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Jacob Elordi, Kylie Jenner... Pourquoi Frankenstein fascine la pop culture

CULTURE

En 2025, on découvrira deux films inspirés par l'univers de l'écrivaine Mary Shelley : Frankenstein de Guillermo del Toro, avec Jacob Elordi (qui sera disponible sur Netflix) et The Bride! de Maggie Gyllenhaal, avec Penélope Cruz. L'occasion de s'interroger sur l'attrait éternel du mythe de Frankenstein, qui a aimanté des personnalités aussi variées que Rina Sawayama, Emma Stone, Kylie Jenner et la drag queen Paloma.

  • Kylie Jenner en fiancée de Frankenstein pour Halloween en 2022 © Compte Instagram de Kylie Jenner.

  • Kylie Jenner en fiancée de Frankenstein © Compte Instagram de Kylie Jenner.

  • Kylie Jenner en fiancée de Frankenstein © Compte Instagram de Kylie Jenner.

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En 2022, pour Halloween, les influenceuses et femmes d'affaires Kylie Jenner et Kourtney Kardashian optaient pour le même costume, celui de la fiancée de Frankenstein. Voulaient-elles, à travers cette panoplie de créature modifiée, proposer une réflexion méta sur les multiples chirurgies esthétiques auxquelles se sont adonnées les sœurs de la famille ? On ignore si le déguisement était ironique, mais il s'inscrit en tout cas dans l'air du temps. Car le livre à l'origine de ce culte fascine la pop culture depuis des décennies...

 

Emma Stone, Kylie Jenner... Le mythe de Frankenstein n'a jamais été aussi tendance

 

On ne compte plus les références au roman épistolaire Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) de Mary Shelley, au cinéma. De nombreux films (Frankenstein en 1931, La Fiancée de Frankenstein en 1935, Frankenstein Junior en 1974, Frankenstein de Kenneth Branagh en 1994, Frankenweenie de Tim Burton en 2012 et bien d’autres) ont fait constamment renaître le mythe. Mais ces dernières années, l’histoire de cette création d’un "monstre" constitué de chairs mortes - via l'électricité - par un savant suisse, Victor Frankenstein, semble plus vivace que jamais.  

 

En janvier dernier, le réalisateur grec Yórgos Lánthimos (La Favorite, The Lobster) proposait avec son baroque Pauvres Créatures (Poor Things), une relecture féminine du mythe de Frankenstein. L'actrice oscarisée Emma Stone jouait le rôle de la créature ranimée à la vie et "rapiécée" avec un cerveau de bébé tandis que Willem Dafoe incarnait la figure du docteur génial mais fou et torturé.

  • Christian Bale dans The Bride! (2025) © Warner Bros.

  • Frankenweenie (2012) de Tim Burton © Walt Disney.

  • Lisa Frankenstein (2024) © FOCUS FEATURES LLC.

  • Lisa Frankenstein (2024) © FOCUS FEATURES LLC.

  • Elsa Lanchester dans La Fiancée de Frankenstein (1935).

  • Emma Stone dans Pauvres Créatures (2023) © Searchlight Pictures All Rights Reserved.

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Jacob Elordi dans le rôle du monstre dans une nouvelle version de Frankenstein

 

Cette année, Guillermo del Toro va réaliser un film intitulé Frankenstein (qui devrait être diffusé en 2025 sur Netflix avec un casting de choix. Oscar Isaac, Jacob Elordi (dans le rôle du monstre, ce qui demande une certaine force de projection), Mia Goth (X, Pearl et MaXXXine), font partie du casting du prochain long-métrage du cinéaste. L'histoire ? "Europe de l'Est,19e siècle. Le Docteur Pretorious part à la recherche de Frankenstein, que l'on croyait mort dans un incendie quarante ans auparavant. Son but est de poursuivre les expériences du créateur du monstre, le Docteur Frankenstein."

 

Une version féminine de Frankenstein signée Maggie Gyllenhaal

 

Le 1er octobre 2025, un autre film devrait lui faire de l'ombre : The Bride! de l'actrice et réalisatrice Maggie Gyllenhaal avec Jessie Buckley, Christian Bale, Penélope Cruz, Annette Bening et Peter Sarsgaard. Et le pitch - inspiré du film de 1935 La Fiancée de Frankenstein) évoque quant à lui une jeune femme décédée : "Années 1930. Frankenstein se rend à Chicago pour demander l'aide du Docteur Euphronius afin de se créer une compagne. Les deux hommes redonnent vie à une jeune femme assassinée."


