Kelly Rutherford nous raconte sa dernière collaboration créative

Propos recueillis par Camille Bois-Martin.

L’interview de Kelly Rutherford et Anthony Giovanni

Numéro : Revenons au début de votre collaboration. Quand vous êtes-vous rencontrés et quand avez-vous décidé de travailler ensemble ?

Anthony Giovanni : Tout remonte à ça ! [Il montre son sweat floqué de la Chiltren Firehouse de Londres]

Kelly Rutherford : Absolument ! Nous avons rencontré le père de June [Van Thillo, fondatrice de la marque The 246] à un événement à la Chiltern Firehouse. Il m’a parlé de la marque qu’elle venait de lancer, The 246. J’ai trouvé le concept absolument génial, et je l’ai donc suivie sur Instagram le soir-même. Nous avons commencé à discuter, à échanger nos inspirations et nos passions… Je voulais créer quelque chose avec Anthony depuis longtemps. Nous avons alors pensé que ce serait l’opportunité parfaite.

June, comment avez-vous réagi quand Kelly vous a contactée ?

June Van Thillo : Ça s’est fait de manière tellement naturelle. Nous avons la même vision sur beaucoup de choses. Quand nous nous sommes appelés pour la première fois, nous étions comme en osmose. Nous avons donc créé une conversation avec son frère et la discussion a été tellement fluide ! Nous échangions tous les jours, c’était très stimulant comme projet. J’ai adoré chaque minute.

Brutalisme, design et amour… Des inspirations intimes

Pourquoi avoir choisi de créer un collier ?

AG : Nous avons d’abord envisagé plein d’options. Des vêtements, des bracelets, de la décoration… Mais nous voulions créer quelque chose que nous pourrions porter tous les trois au quotidien. Les bijoux permettent ainsi de créer une pièce unisexe, qui correspondrait à nos goûts à tous les trois.

C’est la première fois que vous imaginez, Kelly et Anthony, un projet à quatre mains. Comment cela s’est passé ? Entre frère et sœur, tout peut rapidement devenir compliqué…

KR : Nous sommes vraiment meilleurs amis ! [Rires] Nous nous voyons tous le temps depuis toujours, et cette proximité a rendu le processus très agréable. Il est à l’origine du design de ce bijou. Je lui ai juste dit ce que j’aimais – la mode de Phoebe Philo, l’intemporalité d’une pièce… J’ai fait confiance à ses connaissances de designer, et je l’ai laissé concevoir la partie plus technique du collier avec June. Qui est un petit génie d’ailleurs !

JVT : C’était un travail d’équipe. Et c’était particulièrement attendrissant de voir à quel point Kelly et Anthony se complètent et se comprennent. Kelly a totalement confiance en son frère et Anthony estime le goût et l’opinion de sa sœur.

Le pendentif ressemble quelque peu à un sifflet… Que représente sa forme ?

JVT : Un sifflet chic alors !

AG : Sa forme est très organique. Nous voulions créer quelque chose que l’on pourrait voir dans la nature, dont la texture et l’allure évoqueraient une pierre par exemple. Au début du projet, j’ai envoyé à June des images du travail de César, d’Oscar Niemeyer, de Carlo Scarpa… Nous voulions quelque chose de brutaliste et de doux à la fois.

Un collier en hommage à leur mère

Votre carrière d’architecte d’intérieur a donc nourri la conception de ce collier.

AG : En réalité, la première chose qui m’est venue en tête quand j’ai commencé à travailler sur ce projet était notre mère. Je vais vous raconter une petite histoire. Elle était mannequin à New York et à Paris et un jour, Pauline Trigère, une créatrice de mode française avec qui elle travaillait depuis des années, lui a offert un collier. J’ai toujours trouvé ce bijou incroyable et, quand j’étais jeune et que j’étais musicien, je le lui ai piqué. Il allait super bien avec mon look un peu rock ‘n’ roll et avec les nombreuses chaînes que je portais ! Je l’ai ainsi mise tous les jours pendant des années. Jusqu’à un soir où, en rentrant chez moi, je me suis rendu compte que le pendentif n’était plus là…

KR : Quoi ! Je ne savais pas que tu l’avais perdu !

