23
23
Comment les jouets ont envahi la pop culture
Labubu, Barbie, Bratz, Sonny Angel… En quelques mois, les jouets ont envahi la mode et la pop culture. Tour d’horizon d’un phénomène qui transforme les adultes en grands enfants.
par Violaine Schütz,
et Jordan Bako.
Publié le 23 septembre 2025. Modifié le 26 septembre 2025.
Des films inspirés par des jouets d’enfance
Et si les films sur les jouets remplaçaient les biopics sur des célébrités ? Trente ans après le film Toy Story, pionnier en la matière, on devrait en effet avoir droit dans les mois et les années qui suivent à de nombreux longs-métrages inspirés par les poupées Polly Pocket et Bratz, Hot Wheels, My Little Pony (en live action) et Monopoly. De quoi ravir les grands comme les enfants.
Avant ça, sont sortis dans les salles obscures les longs-métrages Piece by Piece (2024) qui raconte l’histoire de Pharrell Williams en Lego et le Barbie (2023) de Greta Gerwig, centré sur la fameuse poupée en plastique. Ce dernier, mettant en scène Margot Robbie, a connu un succès phénoménal et a été suivi par une déferlante Barbiecore. Une tendance consistant à se vêtir comme une Barbie, avec des robes et des accessoires très girlie et beaucoup de rose.
Quand les poupées et les babioles influencent la mode et la beauté
Car en plus du septième art, les jouets ont envahi la mode. On a ainsi eu droit à la tendance Polly Pocketcore adoptée par Lily-Rose Depp, Jennie de Blackpink et Dua Lipa – et par les créateurs. On se souvient notamment de la jupe péplum vert pomme du défilé Loewe automne-hiver 2023-2024 digne d’un petit personnage en plastique mignon. Et on pourra aussi ressembler à une Polly Pocket grandeur nature en arborant un sac Chiquito de Jacquemus couleur bonbon, une minaudière en forme de nœud du label Forbitches ou les chaussures en PVC de la marque Melissa.
La mode a aussi proposé plusieurs fois des accessoires ressemblant à des jeux enfantins, que ce soit chez Moschino (du temps de Jeremy Scott) ou Chanel (période Karl Lagerfeld). On pense aussi, plus récemment, aux charms de sacs colorés de Balenciaga façon hochets à breloques, aux porte-clés ornés de créatures tricotées signés Miu Miu, aux sacs en forme d’animaux de Simone Rocha ou aux pochettes en forme de fruits de Loewe. Marc Jacobs a aussi sorti une peluche en forme d’ours à deux têtes tandis que la marque Charles Jeffrey Loverboy a vendu des pulls sur lesquels étaient représentés des créatures aux airs de doudous. Autant de pièces qui sont à la fois follement esthétiques, rassurantes et très réconfortantes. En les portant, on a l’impression de retomber en enfance tout en se faisant remarquer pour le côté ludique de notre look.
Côtés maquillage, les fards et les rouges à lèvres de certaines marques, notamment du label de K-beauty Dasique ressemblent à des bonbons aux teintes douces ou à des jeux de petites filles. Et la tendance Doll Makeup (blush rosé irisé, bouche très dessinée, fard pailleté) fait des émules sur TikTok.
Des stars inspirées par Bratz et Barbie
Certaines stars ont aussi récemment arboré des looks de poupée. C’est le cas d’Ariana Grande, Barbie féérique pendant la promo de Wicked, de Jenna Ortega qui avait l’air d’une poupée gothique durant la promo de la saison 2 de Mercredi. Ou encore de la chanteuse Sabrina Carpenter, qui avec ses mini-jupes et ses bottes à plateforme a des airs de croisement entre une Bratz et une Barbie des années 90.
Il en va de même pour Kim Kardashian et Kylie Jenner, qui ont souvent des allures de poupées Bratz (une marque très mode qui a collaboré en 2025 avec Dr. Martens), que ce soit par leur recours à la chirurgie esthétique ou leurs tenues extravagantes et Y2K. D’ailleurs, Kylie Jenner a même eu droit à des Bratz à son effigie imitant certains de ses looks phares.