Et un projet qui n’a pas encore de date de sortie en France, Lisa Frankenstein, réalisé par Zelda Williams et mettant en scène Kathryn Newton et Cole Sprouse, propose une relecture teenage du mythe. Nous sommes cette fois-ci en 1989 et "une lycéenne ringarde réanime accidentellement le cadavre d'un beau jeune homme d'un autre siècle."

Rina Sawayama - Frankenstein (2022).

Rina Sawayama, Paloma... L'influence de Frankenstein dans la musique

 

L’histoire de Frankenstein a aussi inspiré les musiciens. Du Over at the Frankenstein Place (1975) chanté par Barry Bostwick, Richard O'Brien et Susan Sarandon sur la BO de The Rocky Horror Picture Show (1975) à des titres interprétés par les New York Dolls, Death from Above et Alice Cooper, la créature qui échappe au savant fou est partout.

 

En 2022, la chanteuse Rina Sawayama sortait un titre intitulé Frankenstein, sur lequel elle clamait : "I don't wanna be a monster anymore." Elle nous expliquait alors : « J’ai enlevé le côté horrifique de l’histoire de Frankenstein. Très prosaïquement, ce morceau tourne autour de l’idée de quelqu’un qui me remet d’aplomb et me répare alors que je suis brisée. Je suis en morceaux, avant d'être recomposée par une personne qui ré-assemble les parties. C'est une expérience très humaine et réaliste, de reconstruction, de création d'un nouveau moi. C'est pour ça que je chante : "Je ne veux plus être un monstre." En même temps, c'est assez toxique de dépendre de quelqu’un pour se sentir bien, donc ce texte est un peu triste dans le fond… »

 

Autre référence récente à Frankenstein ? Il y a quelques jours, l'artiste Paloma sortait le clip de son titre P.A.L.O.M.A, confectionné avec Rebeka Warrior et RAUMM, comprenant des clins d’œil à Mylène Farmer et à la fiancée de Frankenstein. Ce n’est pas un hasard si ce sont des artistes queer (la chanteuse bisexuelle Rina Sawayama et la drag queen Paloma) qui s’empare de la figure de la créature imaginée par Mary Shelley.

P.A.L.O.M.A - @paloma4043 @RebekaWarriorofficial & @raummofficiel (2024).

La créature inventée par Mary Shelley, une icône queer ?

 

De nombreux universitaires et médias (notamment le New Yorker qui intitule un article How queer is Frankenstein?) ont analysé pourquoi le roman de Mary Shelley (qu’elle a écrit à l’âge de 18 ans) parle autant aux communautés LGBT+. D’un côté, il y a de nombreuses allusion à l’homosexualité cachée du savant fou qui enfante d’une créature sans passer par une relation hétéronormée. Du côté de la créature, son histoire, qui consiste à être ostracisé par les villageois en raison de sa différence, entre en résonance avec les jugements auxquels sont confrontés les personnes queer. Et le fait que son âme ne se sente pas en adéquation avec son enveloppe corporelle peut aussi être mis en parrallèle avec les problématiques rencontrées par les hommes et les femmes transgenres.


Il faut aussi se souvenir que le roman de 1818 - qui semble encore très moderne - raconte le récit d’une vengeance de la part de quelqu'un qui a été considéré comme un freak parce qu'il ne rentrait pas dans le moule. Victor Frankenstein abandonne son "enfant" car il le trouve horrible. Sauf que ce dernier, doué d'intelligence, va se retourner contre son créateur et contre la société qui ne l’a pas accepté. En ce sens, son vécu est une parabole de l’altérité et un symbole des luttes des minorités pour se faire accepter (et aimer) telles qu’elles sont. 

 

Frankenstein (2025) de Guillermo del Toro, avec Jacob Elordi, disponible sur Netflix en 2025. The Bride! de Maggie Gyllenhaal, avec Jessie Buckley et Penélope Cruz, au cinéma le 1er octobre 2025.