18 sept 2025

The Ouze, la jeune marque de joaillerie la plus cool de Londres

En ce 19 septembre 2025, deuxième jour de la Fashion Week printemps-été 2026 de Londres, la marque de joaillerie The Ouze présentera sa nouvelle collection. En attendant, Numéro a rencontré son fondateur Toby Vernon, à travers une interview authentique.

  • propos recueillis par Louise Menard.

  • The Ouze ou la joaillerie brute

    Nul n’incarne mieux ce flegme britannique si charmant que le créateur et fondateur de la marque de bijoux The Ouze : Toby Vernon. Lorsque le jeune homme, tout juste diplômé en design de mode de l’université de Westminster, est confiné chez ses parents lors de la première vague de Covid-19 en 2021, il découvre la joaillerie en autodidacte et fait naître, par le plus grand des hasards, sa propre marque de bijoux : The Ouze. Rejoint deux ans plus tard par Joe Sturgis, qui deviendra son acolyte et ami, Toby Vernon fait de la joaillerie son terrain de jeu, son monde, sa passion.

    Une barrette à cheveux, un jonc, une chevalière, un pendentif… Ses pièces à la fois nobles et punk font figure d’ovni dans l’univers de la joaillerie londonienne. Très inspirées par le bijou vintage, elles sont d’or et d’argent, serties de saphir ou de rubis, d’émeraudes ou de diamants et chacune, estampillée de l’élégant poinçon de la marque, est conçue de A à Z au sein d’un modeste atelier de Brighton.

    Le métal paraît peu travaillé ou en tout cas conservé au plus naturel, dépouillé de superflu et même écorché, encore marqué par les traces de cire ayant servi à le mouler. Des pièces paradoxales et puissantes parfois ornées de pierres précieuses et cependant non débarrassées des imperfections et des rayures du processus créatif. Alors que The Ouze s’apprête à dévoiler une première présentation de sa nouvelle collection ce vendredi 19 septembre 2025, lors de la Fashion Week de Londres, Numéro a eu l’occasion de rencontrer Toby Vernon et de recueillir ses précieuses confidences.

    Interview de Toby Vernon, fondateur de The Ouze

    Numéro : Pourriez-vous nous expliquer votre parcours en quelques mots ?
    Toby Vernon : J’ai toujours été très créatif. À l’université, j’ai étudié le design de mode et j’ai appris à coudre grâce à ma petite amie. Lorsque le Covid-19 est arrivé, je devais faire une année de stage chez Kenzo, à Paris, mais je suis rentré chez moi au bout de six mois. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à expérimenter divers savoir-faire artisanaux comme le perlage, le tuftage et que j’ai découvert la joaillerie, notamment à travers la technique de la cire perdue. Vieille de 6 000 ans, cette technique – qui m’a immédiatement conquis – consiste à sculpter un modèle en 3D puis à le couler dans du métal.

    Quand avez-vous décidé de lancer votre marque ? Quel a été le déclic ?
    Bien que je n’ai jamais suivi de formation de joaillerie, The Ouze s’est imposée à moi de façon assez naturelle. Après quelques posts Instagram ayant suscité intérêt et curiosité, j’ai lancé ma marque en 2021. Je n’avais à l’époque aucun objectif particulier. 

    Une joaillerie profondément liée aux bijoux vintage

    Quel est votre premier souvenir lié à la joaillerie ?
    Mon premier souvenir lié à la joaillerie remonte à mes 12 ans, lorsque j’ai acheté un anneau en acier à 2 £ sur eBay.

    Pourquoi avoir choisi ce nom, The Ouze ?
    C’est un clin d’œil à la rivière Ouse qui traverse ma ville natale, Lewes. J’aime cette idée symbolique de processus organique et de fluidité qu’on trouve dans la nature, mais aussi dans la joaillerie.

