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Numéro
05

Qui est Duran Lantink, le créateur qui repousse les limites du corps humain ?

FASHION WEEK

Révélé en 2018 par son pantalon vagin créé pour Janelle Monae, le jeune créateur Duran Lantink présentait dimanche son deuxième défilé dans la Fashion Week parisienne, détournant le vestiaire hivernal pour composer des silhouettes extrêmes aux proportions étonnantes.

  • Le défilé Duran Lantink automne-hiver 2024-2025.

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© Shoji Fuji.

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De Rei Kawakubo à Duran Lantink : quand les créateurs transforment le corps

 

En 1997, Rei Kawakubo présente pour son label Comme des Garçons ce qui restera sa plus célèbre collection à ce jour, à fort de robes, de hauts et de jupes formant des silhouettes jusqu’alors inédites, pour ne pas dire disgracieuses. Grâce à l'insertion de doublures en tulle entre les tissus fins, des protubérances apparaissent à des endroits incongrus, du haut du dos aux hanches en passant par le tour du ventre, formant des corps bossus aux proportions extrêmes. À l'époque, la découverte de ces femmes difformes étonne, fascine mais aussi rebute l’assemblée, recontrant un succès mitigé. Pourtant, ce vestiaire – dont plusieurs pièces étaient exposées l'an passé au Palais Galliera – rentrera par la suite dans l’histoire et s'imposera comme l’un des plus importants des années 90, ouvrant la voie à de nombreux créateurs intéressés, eux aussi, par la transformation des corps, de Rick Owens à Demna, en passant par Iris van Herpen et Gareth Pugh. Aujourd'hui, l'influence de la collection surnommée “lumps and bumps” (“grosseurs et bosses”) est évidente chez des créateurs de la nouvelle génération, à l'instar de Duran Lantink, qui présentait hier son deuxième défilé dans le calendrier officiel de la Fashion Week parisienne.

 

Depuis le lancement de son label en 2019, le Néerlandais éponyme a en effet défini, à l’instar de son aînée japonaise, des silhouettes caractéristiques reposant sur deux principes formels : augmentation et suppression. Saison après saison, Duran Lantink s’amuse ainsi à gonfler le haut des manteaux ou des vestes, à agrandir les cols jusqu'aux emmanchures d'épaules ou à entourer les hanches de culottes-bouées – avec, notamment, ses slips en denim baptisés “bubble jeans” –, tout en dévoilant, paradoxalement, la peau par l’insertion de décolletés et d’ajours au milieu des pulls, ou le raccourcissement des hauts jusqu’au-dessous de la poitrine. Le tout en réutilisant des matériaux de seconde main : dès l’adolescence, le Néerlandais composait des pièces hybrides à partir de chutes de vêtements chinés en fripes.

 

Un vestiaire des sports d'hiver revisité dans le défilé automne-hiver 2024-2025 

 

Une radicalité formelle teintée d'humour et d'irrévérence que le jeune homme, révélé en 2018 par le pantalon vagin qu'il avait créé pour la chanteuse Janelle Monae, s’amuse depuis à appliquer à de nombreux basiques. Après s’être intéressé, entre autres, au maillot de bain la saison dernière – on se souviendra de ses bikinis dont le soutien-gorge adopte la forme d'une frite de piscine –, Duran Lantink détourne un vestiaire plus hivernal inspiré par les sports d’hiver. Justement intitulée "DURAN-SKI”, sa collection automne-hiver 2024-2025 réunit ainsi combinaisons moulantes rembourrées aux épaules, blousons de ski transformés en bodys, jupes en velours découpées par des bandes d’organza, et blazers accentuant les hanches ou la poitrine aux point que leurs bosses pointent vers les côtés.

 

On retiendra surtout cette saison sa série de pulls en laine écrue à motif jacquard et de doudounes, à la fois raccourcis et gonflés par l’ajout de volumes, mais aussi ses hauts sans manches découpés en deux ou trois morceaux empilés, ainsi que ses guêtres en laine ou en fourrure épaisse, recouvrant l’intégralité du pied jusqu’au haut de la cuisse. Malgré le caractère peu portable de certaines de ses pièces, le créateur démontre un art de la construction et une maîtrise des proportions qui dote ses modèles d’une carrure impressionnante, si bien qu'elle interroge les limites de la nature. 

 

À l’époque de sa fameuse collection, Rei Kawakubo disait elle-même : “Les vêtements pourrait être le corps et le corps pourrait être les vêtements” – une philosophie que le jeune homme, lauréat du Prix spécial de l’ANDAM en 2023 et désormais demi-finaliste au prix LVMH cette année, semble s'approprier à son tour, impulsant peut-être de nouveaux canons esthétiques. Rappelons tout de même que l'histoire européenne n'a cessé d'être marquée par des silhouettes extrêmes, des hauts-de-chausses aux paniers des robes à la française et tournures des robes Belle époque.