9 juin 2022

À Paris Saint Laurent expose ses créations vues par Harry Gruyaert dans un aéroport

Pour le 7e chapitre du projet Self, Anthony Vaccarello invite six photographes de la mythique agence de photojournalisme Magnum à réinterpréter l’univers Saint Laurent, au sein de six expositions simultanées à Paris, Londres, New York, Séoul, Shanghai, et Tokyo. À Paris, c’est le célèbre photographe Harry Gruyaert qui porte son regard sur la collection été 2022, dans des images en accès libre pour le grand public, dans les jardins du Palais Royal, du 9 au 12 juin.

J’ai toujours été fasciné par les aéroports (…) les jeux de lumière, de transparence et de reflets, les effets de superpositions qui créent une perte de repères et donnent cette impression très forte d’être entre deux mondes,” confie Harry Gruyaert, invité par Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, à réinterpréter l’univers de la maison. Comme décor insolite pour sublimer la collection été 2022, le photographe belge a choisi l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle comme, où il met en scène les silhouettes dans des compositions picturales et graphiques impactantes. Raquette et body couture dans la salle d’attente, mannequin en combinaison sur le Tarmac… ses photographies sont exposés, quatre jours durant, dans un espace éphémère à Paris.

Cette exposition parisienne s’inscrit dans la cadre plus large du projet Self, initié par Anthony Vaccarello qui donne carte blanche à des artistes pour réinterpréter les codes et l’univers de la griffe. Après les photographies de Daido Moriyama et de Vanessa Beecroft, et les vidéos de Bret Easton Ellis, Gaspar Noé, ou encore le documentaire d’Abel Ferrara, Sportin Life sélectionné il y a deux ans au festival du Film de Venise, le septième chapitre de ce projet s’ouvre sur six photographes de l’agence historique Magnum, fondée en 1947 et qui ouvrait il y a peu sa nouvelle galerie parisienne. Pour Self 07, Anthony Vaccarello invite les photographes Alex Webb de New York, Olivia Arthur de Londres, Takashi Homma de Tokyo, Daesung Lee de Séoul, Birdhead de Shanghai et, bien sûr, Harry Gruyaert, à célébrer dans un même mouvement international, la mode et la photographie.

À Paris, le photographe de 80 ans jette un regard pictural sur la collection été 2022 de Saint Laurent dont les vêtements flashy entrent en contraste et en résonnance avec les codes signalétiques de l’aéroport, lieu qui l’obsède depuis son dernier livre, Last Call. Héritier de la tradition américaine incarnée entre autres par Saul Leiter ou William Eggleston et très influencé par le cinéma, Harry Gruyaert s’est distingué par son approche intimiste et vibrante de la couleur dont il découvre le pouvoir auprès du Pop Art, durant un voyage à New York en 1968 avant d’intégrer l’agence Magnum 13 ans plus tard. Sa perception radicalement graphique du monde chasse ici le traditionnel noir d’Anthony Vaccarello pour sublimer des ensembles flashy et moulants qui dialoguent avec l’apparente monotonie d’un aéroport. Du rouge dense au bleu étincelant, il impose sa palette très personnelle et joue des contrastes chromatiques et des superpositions de plans pour capturer les pièces colorées de la collection été 2022, inspirée par l’allure de Paloma Picasso. Les couleurs vibrantes des pièces jouent avec celles de la signalétique de l’aéroport, comme les bandes blanches et bleus des passages de circulations dans une esthétique léchée et décalée chère au photographe. Combinaisons vermillon et body bleu roi dialoguent alors la signalétique de l’aéroport, les sièges rouge sang de la salle d’attente et les rayures bleu et blanche du Tarmac dans des composition à l’esthétique léchée et impactante chère au photographe. Pour Numéro, il a répondu à quelques questions …

Numéro : Tout au long de votre carrière, quelle a été votre relation avec la mode et les créateurs ?

Harry Gruyaert : Très jeune, j’achetais des magazines comme Harper’s Bazaar et Vogue. J’admirais le travail de  Richard Avedon, Irving Penn ou Stephen Klein. En fait, j’ai commencé dans la mode dans les années 60 en travaillant pour le magazine Elle. Je n’ai pas poursuivi cette carrière parce que plus que les vêtements et la mode c’étaient les lieux qui m’intéressaient. Après, fait quelques sujets occasionnellement, pour Vogue et Glamour. Puis plus tard, en 2015, une campagne pour Hermès. 

 

 

Vous décrivez la photographie comme une expérience physique, un état d’excitation ; quelle sensation vous a procuré le projet Self 07 de Saint Laurent ?

Pour moi, c’est toujours compliqué de collaborer avec de grosses équipes. Je travaille seul habituellement. Mais j’ai eu la chance d’avoir eu Kaduri Elyashar comme styliste :  il a apporté beaucoup d’idées qui ont donné une vraie énergie à ces séances de shooting.

 

 

Comment avez-vous intégré les collections d’Anthony Vaccarello dans votre univers photographique ?

Je me suis aperçu que ses vêtements étaient souvent noirs. Mais pour les photos que j’imaginais à l’aéroport de Roissy, j’ai demandé des vêtements plus flashs pour créer un contraste avec le lieu. 

 

 

Pour ce projet, vous avez choisi un aéroport, sujet de votre livre Last Call. Pourquoi avoir-fait résonner cet espace avec la mode d’Anthony Vaccarello ?

J’ai toujours été fasciné par les aéroports. Ce sont des non-lieux, des lieux de passages, d’attente et j’ai pensé que ce serait un bon environnement pour présenter les vêtements. L’architecture, avec ses reflets, ses transparences, sa signalétique, offre beaucoup de possibilités.

 

Avez-vous une anecdote particulière à nous confier sur l’une de ces photographies ?

J’espérais avoir du soleil, mais cela n’a pas toujours été le cas. Et finalement, la pluie m’a permis de faire des images plus intéressantes, plus dramatiques sur le Tarmac de l’aéroport.

 

 

 

Self 07, la collection été 2022 d’Anthony Vaccarello par Harry Gruyaert, du 9 au 12 juin, au 43 rue de Valois, à Paris.