Immersion dans le nouveau Bulgari Studio à Séoul
Établie à Rome depuis 1884, la maison de joaillerie et d’horlogerie Bulgari puise dans la beauté de la Ville éternelle l’inspiration de ses créations. À Séoul, elle dévoilait récemment un nouveau concept, Bulgari Studio, une plateforme dédiée à la collaboration avec des artistes de toutes disciplines.
Par Delphine Roche.
Bulgari lance son premier atelier de cocréation
La maison Bulgari s’incarne dans un territoire d’une grande puissance symbolique. Comment transmettre l’imaginaire romain, un mythe, un univers tout à la fois ancien et éternel, dans des pièces de haute horlogerie et de haute joaillerie contemporaines ?
Comment renouveler, sans le trahir, l’héritage de la griffe établie dès la fin du 19e siècle, à Rome, par Sotirio Bulgari, et qui fait régulièrement référence à l’architecture de la Ville éternelle ? Férue d’innovation, la maison se vit également comme un espace d’échanges avec les artistes et les créatifs de son époque. Le premier événement Bulgari Studio, organisé en mars à Séoul, donnait ainsi la pleine mesure de cette singularité.
Conçu comme une plateforme de cocréation, Bulgari Studio présente le dialogue fertile de la maison avec les langages et pratiques d’artistes issus de champs divers. Dès les années 70, ses créatifs innovaient avec la technique des tubogas – des bracelets et des colliers ultra flexibles et articulés –, ou encore, dans les années 80, la joaillerie modulaire.
Lancée juste avant le passage au troisième millénaire, la ligne B.zero1 a, de son côté, inauguré une approche qui allait se révéler extrêmement adaptée à l’époque contemporaine, aux pratiques et aux goûts de la génération Z. Dédramatisant radicalement la haute joaillerie, elle proposait une forme de bague inspirée du Colisée, qui allait devenir un terrain de jeu pour les clients, auxquels est consentie une part importante d’intervention.
La maison de haute joaillerie s’installe à Séoul
“C’est le concept même de la ligne B.zero1 qui est audacieux et novateur”, souligne Lucia Silvestri, directrice créative de la haute joaillerie de Bulgari. “Son design est tellement contemporain, épuré, iconique, genderless et transversal ! Elle est surtout un champ infini de possibilités. Plusieurs largeurs de bague sont proposées : un, deux, trois ou quatre rangs, mais aussi plusieurs textures, version classique ou bien rock hérissée de clous, le tout en or blanc, jaune ou rose, pavé ou non de pierres, incorporant des matériaux tels que la céramique blanche ou noire. Personnellement, j’en ai toute une collection !”
Lors de l’événement Bulgari Studio de Séoul, l’icône avant-gardiste B.zero1 faisait office de star. La capitale coréenne avait été choisie pour lancer le nouveau concept parce qu’elle est importante dans la galaxie de Bulgari : “Une de nos principales ambassadrices est Lisa des Blackpink”, commente Fabrizio Buonamassa Stigliani, directeur de la création pour la division horlogère de la maison. “Nous avons récemment présenté notre deuxième édition de la montre Bulgari Bulgari, réalisée en collaboration avec elle. Il s’agissait, pour moi, de m’inspirer de l’esprit de la K-pop.
Dès le début, nous avons ainsi eu l’idée d’évoquer la danse et le clubbing avec un cadran rappelant les boules à facettes des boîtes de nuit. Loin d’être anodines, les collaborations sont conçues comme une partie intrinsèque de l’univers de Bulgari. Pour la montre Octo Finissimo, nous faisons plutôt appel à des architectes comme Tadao Ando, ou à des artistes tels que le peintre Hiroshi Senju.”
Le modèle Octo Finissimo réinterprète ainsi un classique de l’horlogerie suisse, la montre ultraplate, de façon très contemporaine. Repensée avec des alliages de métaux ou du carbone, cette pièce qui allie un design épuré avec un savoir-faire horloger de pointe, devient une toile vierge investie par l’imagination des artistes, depuis le cadran jusqu’au bracelet.
Un dialogue entre les collections Bulgari et les artistes
Plus étonnant encore qu’une cocréation de bijou ou de montre, l’événement de Séoul faisait la part belle à des performances dont le langage entrait en résonance avec celui de la maison. Le chorégraphe Sadeck Waff, très connu notamment pour son spectacle édifiant célébrant (sur une musique de Woodkid) l’annonce des Jeux Olympiques de Paris, a donné encore une fois un très bel exemple de son vocabulaire gestuel axé sur des mouvements de bras et de mains dessinant des formes géométriques dans l’espace.
“Je me suis inspiré du vocabulaire qui sous-tend la conception de la ligne B.zero1 en intégrant des éléments tels que les formes géométriques, les vagues et les quatre lignes caractéristiques de la bague, explique-t-il. Dans ma chorégraphie, je représente ces dernières en utilisant les lignes du corps. Les formes précises dessinées par les bras et les mains évoquent, pour leur part, les contours nets et le design épuré de la bague.”
De son côté, l’artiste pluridisciplinaire Anyma proposait un spectacle immersif utilisant une pluralité de médiums, rappelant par là les alliances étonnantes et novatrices de matériaux propres à Bulgari. Donnant une belle démonstration de son esthétique futuriste, il performait dans un costume scénique équipé de tubes reliés à une forme sculpturale singulière, son corps quasi organiquement prolongé par deux synthétiseurs. Au-dessus de lui gravitait une image de la bague B.zero1, dessinant une architecture innovante qui complétait à merveille la scénographie.
L’univers de l’artiste et celui de Bulgari se combinaient en direct, de façon parfaitement intégrée, par le biais de leurs langages formels dont l’osmose était parfaite. “J’entends créer un pont entre le monde physique et le monde digital, en incarnant matériellement l’esprit progressiste de la musique électro, et en utilisant de la technologie de pointe. Je crois que la musique peut être une structure transformatrice, en offrant au public un espace où nous vibrons plus fort. La ligne B.zero1 et son histoire riche d’innovations et d’expérimentations étaient ma première source d’inspiration pour cette performance. Je considère Bulgari Studio comme une porte ouverte sur une dimension de créativité sans pareille, innovante, où la fusion de plusieurs langages nous permet de repousser les frontières du design.”