Pour son tout premier défilé à la Fashion Week de Paris, KidSuper a fait une entrée très remarquée. Ce label, fondé par l'Américain Colm Dillane, qui avait déjà été distingué du Prix Karl Lagerfeld 2021, a créé l'événement avec un défilé très original puisque celui-ci était intégré à … une très officielle vente aux enchères ! Cette collection printemps-été 2023 proposait ainsi une expérience participative mêlant mode, art et musique des plus déroutantes pour les invités du "défilé”, qui ignoraient absolument tout de ce que leur réservait l'événement… Invité à pénétrer dans une salle atypique, équipée d'une estrade à laquelle faisaient face des rangs de chaises, les premiers membres de l'assistance découvrent avec stupéfaction un décor rappelant celui des spectacle scolaires de fin d’année. Mais, en laissant glisser leur regard sur les côtés de la pièce, les œuvres accrochées sur les murs les renseignent alors sur le véritable sujet de cette présentation. Renommé Superby’s – clin d’œil à la très célèbre maison d’enchères Sotheby’s – le label accueille sur scène la commissaire-priseur américaine Lydia Fenet, chargée d'administrer une authentique vente aux enchères d’une heure. Vingt-trois tableaux, peints par le directeur artistique de KidSuper, Colm Dillane, lui-même, vont rythmer le show et passer sous le marteau, dans un enthousiasme qui fera monter les prix faisant envoler les prix jusqu’à plus de 200 000 euros pour l'œuvre la plus appréciée de la soirée, un portrait de femme. Une vente d'autant plus spectaculaire qu'elle n'était absolument pas organisée au profit du jeune label KidSuper, mais dont tous les bénéfices vont être reversés à une association.
En écho aux 23 tableaux proposés à la vente, la collection décline vingt-trois silhouettes, directement inspirées des peintures à l’huile vendues. Tandis que chaque modèle marche, revêtu du vêtement correspondant au tableau mis aux enchères, le public a la possibilité d’enchérir. Looks haut en couleur, pleins de fantaisie, la créativité de Colm Dillane semble transcender et transformer en véritables œuvres d’art toutes les toiles qu'il touche, qu'elles soient tendues sur châssis ou portées à même la peau. La transposition qu'il fait de ses toiles en vêtements est extrêmement maîtrisée et esquive la facilité d'une simple adaptation littérale. Il décline subtilement en vêtements séduisants les harmonies très variées (camaïeux de rouge, de jaune, de tons pastel, et même dans une – unique – silhouette féminine composée d'une magistrale robe en tulle drapée en camaïeu de vert) de ses tableaux, détourne ici un motif de damier jaune et vert sur une veste, là un détail particulier repris en motif placé sur un pull, une veste, ou la jambe d'un pantalon. À la très fine frontière de l’artiste et du créateur, le directeur artistique s’empare de ses réminiscences tout droit issues de New York où il a grandi, pour concentrer ses passions et son univers dans un seul et même projet. Un défilé mémorable.
