Pourquoi il faut aller voir les répétitions de la chorégraphe Sharon Eyal au Palais de Tokyo
Nouveau programme dédié à la performance au Palais de Tokyo, “Symbiosis” propose des résidences d’une année entière, ponctuées de temps de restitution face au public. À l’inverse du format figé du spectacle, il prévoit de libérer et faire circuler les énergies performatives à travers des formats plus ou moins fragiles. Parmi ceux-ci figure la répétition publique – une fenêtre ouverte sur le travail du chorégraphe ou de l’artiste invité. En 2025, c’est la Sharon Eyal Dance Company que l’on pourra découvrir.
par Delphine Roche.
Publié le 24 juin 2025. Modifié le 25 juin 2025.
Des répétitions publiques immersives
Inaugurant ce nouveau programme depuis le 1er janvier, et jusqu’à la fin de l’année 2025, la Sharon Eyal Dance Company prépare dans ce cadre sa nouvelle création Delay the Sadness et livre notamment un aperçu de son travail en cours lors de répétitions publiques… Dépouillé de ses costumes, de son travail de lumière et de sa scénographie, un rapport plus intime s’y noue ainsi entre spectateurs et danseurs.
Pour la session organisée à la fin juin, dans le vaste espace de la Rotonde du Palais de Tokyo, la troupe de danse recréait des extraits de sa pièce R.O.S.E., présentée en 2024 dans un night-club de Manchester ou au mythique Sadler’s Well, à Londres.
L’énergie intense et électrique du clubbing, qui participe depuis toujours de son langage gestuel aux accents avant-gardistes irrigués par la puissance de l’underground – la compagnie est en effet née de la rencontre de la chorégraphe israélienne Sharon Eyal et de Gai Behar, producteur de la scène nocturne de Tel Aviv –, trouvait dans R.O.S.E. sa pleine expression, alors que les danseurs évoluaient au milieu du public.
La Sharon Eyal Dance Company envahit la Rotonde du Palais de Tokyo
Dans la mise en scène dépouillée de cette répétition publique, au sein l’espace nu de la Rotonde du Palais de Tokyo, les interprètes de la compagnie, guidés par les instructions de Sharon Eyal au micro, n’en paraissaient que plus fascinants.
Entre vulnérabilité et puissance électrique, leurs corps étaient portés par la musique répétitive et hypnotique. Agités de tensions internes, ou lancés dans de grands mouvements saccadés ou déliés, ils faisaient circuler avec une présence inouïe la charge émotionnelle et énergique de la pièce.
Le langage de la S.E.D. Sharon Eyal Dance Company y apparaissait dans toute la lumière crue de sa force paradoxale. Indissociable de son incarnation définissant un au-delà des genres, proche de la transe ou de l’envoûtement.
Sur le même principe, Sharon Eyal dévoilait ainsi des phrasés déjà développés de la création à venir, Delay the Sadness et entraînait un public nombreux, avide et déjà conquis, dans une impatience qui ne trouvera sa résolution qu’au mois de novembre 2025…
Programme “Symbiosis”, avec la Sharon Eyal Dance (S-E-D) company, jusqu’au 4 décembre 2025 au Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e.