5 mai 2017

Tura Satana, la reine des séries B, à l’honneur dans un documentaire inédit

Icône kitsch du 7e art et grande féministe avant l’heure, Tura Satana a bousculé les années 60 à grands coups de punchlines bien senties, de regards caméra langoureux et de scènes de combats mythiques. Un vrai bandit de grand chemin qui a inspiré de nombreux réalisateurs, de Quentin Tarentino à John Waters. Pour la première fois, un documentaire revient sur sa carrière. Numéro a rencontré pour l’occasion Siouxzan Perry, qui fut son bras droit jusqu’à sa mort en 2016 et qui a produit ce documentaire-hommage. 

Comment s’est construit le mythe Tura Satana ?

Siouxzan Perry : Pour Tura, la frontière entre réalité et fiction n’existait pas. Sa vie fut un véritable road movie, ponctué de séquences aussi dramatiques que glamour. À commencer par sa situation familiale incongrue : un père acteur de films muets, une mère artiste de cirque, le tout chapeauté par des origines japonaises, philippines et amérindiennes. Un cocktail déjà explosif pour l’Amérique puritaine des années 60. Autre pierre portée à l’édifice de la légende Tura, le drame qu’elle connut à l’âge de 9 ans, dans lequel elle fut victime d’un viol par cinq hommes. La légende veut que, le juge ayant reçu un pot-de-vin pour gracier ces messieurs, Tura se jura de se faire justice elle-même et les traqua pendant quinze ans pour assouvir sa terrible vengeance. Cet évènement est la clef de voûte de toute sa future carrière, elle devient alors experte en arts martiaux (judo, aïkido, karaté) et fait ses débuts comme danseuse burlesque. Un savant mélange de violence, de sensualité et de culot !

Comment est-elle devenue un symbole fort du mouvement féministe ?

Son rôle de Varda dans le film culte de Russ Mayer Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !  y est sûrement pour beaucoup. Elle y campe une superhéroïne “badass” à la tête d’un gang féminin qui enchaîne les pillages. C’est un personnage très fort, indépendant et combatif, du jamais-vu en termes de représentation féminine pour le Hollywood des sixties. Les stéréotypes cinématographiques se retrouvent totalement renversés avec cette pin-up délurée qui ne recherche que la castagne. De plus, Tura effectuait elle-même toutes ses cascades, ses scènes de combat et les mythiques poursuites en Mustang dans le désert. Un symbole fort du girl power est né à ce moment-là.

Et justement, pourquoi Faster Pussycat ! Kill ! Kill ! est-il devenu une référence cinématographique, alors que d’autres films de Tura comme Irma la douce ou encore The Doll Squad ont sombré dans les méandres des films de série B…

Trois héroïnes féminines, trois guerrières hargneuses qui s’attaquent aux hommes, trois “banditas” de grand chemin. Voilà le cœur de ce film, qui ne pouvait que séduire les réalisateurs comme John Waters et Quentin Tarantino. Un classique comme Boulevard de la mort, réalisé par ce dernier, n’aurait jamais vu le jour sans Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! C’est un film déroutant et inclassable, qui mêle de nombreux genres différents, du western détourné au film de série B loufoque en passant par l’érotisme diffus lié à l’émergence de la période hippie. 

Libre dans la vie comme à l’écran, Tura Satana a également enchaîné les conquêtes, d’Elvis Presley à Frank Sinatra…

Tura ne s’est jamais mis aucune barrière ! Et, oui, son histoire avec Elvis Presley fait également partie de sa légende… C’est d’ailleurs elle qui lui a appris son jeu de jambes légendaire accompagné d’un petit mouvement du bassin !

 

Parlez-nous du documentaire Tura !  prévu pour septembre 2017.

Ce documentaire est basé sur ses mémoires intitulés The Kick Ass Life of Tura Satana. Nous retraçons toute sa vie, de son enfance compliquée aux années Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !  en passant par sa période burlesque. Ces séquences d’archives seront commentées par des intervenants de choix, de John Waters à Dita Von Teese en passant par Allison Sanders. Un bel hommage digne de cette guerrière !