8 juil 2022

“Y’a qu’à pas baiser”, un film sur l’avortement à voir de toute urgence

Jusqu’au 22 juillet, la très exigeante plateforme dédiée au cinéma documentaire Tënk programme Y’a qu’à pas baiser, un film réalisé par la militante Carole Roussopoulos en 1971 sur le combat pour le droit à l’avortement. Un court-métrage de dix sept minutes réalisé il y a plus de cinquante ans mais qui fait tristement écho à l’actualité mondiale…

Le 2 juillet dernier, la romancière Jakuta Alikavazovic écrit dans les colonnes du quotidien Libération :La régression est en cours. Pour des dizaines de millions d’individus supplémentaires, dans le monde, un cintre ne sera de nouveau plus un cintre, une aiguille à tricoter non plus.” Commentant le vif recul dont nous sommes actuellement témoins dans le domaine des droits des femmes, elle prend position à travers la métaphore du cintre, cet objet du quotidien utilisé en France pour avorter lorsque les femmes n’y étaient pas autorisées (avant la loi Veil datant de 1975) et qui risque d’être à nouveau détourné de sa fonction originelle… Les Etats-Unis sont en effet sous le feu des projecteurs depuis deux semaines et l’annonce de la Cour suprême de laisser le choix aux Etats d’autoriser ou non l’avortement. Ce n’est pas un cas isolé : la Pologne, le Brésil et le Venezuela ont récemment fait parler d’eux pour leur régression en la matière, obligeant de nombreuses femmes à avoir recours à cette intervention clandestinement…

 

Dans ce climat terrifiant et excessivement menacant en matière de lutte pour les droits des femmes dans le monde, la très exigeante plateforme dédiée au cinéma documentaire Tënk programme Y’a qu’à pas baiser, un film réalisé par la militante Carole Roussopoulos en 1971 sur le combat pour l’avortement. Un court-métrage de dix sept minutes réalisé il y a plus de cinquante ans mais qui fait tristement écho à l’actualité mondiale. Il rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, il était encore illégal en France d’avoir recours à une IVG… Alternant des séquences du propre avortement clandestin de la cinéaste et des images de la première manifestation de femmes en faveur de l’avortement et de la contraception qui a lieu à Paris le 20 novembre 1971, le film est une clé essentielle pour mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux du droit à l’avortement. Avec Sois belle et tais-toi (1977), que Carole Roussopoulos a co-réalisé avec l’actrice et réalisatrice Delphine SeyrigY’a qu’à pas baiser prouve également que s’informer sur l’histoire de la domination est une façon de s’armer pour la combattre. 

 

Y’a qu’à pas baiser (1971) de Carole Roussopoulos, disponible sur Tënk jusqu’au 22 juillet.