AG : Attends la suite de l’histoire [Rires]. Je suis resorti avec une lampe torche en espérant le retrouver. Et bingo : il était sur le trottoir. J’étais tellement soulagé que je l’ai directement emmené pour le faire réparer. Puis, une semaine après, un Français que je connaissais à peine m’a interpellé pour me dire qu’il s’agissait d’un collier fait par le sculpteur César ! Il me dit qu’il vaut des dizaines de milliers d’euros. Alors je l’ai imméditement enlevé et fait restaurer, avant de le rendre à ma mère. Donc, ce pendentif que l’on a imaginé pour The 246, est totalement inspiré par celui-ci – par César, le mouvement brutaliste… Mon inspiration vient très souvent de ma mère et de Kelly.

KR : Tout ce que je retiens de ce petit récit, c’est que tu l’as volé à maman et que tu l’as perdu. [Rires] Mais je me souviens en effet voir Anthony porter ce collier, et ça lui allait tellement bien. C’est un bel hommage.

Les secrets leur collaboration pour The 246

Et vous Kelly, quels étaient les souvenirs ou idées qui vous sont venus à l’esprit au début de cette collaboration ?

KR : Rien de très précis. Je suis restée très ouverte tout au long du processus aux idées de June et d’Anthony. La seule chose qui m’importait était de créer une pièce à laquelle nous pourrions tous les trois nous identifier et que nous aimerions longtemps. Qui refléterait notre style et notre vision de la vie.

Pourquoi avoir gravé la phrase “Avec Amour” au dos du pendentif ?

KR : Il symbolise que ce collier a été fait avec amour. Je l’aime énormément car, quand on le tient entre ses mains, il possède un aspect très spirituel avec sa texture à la fois lisse et brute. Il a quelque chose de réconfortant et à la fois de très masculin, très apaisant.

AG : Je croyais que les hommes étaient énervants ?

KR : Non ! Vous savez aussi être doux. C’est cette combinaison, cette complexité qui me plaît.

Anthony Giovanni, soutien de toujours de Kelly Rutherford

June a pour habitude de baptiser ses collaborations pour sa marque The 246 des “histoires”. Que vouliez-vous raconter avec cette création ?

KR : Nous voulions donc à la fois rendre hommage à notre mère mais aussi lancer un projet entre frère et sœur, qui nous tenait à cœur depuis longtemps avec Anthony.

Quel est donc ce projet ?

KR : Nous sommes encore en train de travailler dessus, mais ce serait une plateforme à nos initiales, R+G, qui proposerait des créations curatées comme celle-ci. Pour partager avec le monde nos passions !

Kelly, vous êtes très connue dans le monde de la mode et du cinéma. June nous disait qu’Anthony a toujours été à vos côtés, un peu dans l’ombre. Comment vous êtes-vous soutenus tous les deux au cours de votre vie et de votre carrière ?

AGD : Depuis que nous sommes petits, Kelly me demande toujours mon avis sur ses tenues. À chaque fois, je lui dis qu’elle est sublime. Nous avons grandi ensemble, que ce soit à se balader dans les rues de New York ou sur la page de Newport. Elle a toujours été ma protectrice. C’est la meilleure des grandes sœurs, et j’essaye d’être un bon petit frère. Elle estime mon opinion et son élégance, qui inspire de nombreuses personnes, m’a toujours beaucoup inspiré à moi aussi dans mon travail d’architecte d’intérieur.

KR : Nous nous sommes toujours protégés l’un et l’autre. Et nous faisons confiance à nos jugements respectifs. Ce collier incarne totalement notre relation !

La collaboration Kelly Rutherford, Anthony Giovanni et The 246 est disponible sur thetwentyfoursix.com.