Qui est l’Italienne Rossella Fiamingo, escrimeuse star des Jeux Olympiques ?
Solaire et déterminée, l’éblouissante escrimeuse italienne Rossella Fiamingo s’illustre au sommet de sa discipline depuis plus de dix ans. Un sport exigeant qui a permis à cette athlète hors pair de découvrir en elle-même des ressources mentales et un courage qu’elle ne soupçonnait même pas. Cette fine lame aussi combative qu’élégante, qui est aussi ambassadrice de la maison Dior, s’apprête à disputer, ce mardi 30 juillet 2024, à Paris, ses quatrièmes Jeux Olympiques. Un véritable exploit.
par Olivier Joyard.
Rencontre avec l’escrimeuse italienne Rossella Fiamingo, star des Jeux Olympiques 2024
À seulement 32 ans, l’Italienne Rossella Fiamingo participe cet été à Paris à ses quatrièmes Jeux Olympiques, un exploit que peu de sportives ont pu réaliser dans l’histoire de sa discipline. Ses idoles, Laura Flessel et Valentina Vezzali, sont allées jusqu’à cinq. L’objectif Los Angeles 2028 reste donc dans un coin de sa tête, même si la spécialiste de l’épée se concentre d’abord sur son labeur d’entraînement au jour le jour, loin des caméras, des projecteurs et des podiums de mode, qu’elle fréquente depuis sa médaille d’argent aux JO de Rio de Janeiro en 2016.
Pour sa première collection de prêt-à-porter chez Dior à l’automne suivant, Maria Grazia Chiuri l’avait invitée. La créatrice rendait hommage à l’escrime, son sport favori, pour mettre en avant une certaine puissance féminine. Une valeur que la sportive partage toujours aujourd’hui avec la marque française. “J’aime le pouvoir, la féminité que donnent les vêtements Dior, abonde Rossella Fiamingo. J’ai une personnalité très forte et cela me va bien.”
Elle dit avoir choisi l’escrime pour son élégance, mais aussi pour ses règles, qu’elle décrit comme “nombreuses et complexes”. Petite fille, la Sicilienne originaire de Catane pratiquait plutôt la gym et la danse classique, avant que son père ne lui propose un essai dans le club que fréquentait son frère.
“Cela devait être juste une leçon, pour le fun et un peu parce que mon père voulait que ses enfants pratiquent leur sport au même endroit, pour éviter de faire trop de déplacements ! Arrivée sur place, j’ai eu un coup de foudre. La première chose que j’ai apprise à faire était le salut très spécifique à l’escrime, avec l’épée et le masque. J’ai beaucoup aimé qu’il s’agisse d’un sport individuel. Dans le ballet, je me fondais dans la masse. Je me suis rendu compte que j’étais plutôt une personne individualiste.”
“J’aime l’escrime parce que c’est un sport qui crée des situations : avec chaque adversaire, à chaque instant, il y a un rébus à résoudre.” Rossella Fiamingo
Le sport éclaire les personnalités, et celle de Rossella Fiamingo s’épanouit d’abord dans la victoire. En plus de sa médaille à Rio de Janeiro, elle a notamment remporté le titre de championne du monde d’épée deux fois consécutives, en 2014 et 2015. Elle se souvient aussi de sa première victoire majeure chez les séniors à Kazan, en 2014. “J’étais blessée, je n’avais pas pu m’entraîner durant deux semaines, mais j’ai gagné. Une vraie leçon pour moi. J’ai compris que la tête et le cœur pouvaient nous emmener loin.”
Aujourd’hui, la championne n’a plus à faire ses preuves, mais conserve un niveau mondial et une passion intacte. “J’aime l’escrime parce que c’est un sport qui crée des situations : avec chaque adversaire, à chaque instant, il y a un rébus à résoudre. C’est comme un jeu d’échecs, pendant que vous entrez en action, vous devez prévoir le mouvement de l’adversaire en avance. On n’arrête jamais de s’améliorer. Je tire quatre fois par semaine et je m’entraîne physiquement presque tous les jours. J’utilise des objets : un aspirateur-robot, un mannequin. Pendant la période du Covid, qui a été très difficile en Italie, je ne pouvais pas accéder aux gymnases, et j’ai dû inventer des techniques pour bosser à la maison ! J’ai inclus ces techniques dans ma routine. Parfois, je m’entraîne à l’aveugle, avec un bandeau sur les yeux. Le sport a évolué, je dois redoubler d’efforts.”
Du piano à l’escrime : les multiples talents de Rossella Fiamingo
En dehors de l’escrime, la personnalité active de Rossella Fiamingo l’a emmenée dans plusieurs autres directions. Elle pratique le piano à un haut niveau, grâce à sa mère professeure ; a obtenu un diplôme de diététicienne en parallèle de ses compétitions. Après sa carrière, elle compte rester dans le domaine du sport et aider des athlètes à gérer de manière plus efficace leur régime alimentaire.
Une questions de performance, mais aussi de mode de vie, même si la sportive ne mène en rien une existence monacale. Au contraire. “Je me sens honorée de faire partie de ceux que d’autres personnes peuvent admirer, comme moi j’ai admiré Laura Flessel quand j’étais jeune. Je comprends l’importance de ce rôle de modèle. En même temps, on considère souvent que les athlètes doivent vivre sans sortir, sans boire un verre, avec une hygiène de vie toujours parfaite. Évidemment, il faut bien se nourrir, s’entraîner, dormir, mais nous sommes humains et nous pouvons toujours faire des choses normales. Ce n’est pas un problème. Au contraire, cela aide à se sentir mieux et donc à avoir de meilleures performances. Ne faire que du sport, ce n’est pas une vie.”
Lumineuse et déterminée, Rossella Fiamingo pourrait bien monter sur un podium olympique cet été. Et prouver, comme elle le fait depuis plus d’une décennie au top de sa discipline, que les sportifs ne sont pas des robots, mais des êtres d’une grande finesse, obsédés par les détails, aussi intéressants que des artistes.