Du merchandising amusant
Les célébrités n’hésitent pas non plus à proposer du merchandising ou des collaborations aux airs de jouets, qu’il s’agisse d’un jeu de cartes Uno signé Billie Eilish ou de figurines possédant le visage de Tyler, The Creator pour sa marque Golf Wang… Quant au rappeur français Houdi, il a sorti son dernier projet, Sirocco (2025), sous format CD accompagné d’un jeu de cartes.
Mais dès 2017, le groupe de K-pop BTS proposait BT21, une collection de sept personnages aux allures de peluches, à l’effigie de chacun des membres du boys band. Imaginés avec la marque spécialisée dans la création de personnages Line Friends, ces petits bonhommes aux silhouettes animales se sont vus être déclinés en doudous, porte-clés et autres objets cute.
Des peluches et des poupées engagées signées Katseye et Bad Bunny
Autre formation musicale à proposer du merchandising inspiré par nos jouets préférés ? Les Katseye, qui ont allié leurs forces à celles du groupe Mattel en 2025 pour créer une gamme de poupées Monster High. Chaque membre du groupe a le droit à sa propre poupée, dessinée à partir d’une créature mythologique de leur pays d’origine.
Au sujet de cette collaboration, Lara Raj, l’une des chanteuses du groupe explique dans les colonnes du média People comment cette opportunité peut servir de levier à davantage de représentation : “Monster High est une marque avec laquelle nous avons toutes grandi, que nous avons idolâtrée et avec laquelle nous avons adoré jouer quand nous étions petites filles. Aujourd’hui, alors que nous faisons partie d’un groupe qui met l’accent sur notre individualité et célèbre nos cultures et nos différences, Monster High est la collaboration la plus parfaite et la plus naturelle qui soit.”
Quant au rappeur et chanteur Bad Bunny, il dévoile une ligne de doudous pour la sortie de son album Debí Tirar Más Fotos (2025), célébrant la figure du “Sapo Concho”, une espèce de crapaud portoricain actuellement en voie de disparition. Un choix loin d’être anodin puisque le rappeur en fait, dans son opus, le symbole d’une lutte de la résilience du peuple de son île natale…
Le labubu, un doudou étrange adopté par Dua Lipa et Lisa
Au-delà des revendications politiques que portent certaines lignes de produits dérivés, il demeure que le merchandising des jouets reste un marché – et pas des moindres. Selon le média Business Insider, le secteur des jouets pèse plus de sept milliards de dollars aux États-Unis en 2025. Et ils sont loin d’être seulement destinés aux enfants… On parle d’ailleurs de “kidults” pour désigner ces adultes qui s’offrent parfois à des prix onéreux des objets destinés aux plus jeunes.
Au-delà de ce phénomène, les joujoux semblent désormais être une tendance pérenne… Parmi les objets les plus prisés de cette année, les Labubus, des créatures velues aux visages espiègles (et quelque peu effrayants) à mi-chemin entre le doudou et le porte-clé. Devenue un véritable accessoire mode, la peluche cotée à près de 2 milliards d’euros en bourse a été adoubée par une myriade de célébrités – dont Lisa des Blackpink, Dua Lipa, Rihanna, Kim Kardashian ou encore Brad Pitt.
Des objets réconfortants
Avant les Labubus, c’étaient les Sonny Angels, des bébés nus arborant divers couvre-chefs, qui se retrouvaient arborés en fétiches sur les coques de téléphone et tote bags de la toile. Et les Funko Pop, des figurines à l’effigie de nos héros de films et séries préférées ou de personnalités, décorent nos bibliothèques… Sans oublier les peluches Ty et Jellycat.
Mais de quoi le retour à la mode des objets enfantins est-il le signe ? On peut y voir une conséquence de la place prise parce que tout ce qui vient d’Asie, notamment de Corée et du Japon, des contrées où les figurines mignonnes occupent depuis longtemps une place de choix.
La pandémie a aussi joué un rôle : après avoir subi les affres de ce virus angoissant, on a tous eu envie d’un peu de douceur et de régression. Plus généralement, face à la morosité du monde des adultes et de l’époque, ces panoplies de bricoles kawaii laissent entrevoir une safe place salutaire. Il semblerait que plus le quotidien devient sombre et incertain, plus il devient urgent de se réconforter avec une jolie babiole rose.
Les films Bratz et Hot Wheels n’ont pas encore de date de sortie.
