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Numéro
29 Philippe Calia, Rencontres de la Photographie, Arles

Agnès Varda, Diane Arbus... que réserve le festival Les Rencontres d’Arles cet été ?

PHOTOGRAPHIE

Pour sa 54e édition, Les Rencontres de la photographie d’Arles annoncent une programmation cinq étoiles puisant dans le cinéma aussi bien que dans les débuts de la photographie couleur.

Philippe Calia. Musée imaginaire VII (Picabia), Centre national des sciences, New Delhi, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Philippe Calia. Musée imaginaire VII (Picabia), Centre national des sciences, New Delhi, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Philippe Calia. Musée imaginaire VII (Picabia), Centre national des sciences, New Delhi, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Le plus connu des festivals de photographie du sud de la France se tiendra à Arles et son agglomération du 3 juillet au 24 septembre prochain. Nouveauté cette année : en plus des rues et des parcs, les artistes investiront le Cryptoportique, un nouveau lieu d’exposition original situé dans les galeries souterraines de la ville. 

 

Un état de conscience de notre monde 

 

Cette année encore, la sélection d’artistes se propose de refléter “l'état de conscience de notre monde” aussi bien esthétique, politique que géographique. Les Rencontres d’Arles font ainsi la part belle à des photographes de la région, et même originaires de la charmante ville antique d’Arles, à l’image de Nicole Gravier dont le travail sera exposé à l’École nationale supérieure de la photographie. La dimension politique de la photographie, dans les sujets qu'elle choisit, mais aussi dans son processus de création, sera mise en valeur à travers l’exposition d’œuvres d’artistes engagés, telle la photographe polonaise Zofia Kulik, qui a notamment documenté les jeux de pouvoir à l'œuvre au sein de l’Église ainsi que dans la culture patriarcale. Arles lui offre sa première exposition personnelle en France. Autre sujet politique abordé à travers le festival : la question de la représentation de la communauté LGBTQ+ outre-Atlantique sera elle aussi mise en lumière, et abordée dans une perspective historique à travers une série de photographies d’hommes travestis, prises dans les années 1950 à New York par différents photographes, et regroupées sous le titre de Casa Susanna, nom faisant référence à un lieu célèbre de la culture trans : celui d'une maison en pleine campagne américaine devenue le refuge du premier réseau clandestin de travestis.

 

Hien Hoang. Comme un cheveu sur la langue, impression sur verre acrylique, 2018-2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Hien Hoang. Comme un cheveu sur la langue, impression sur verre acrylique, 2018-2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Hien Hoang. Comme un cheveu sur la langue, impression sur verre acrylique, 2018-2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Les photos de tournage d'Agnès Varda

 

Figure centrale du mouvement cinématographique de la Nouvelle Vague, la réalisatrice Agnès Varda a laissé dans son sillage bien des chefs-d’œuvre – de Cléo de 5 à 7 (1962) à L’une l’autre, l’autre pas (1977) – mais aussi des photographies, moins connues du grand public. Certaines d’entre elles (qui ont d’ailleurs inspiré ses films) feront l’objet d’une rétrospective au cloître Saint-Trophime. Les photographies de plateau – genre photographique éminemment lié au septième art mais souvent oublié – feront également l’objet d’une exposition dans l’espace insolite du premier étage du supermarché Monoprix (déjà investi lors des précédentes éditions du festival), à quelques pas de la gare d’Arles. Une fois passé le rayon fruits et légumes, les visiteurs pourront ainsi découvrir les images, capturées sur des tournages de films, par le photographe parisien Pierre Zucca (1943-1995). 

 

Une jeune génération de photographes mise à l’honneur 

 

Le festival d’Arles inclut chaque année dans sa programmation de grands noms de la photographie. Cette année, l'Américain Saul Leiter (1923-2013), connu pour son travail autour de la photographie en couleurs, mettant souvent en scène le tumulte de la ville de New York et longtemps resté inédit, fera l’objet d’une exposition au Palais de l’Archevêché. Autre grande photographe américaine mise à l'honneur : Diane Arbus (1923-1971). Une exposition dévoilant pour la première fois la globalité de son œuvre sera déployée au Parc des Ateliers de la Tour LUMA sous le titre poétique de Constellation. Mais le festival ne néglige pas pour autant les jeunes talents. Un condensé du travail produit par dix artistes concourant au prix Découverte 2023 et soutenus par la fondation Louis Roderer sera ainsi exposé à l'église des Frères Prêcheurs, aux abords du Rhône. Parmi eux, le travail de Hien Hoang interpelle. Aujourd’hui basée à Hambourg, en Allemagne, cette artiste d’origine vietnamienne mêle, dans sa pratique, photographie, installation et performance. Dans ses clichés caractérisés par un humour prononcé, elle se plaît à user de couleurs saturées et à convoquer différents univers qui, associés, deviennent loufoques, infusés de références à la culture orientale et à la société de consommation. Dans ses œuvres, il n’est pas rare de croiser une langue tenue par des baguettes en bois, ou encore des yeux globuleux plantés au milieu d’un pavé de saumon.

 

Les Rencontres d’Arles 2023, du 3 juillet au 24 septembre 2023 à Arles et dans sa région.

Découvrez la programmation complète sur le site du festival.