2 déc 2025

Alice Vaillant raconte les dessous de sa collaboration avec Chantelle X

Dévoilée en septembre dernier à l’occasion du défilé Vaillant printemps-été 2026, la collaboration entre Alice Vaillant et la maison de lingerie française Chantelle apporte une touche sensuelle à notre hiver.

  • par Léa Zetlaoui.

  • En quelques années, c’est avec discrétion mais assurance que Chantelle a opéré son retour sur le devant de la scène. Fondée en 1876, cette maison familiale demeure aujourd’hui la plus ancienne marque de lingerie française encore en activité. Sous l’œil avisé de Renaud Cambuzat, son directeur créatif depuis 2017, Chantelle a su renouer avec les nouvelles générations et réaffirmer la modernité de son héritage.

    Outre la création de nouvelles marques Chantelle, c’est en collaborant avec des marques de mode émergentes que la maison de lingerie se réinvente. Après une collection inclusive avec Ester Manas en 2024, Chantelle s’est tournée cette année vers Alice Vaillant. Il faut dire qu’en à peine quatre ans, la créatrice parisienne a su fédérer une communauté adepte de ses collections inspirées par l’univers de la danse. Un monde qui n’a aucun secret pour celle qui a débuté dans ce milieu avant de se tourner vers la mode. Et cette collaboration Vaillant x Chantelle X était l’occasion rêvée pour Numéro de rencontrer Alice Vaillant.

    La lingerie Chantelle X vue par Alice Vaillant

    Numéro : Qu’est-ce que représente la lingerie pour vous ?
    Alice Vaillant : Dans ma marque, je déconstruis souvent la lingerie : c’est même par là que j’ai commencé, il y a cinq ans, en retravaillant un stock de nuisettes chinées. La lingerie m’inspire énormément, même si je n’en porte pas tant que ça en dessous. Ce qui m’intéresse, c’est de la porter au-dessus, de l’assumer comme un vêtement.

    Votre passé de danseuse a-t-il influencé ce rapport à la lingerie ?
    Oui, complètement. J’ai grandi dans les justaucorps en jersey, dans un rapport très direct au corps et au mouvement. J’avais besoin d’être à l’aise, et c’est resté. Quand mon corps a commencé à changer à l’adolescence, j’ai dû porter des soutiens-gorge sous les justaucorps. Ce n’était pas agréable et tout le monde voyait la transformation, contrairement à une adolescence “normale” où on peut se cacher sous ses vêtements. Cette période m’a permis de poser un regard très bienveillant sur le corps.

    Une rencontre comme une évidence

    Comment est née la collection avec Chantelle X ?
    J’avais envie depuis longtemps de travailler avec une marque de lingerie. Chantelle faisait des choses très cool ces derniers temps. Donc quand Renaud (Cambuzat, ndlr.) m’a contactée, ça a fonctionné immédiatement. Comme j’avais une vision très précise, donc tout est allé vite.

    La collaboration a-t-elle influencé votre collection ?
    Elle s’y est intégrée naturellement. La collection était déjà dessinée à 60 %. On a donc choisi des couleurs, des broderies et des dentelles qui dialoguaient avec elle. L’inspiration mêle Old Hollywood et un esprit sport fifties.

    Qu’est-ce que vous a appris ce travail avec les équipes Chantelle ?
    Visiter leurs usines a été passionnant. J’ai appris énormément sur la construction des soutiens-gorge, les tailles, les techniques… C’était très instructif pour le travail que l’on fait chez Vaillant. On a réalisé de nombreux prototypes pour obtenir des pièces vraiment bien coupées et confortables.

    Une pièce préférée ?
    La combi-short. On peut la porter chez soi ou dehors en été. Elle a un côté sportif que j’adore.

    Les motifs floraux, notamment sur le body, semblent très complexes à placer…
    Oui, on a multiplié les prototypes. Les motifs sont positionnés pour couvrir le téton, mais toutes les poitrines sont différentes. On a donc essayé la pièce sur beaucoup de femmes. Mais c’est impossible que la pièce s’adapte à tous les corps.

    La danse inspire l’univers Vaillant

    Pour votre défilé printemps-été 2026, vous évoquez un mélange entre l’héritage de la danse classique et celui du sport.
    Ce contraste m’inspire depuis mes débuts. Comme les costumes brodés et très “tutu” d’un côté, les matières techniques des danseurs de l’avant-scène de l’autre. Comme le défilé avait lieu à l’Opéra Bastille, je voulais travailler autour des groupes de danseurs. C’est sans doute ma collection la plus proche de mon univers de danseuse.

    Beaucoup ont découvert seulement maintenant que vous aviez été danseuse…
    Oui, alors que c’est présent dans mon travail depuis toujours ! Mais parfois, les gens ne font pas le lien. Ce défilé m’a permis de poser clairement les bases de mon langage. Ça m’a libérée, j’ai envie d’être beaucoup plus explicite sur les codes de la marque.

    Comment envisagez-vous la suite ?
    Je veux clarifier encore davantage l’ADN de Vaillant qui comprend l’architecture moderne, Paris, la danse… Le dernier défilé racontait la danseuse à l’Opéra et le prochain racontera ce qu’il y a avant, la préparation, la construction.

    Une marque française qui plait aux célébrités

    Comment s’est passée votre collaboration avec Aya Nakamura pour une de ses apparitions ?
    C’était incroyable. Aya porte la marque depuis trois ans, mais on ne s’était jamais rencontrées. On m’a appelée au dernier moment, j’ai eu trois ou quatre jours pour faire la pièce sur-mesure. C’était intense, mais magique.

    Ce type de visibilité change-t-il quelque chose pour une jeune marque ?
    Oui, clairement. Ces derniers temps, plusieurs personnes connues ont porté la marque, et on ressent l’impact. Les réseaux sociaux et certaines silhouettes créent un vrai écho.

    Vous avez aussi habillé Juliette Binoche et Monia Chokri…
    Oui ! C’était génial, elles sont arrivées en photocall avec le même blouson Vaillant, dans deux couleurs différentes. Et sans se concerter. On a même une photo des deux ensembles. C’était un moment très fort.

    La collection Vaillant x Chantelle X est disponible dans les boutiques Chantelle et sur chantelle.com