…
Amies, entre autres, de Federico Fellini, les sœurs Fendi ont ainsi participé à l’essor de Cinecittà en habillant les stars de leurs créations. Notamment Silvana Mangano dans Violence et Passion, un des derniers films du maestro Luchino Visconti. Les réalisateurs Wes Anderson, Luca Guadagnino et Martin Scorsese prendront la suite des maîtres italiens, collaborant, eux aussi, avec la maison.


Passeur de mythes et d’histoires depuis 100 ans
À l’instar du cinéma, Fendi est un passeur de mythes et d’histoires. Mécène de la restauration des légendaires fontaines romaines, ou encore de la galerie Borghese, la marque établit en 2016 ses quartiers généraux dans un bâtiment spectaculaire, le Palais de la civilisation italienne. Elle insuffle alors une nouvelle dynamique au quartier romain de l’EUR, jusqu’alors délaissé. De la Ville éternelle au monde, il n’y a qu’un pas. Comme le confirment les défilés Fendi organisés aussi bien sur la Grande Muraille de Chine, en 2007, qu’à la fontaine de Trevi en 2016.
En février dernier à Milan, Fendi célébrait son centième anniversaire avec un défilé pensé comme une évocation poétique de sa riche histoire : “Je ne voulais pas passer trop de temps sur les pièces d’archives”, explique Silvia Venturini Fendi, représentante de la troisième génération de femmes à la tête de l’institution, qui a signé cette collection événement. “Pour moi, ce défilé parle davantage de mes souvenirs personnels – réels ou imaginaires –, de ce que la maison Fendi a été, et de ce qu’elle est aujourd’hui.”
Réalisation par Anna Castan. Coiffure : Cyril Laloue avec les produits Oribe chez Wise&Talented. Maquillage : Marion Robine avec les produits (M)anasi 7 chez Calliste Agency. Assistants photographe : Harry Burner et Fayçal Dimeglio. Assistant réalisation : Barnabé White. Manucure : Jessica Malige. Retouche : La Machine. Production : Paula Landaluze chez Black Sand Studio.