1 mar 2017

Les chaussures architecturées d’Alain Tondowski

Après avoir fait ses armes chez Christian Dior chaussures et Nina Ricci, Alain Tondowski re-lance sa marque éponyme en 2014 avec l’envie de sublimer la chaussure, entre stilettos minimalistes en cuir vernis et mules à la coupe architecturale. Rencontre.

Numéro : Pourquoi avoir choisi le film “In the Mood for Love” du réalisateur chinois Won Kar-wai comme principale inspiration pour la collection printemps-été 2017 ?

Alain Tondowski : L'hyper sophistication très rigoureuse de l'image et des tenues des personnages du film m'ont donné l'envie de mettre sur des structures de chaussures architecturées des empeignes aux tons clairs-obscurs, des tissus qui m'ont tout de suite évoqué ceux des robes du personnage principal du film avec des détails à peine perceptibles mais qui soulignent des courbes, des couleurs, des matières… Pour des mules fermées ou ouvertes qui donnent une démarche tout à la fois nonchalante et très contrôlée… J'aime ces doubles lectures.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le modèle phare de la saison, le talon “Blondie”, modèle signature de la maison ? Et quand est-il de la nouvelle coupe à l’inspiration japonisante “Kyoto” ?

Le talon “Blondie” est le talon iconique de la marque, à la fois sexy et très portable (6 cm). Il joue la transparence colorée et se décline sur des sandales et entre-doigts… évidente assimilation aux années 50 mais traité de façon hybride comme ces bottes à entre-doigts. La structure "Kyoto" est elle aussi inspirée de l'extrême orient : sur un haut soque en bois teinté ou vernis se posent des sandales à entre-doigts (focus de la saison) à la fois urbaines et au possible porter "soir" … J'avais envie d'un piédestal qui ne soit pas pas un stiletto mais bel et bien un emprunt à la culture des femmes de séduction de la Chine et surtout du Japon.

Alain Tondowski – Collection printemps-été 2017

Comment décririez-vous l’ADN Alain Tundowski ?

L'ADN de la marque c'est avant tout un travail d'epure et de grande complexité technique des structures des chaussures… Des arrêtes, des courbes géométriques et architecturées .. C'est un travail de lignes et de volumes, de formes et de talons. Après, un simple décolleté, une bottine seconde peau.

La collection automne-hiver 2016-2017 incarne toute ce qui fait la force de votre maison, entre influence retro et travail du cuir. Pourquoi l’avoir intitulée  “Electro Shoes” ?

J'avais dans la tête le film "Tron" quand j'ai dessiné cette collection : circuits électriques, musiques électroniques, m'ont inspiré des détails de métal, de reflets de lumières, d'attitudes électriques comme convulsées par des stroboscopes.

L’influence des années 70 et 80 se ressent dans vos derniers modèles de mules et stilletos. Etait-ce encore le cas pour cette collection ? Avez-vous été inspiré par une esthétique particulière ou des matières propres à ces décennies ?

Le Studio 54, les clichés d'Helmut Newton de cette époque, le glamour à la fois fétiche et festif, l'atmosphère électrique des night-clubs, la grande époque du clubbing. Le cuir vernis, lisse ou ciselé comme une disco ball se sont imposés à moi.

 

Avec le talon “Jerry”, vous rendez hommage à l’iconique Jerry Hall. Qu’est ce cette personnalité représente pour vous ? Pourquoi une telle fascination ?

Jerry Hall est ma muse depuis mon enfance. Depuis notre première télévision en couleurs à la maison quand j'étais enfant, les premiers clips vidéo avec ce jeu de spots de couleurs m'ont fasciné, ce  même glam'rock  personnifié par Jerry Hall si singulière avec ce porter de cou si aristocratique, si provocant.  Je voulais chausser les pieds de Jerry Hall qu'elle aurait pu porter à la fin des années 70, qu'elle pourrait porter aujourd'hui.

 

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