Les meilleures adresses à Kyoto, ville de tradition et de mouvements
Kyoto, ville-musée à la beauté préservée, Numéro en révèle une vitalité contemporaine où l’hospitalité, l’art et la gastronomie se réinventent avec subtilité.
par Anna Prudhomme.
Kyoto, ville-musée japonaise
Kyoto, ancienne capitale impériale, incarne l’élégance du Japon traditionnel. Ses rues paisibles serpentent entre d’innombrables canaux, bordés de cerisiers dont les pétales effleurent l’eau au printemps. Sanctuaires shinto et temples bouddhistes ponctuent la ville, en en faisant le cœur spirituel du pays. Mais derrière cette image de carte postale se déploie une scène contemporaine vibrante. De Kyotographie, le festival international de photographie qui investit les lieux les plus inattendus, aux ryokans revisités en hôtels de luxe, en passant par les bars cachés derrière des façades anodines, Kyoto cultive les contrastes. Numéro vous propose son guide des meilleures adresses pour votre futur voyage à Kyoto.
Kanamean Nishitomiya : l’héritage au cœur de l’hospitalité Japonaise
Composé de seulement huit chambres entourant un jardin japonais délicatement paysagé, l’élégant hôtel Kanamean Nishitomiya célèbre l’architecture de bois et de papier si caractéristique de Kyoto. Le nom Kaname, signifiant à la fois “pivot” et “élément clé”, fait écho à la tradition de fabrication d’éventails du quartier où il se situe — un hommage à l’histoire artisanale de la ville.
Tatamis, futons, mobilier en bambou et précieuses céramiques… chaque détail invite à la quiétude. Les salles de bain sont à l’image des sento japonais, traditionnels bains publics où l’on se douche et se savonne assis avant d’entrer dans un grand bassin d’eau brûlante.
Depuis 1873, Kanamean Nishitomiya perpétue l’esprit de l’Onko Chishin — “s’inspirer du passé pour façonner l’avenir”. Une philosophie qui se ressent dans l’hospitalité chaleureuse de Kazuo et Kyoko Nishida, cinquième génération de propriétaires (honorés par le Michelin Service Award 2024), comme dans l’expérience gastronomique proposée.
Avant chaque repas, les hôtes sont invités à découvrir les ingrédients du jour en cuisine. L’hôtel est également membre de Relais & Châteaux, association internationale qui rassemble des établissements incarnant l’art de vivre à travers le monde. Cette attention sincère portée aux détails — et à chaque invité — fait de Kanamean Nishitomiya une adresse précieuse pour quiconque souhaite vivre Kyoto dans son essence raffinée authentique.
L’hôtel Kanamean Nishitomiya, 562 Honeyanocho, Nakagyo Ward, Kyoto, 604-8064, Japon.
Awomb Karasuma : l’art du sushi, version DIY
Le restaurant Awomb Karasuma Honten propose une expérience de sushi à la fois originale et ludique. Le principe : composer soi-même ses sushi à partir d’un assortiment d’une cinquantaine d’ingrédients de saison. Légumes, obanzai (mets traditionnels de Kyoto), condiments, viandes ou poissons : chaque bouchée devient un jeu d’assemblage.
Pour les curieux ou les hésitants, un QR code disposé sur chaque table permet de découvrir la composition précise du plateau du jour — à consulter ou non, selon l’envie de se laisser surprendre. Ces plateaux colorés s’inspirent d’une tradition japonaise simple et conviviale, celle d’improviser un repas élégant lorsqu’on reçoit des invités à la maison.
Installé dans une maison traditionnelle kyotoïte, le lieu mêle fondations en bois et mobilier brutaliste, créant un cadre de degustation paisible. Le plus : en dessert, une glace de riz aérienne, immergée dans une sauce au sésame noir.
Awomb Karasuma, 189 Ubayanagi-cho, Nakagyo-ku, Kyoto 604-8213.
Kyotographie : la photographie en immersion
Kyotographie est l’un des rares festivals internationaux de photographie au Japon, et sans doute le plus singulier. Créé en 2013, il se tient chaque printemps à Kyoto, offrant une plateforme de dialogue entre les cultures à travers des expositions d’artistes japonais et internationaux. Le charme de ce festival, qui se déroule chaque année de mi-avril à mi-mai, réside aussi dans les lieux qu’il investit à travers la ville.
Chaque exposition est pensée en lien étroit avec son espace d’accueil — qu’il s’agisse de maisons en bois traditionnelles, de temples séculaires, de galeries contemporaines ou de bâtiments patrimoniaux rarement ouverts au public. Cette scénographie in situ transforme la visite en une exploration immersive où le dialogue entre photographie et architecture donne une nouvelle profondeur aux œuvres.
En 2025, Kyotographie explore la notion d’humanité à travers une programmation articulée autour de perspectives croisées entre traditions occidentales et japonaises. Parmi les artistes exposés cette année figurent des noms majeurs comme l’Américain Martin Parr, la Mexicaine Graciela Iturbide, ou l’Indienne Pushpamala N, ainsi que de nombreux talents émergents tels que l’artiste ivoirienne féministe Ky Laetitia ou le photographe palestinien Adam Rouhana.
De la gare de Kyoto — ornée pour l’occasion d’une fresque de l’artiste parisien JR — aux temples ancestraux, le festival investit les lieux emblématiques de la ville. Chaque exposition incarne un fragment de cette humanité plurielle, dans un moment collectif de réflexion et de photographie.
Kyotographie, 670-10 Shokokujimonzen-cho, Kamigyo-ku, Kyoto, 602-0898, Japan.

Nine Tail Bar : un speakeasy de spiritueux et de velours
Derrière une porte en bois sans enseigne, au cœur de l’hôtel Six Senses, se trouve un bar à cocktails dont l’esthétique évoque une échoppe d’apothicaire réinventée. Plus de cent spiritueux japonais, y servent de base à des créations façonnées par des bartenders inspirés. Sirops maison, sodas artisanaux et cordiaux élaborés à partir d’ingrédients locaux et de saison nourrissent la mixologie du Nine Tail Bar.
Dans le salon feutré habillé de murs en cèdre brûlé, les canapés en velours rouge font face à des tables basses sculpturales. La lumière, discrètement intégrée au mobilier, enveloppe l’espace d’une douce pénombre. Cocktails twistés à la japonaise ou mocktails raffinés peuvent aussi se déguster en extérieur, sur la terrasse- jardin. Autour d’un îlot végétal planté d’arbres matures et de mousses verdoyante, s’arrange une constellation de petites tables en bois.
Par un jeu de niveaux, les textures et ombres s’entrelacent au gré de la végétation. Au printemps, les saveurs saisonnières des fleurs de cerisiers s’invitent dans les créations du bar, apportant une touche poétique à l’expérience de ce speakeasy japonais.
Le Nine Tail Bar au Six Senses. 431 Myōhōin Maekawachō, Higashiyama Ward, Kyoto, 605-0932 Japan.