    Quel est le premier bijou que vous avez acheté ? Le premier que vous avez créé ?
    J’ai acheté beaucoup de bijoux vintage avant de créer les miens. Notamment sur les marchés de Brighton où je n’avais aucun mal à trouver de l’argent d’occasion. En ce qui concerne la première pièce que j’ai créée, je l’ai faite pour ma petite amie, Ella. C’était un bijou massif serti d’un petit saphir. Au même moment, je me suis également sculpté une chevalière en argent, dont j’étais particulièrement fier.

    Qu’est-ce qui vous inspire ?
    Mon inspiration peut venir de partout, mais surtout du passé, je crois. Les bijoux anciens, le cinéma ainsi que le design me passionnent. Certains créateurs m’inspirent aussi beaucoup comme Jun Takashi, Kiko Kostadinov, Judy Blame ou encore Craig Green.

    Une approche nouvelle et ludique de la joaillerie

    Est-ce toujours simple de travailler en duo ?
    Travailler avec Joe, qui m’a rejoint en 2023, a été une expérience formidable. J’ai tout de suite compris qu’il était extrêmement doué et j’ai eu beaucoup de chance de le rencontrer. Son dévouement est sans égal et je suis vraiment ravi que nous développions cette marque ensemble. Nous sommes très complémentaires.

    Racontez-nous votre processus créatif.
    Je griffonne beaucoup d’idées sur des post-it, je garde les meilleurs, puis je réalise des maquettes à partir de ces croquis sur Photoshop. La plupart du temps, je m’amuse avec de la cire et je vois où cela me mène, où je réalise des moules à partir de pièces vintage que je dissèque et dont je retravaille différentes parties.

    Que voulez-vous transmettre à travers vos bijoux ?
    Je souhaite rendre plus accessible le monde de la joaillerie fine. Je pense que les gens ont une idée préconçue de ce que signifie porter des diamants, des saphirs et de l’or, et j’espère que mon travail bouleversera cette vision classique et ouvrira de nouvelles perspectives à un public autre. Beaucoup d’hommes me disent qu’ils ne s’étaient jamais intéressés aux bijoux avant de découvrir mon travail et c’est exactement la raison pour laquelle je me suis lancé dans cette aventure. J’étais comme eux : je voulais porter des pierres et des métaux précieux, mais je ne trouvais rien qui correspondait à mon style.

    Le bijou comme une intimité

    Quelle est votre pièce fétiche ?
    Je suis très attaché au modèle des scatter bands qui ont été le point de départ de The Ouze et qui ont fait la renommée de la marque. J’adore aussi le modèle Referta qui mélange des pierres brutes et des pierres taillées, combinant une vision moderne et un sertissage traditionnel. Plus j’avance, plus j’essaie d’intégrer des techniques différentes à mes bijoux afin de créer quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant.

    Avez-vous une muse ?
    Je conçois la plupart de mes pièces en pensant d’abord à ce que j’aimerais porter puis à ce que mes proches pourraient porter. Ella, ma petite amie, joue également un rôle essentiel dans cette impulsion créative : si le bijou lui plaît, je sais que j’ai créé quelque chose de vraiment spécial.

    Une première participation à la Fashion Week de Londres

    Depuis que vous avez lancé votre marque, y a-t-il un moment dont vous êtes particulièrement fier ?
    Recevoir le prix BFC Newgen 2025/2026 était assez surréaliste. Au-delà du fait que j’en rêvais plus jeune, c’est une récompense prestigieuse, remportée avant moi par de nombreux créateurs que j’admire. Je n’aurais jamais pensé l’obtenir, et surtout pas avec des bijoux.

    Quels sont vos projets ?
    J’espère exporter The Ouze au Japon l’année prochaine et puis bien sûr, j’ai hâte de dévoiler notre nouvelle collection lors de la Fashion Week de Londres. Je suis très impatient.

    Si vous pouviez inviter trois personnes à dîner, qui seraient-elles ? 
    Le musicien George Harrison ainsi que les designers Massimo Osti et enfin John Ives. 

    Les bijoux The Ouze sont disponibles sur the-ouze.com.