1. L'œuvre numérique la plus chère de l'histoire : 69 346 250 dollars (61 454 022 euros)
Christie’s
On n’aura jamais autant lu ni entendu le mot “NFT” qu’en 2021. Les Non Fungibles Tokens (“jetons non fongibles”) ont fait naître en seulement quelques mois une véritable obsession du marché de l’art : grâce à la technique informatique du blockchain, ces jetons permettent d’authentifier un fichier numérique en y encryptant une signature ou un contrat, faisant du document immatériel un objet virtuellement unique. Si la technique était déjà utilisée par des adeptes du numérique depuis plusieurs années, c’est en mars dernier que le grand séisme des NFT secoue le monde de l’art, alors que Christie’s vend aux enchères sa première œuvre numérique. Réalisée par l’artiste américain Beeple sur treize ans, cette composition de 5000 images est adjugée pour la somme impressionnante de 69 millions de dollars. Un record historique qui hisse à nouveau la maison de vente au rang de leader des enchères et fera de nombreuses émules, attirant particulièrement les férus de cryptomonnaies comme l'acheteur de l'œuvre de Beeple. Depuis, les ventes d’œuvres NFT s’enchaînent et se multiplient, organisées directement par les artistes eux-mêmes autant que par maisons et galeries : on peut aussi bien trouver par les lots des clips vidéos, des GIF, des fichiers MP3 et des tweets que des objets numérisés ayant appartenu à Napoléon ou un contrat virtuel assurant la transmission bien réelle d'un ovocyte. Dernière en date : la vente du premier SMS de l’histoire, adjugé 107 000 euros par la maison Aguttes.
2. L'œuvre autodétruite de Banksy :18 600 000 livres (21 754 50 euros)
Sotheby's
Elle avait marqué l’histoire des enchères le 5 octobre 2018 : ce jour-là, chez Sotheby’s à Londres, l’œuvre sur papier Girl with Balloon du célèbre street-artiste Banksy s’était autodétruite devant les yeux médusés de l'assemblée, immédiatement après avoir été adjugée plus d’un million de dollars par le commissaire-priseur. Un coup de théâtre savamment préparé par l’artiste anonyme, connu pour ses œuvres provocatrices et ses actions publiques lançant des débats de société. Mais seulement trois ans après ce moment historique, qui tournait en dérision le cadre solennel de la maison de vente et interrogeait la valeur de l’œuvre d’art à l’heure de la spéculation, la toile a fait son grand retour aux enchères sur l'initiative de sa propriétaire… également chez Sotheby’s Londres, où elle avait jadis fait sensation. L'occasion de remarquer qu'elle n’avait en fait pas été totalement détruite : grâce à l’habile dispositif de Banksy, seule la moitié de la toile a été incisée en fines bandes régulières qui n’empêchent nullement d’en voir le dessin initial au complet, et conservent la partie supérieure intacte encore à l’intérieur du cadre. Estimée entre 4 et 6 millions de dollars, la toile désormais figée a une fois de plus dépassé toutes les attentes en partant à plus de 18 millions, devenant l’œuvre la plus chère de Banksy jamais vendue. Déjà dépossédé de sa création, l’artiste – dont on ne connaît toujours pas le visage – n’a cependant orchestré cette fois-ci aucun coup de théâtre lorsque le montant d'adjudication final a été annoncé dans la salle de vente.
3. Hergé, la bande-dessinée la plus chère d'Europe : 3 175 400 euros
Artcurial
Chaque année, peintures et sculptures ont le quasi monopole des records de vente aux enchères. Il est toutefois plus rare d’y retrouver la bande-dessinée. En créant un département dédié au neuvième art en 2005, la maison de vente Artcurial s’est affirmée depuis en leader de ce domaine. Un statut qui ne faillit pas en 2021 lorsqu'y passe sous le marteau l’illustration d’une œuvre bien célèbre : Tintin et le Lotus Bleu d’Hergé. Dans cet épisode de la série belge porté par le jeune reporter éponyme, Tintin part en Chine pour y démanteler un trafic d'opium international et se heurte à moult péripéties. En janvier dernier, le dessin à la gouache, aquarelle et encre de Chine réalisé par Hergé en 1936 pour la couverture du livre s’envole donc pour 3,2 millions d’euros, battant le record européen pour une œuvre originale de bande-dessinée. Un pied-de-nez à Casterman, l’éditeur de l’ouvrage, qui avait à l’époque refusé cette couverture. Disparu des radars pendant 80 ans, le dessin aurait d'ailleurs été offert personnellement par Hergé au fils de l’éditeur Jean-Paul Casterman – une provenance qui a été depuis mise en doute par quelques experts.
4. La première paire de baskets Yeezy portée par Kanye West : 1 800 000 dollars (1 596 114 euros)
Sotheby's
Le 10 février 2008, à Los Angeles, Kanye West fait son apparition sur scène lors d'une prestation émouvante qui marquera la 50e cérémonie des Grammy Awards. À ses pieds, le public découvre une paire de baskets noires montantes à semelle blanche qui reste encore inconnue, bien que l’on reconnaisse sur ses côtés le discret logo du label Nike. Ce n’est que quelques mois plus tard que la paire Nike Air Yeezy 1 sera dévoilée sur le marché, révélant par la même occasion le nom du futur label du rappeur américain pour lequel il s’alliera finalement en 2013 avec Adidas. Désormais emblématique de ses débuts remarqués dans le streetwear, la paire originale de Nike Air portée par l’artiste s’est envolée en avril 2021 chez Sotheby’s pour 1,8 million de dollars, acquise par la plateforme d'investissement Rares dédiée aux baskets. Un record qui confirme l’établissement de la chaussure de sport en tant qu’objet de collection ces dernières années. Fin octobre dernier, Sotheby’s a également adjugé près d’1,5 millions de dollars une paire de Nike Air portées par le célèbre joueur de basketball Michael Jordan…
RECORD POUR UN MANUSCRIT SCIENTIFIQUE VENDU AUX ENCHÈRES
5. Le manuscrit signé d'Albert Einstein : 11,656,560 euros
Christie's France & Aguttes
Outre les baskets et bandes-dessinées, les enchères sont aussi le lieu où réapparaissent de précieux manuscrits. Christie’s France, qui avait quelques mois auparavant mis en vente la lettre de rupture d’Edith Piaf adressée à Yves Montand et une lettre de George Sand à Gustave Flaubert, a accueilli le 23 novembre Aguttes, une autre maison française, pour une vente aux enchères exceptionnelle. Son lot phare : un document de travail signé par le physicien d’origine allemande Albert Einstein et son ami et collègue Michele Besso, dévoilant les prémices de sa fameuse théorie de la relativité générale. Dans 54 pages, dont la moitié a été écrite de sa main entre 1913 et 1914, le scientifique et son confrère partent d’une interrogation sur l’orbite de la planète Mercure et la place de son point le plus proche du Soleil, qu’ils explorent à l’aide de nombreux calculs et annotations. Parti à 11,8 millions d’euros, le lot a largement dépassé son estimation initiale de 2 à 3 millions, devenant par là même le manuscrit scientifique le plus cher jamais vendu aux enchères. Un record qui rappelle l’importance historique de son co-auteur, lauréat du prix Nobel de physique en 1921.
