Lyna Khoudri et Benjamin Voisin nous racontent les coulisses de l’excellente série Carême
Dans Carême, la nouvelle série culinaire d’Apple TV+, Benjamin Voisin et Lyna Khoudri incarnent avec brio deux personnages aux destins entremêlés dans un tourbillon de gastronomie, de politique et de passion. Alors que le chef Antonin Carême révolutionne la cuisine française au service de Napoléon, Henriette, espionne audacieuse, manipule les hautes sphères du pouvoir. À cette occasion, Numéro a rencontré les deux acteurs pour échanger sur leurs rôles et l’univers fascinant de cette série d’époque.
propos receuillis par Nathan Merchadier.
Carême, la série culinaire qui met en scène Lyna Khoudri et Benjamin Voisin
Réalisée par Martin Bourboulon, à qui l’on doit les films à succès Eiffel (2022) et Les Trois Mousquetaires (2023), Carême arrive sur Apple TV+ ce mercredi 30 avril. Cette série captivante nous plonge dans le monde de la haute gastronomie au début du 19e siècle, alors que l’Europe, sous l’impulsion de Napoléon, se transforme profondément sur le plan social et politique. On y suit l’ascension fulgurante d’Antonin Carême, un chef pâtissier devenu icône mondiale (on lui doit notamment l’invention de la pièce montée et du vol-au-vent), qui révolutionne l’art culinaire et les codes du pouvoir.
Le résultat ? Une délicieuse fresque historique où s’entrelacent intrigues politiques, festins grandioses et scènes de sexe sulfureuses. La série séduit par sa vision audacieuse de l’époque, alliant esthétique moderne et clins d’œil à l’histoire. Il faut dire que le casting est alléchant. Benjamin Voisin (Été 85, Illusions perdues) brille dans le rôle de ce chef visionnaire et très séducteur tandis que Lyna Khoudri (Papicha, Les Trois Mousquetaires) incarne avec subtilité une espionne intrigante.
À leurs côtés, un quatuor d’acteurs vaut aussi le détour : Juliette Armanet, Micha Lescot, Jérémie Renier et la jeune révélation Alice Da Luz, superbement costumés, donnent vie à des personnages secondaires hauts en couleur et convaincants, dans des décors fastueux qui soulignent le luxe et la décadence de cette époque troublée. Bref, le programme culinaire vise juste, (presque) sans aucune faute de goût. À cette occasion, Numéro a rencontré les deux acteurs pour échanger sur leurs rôles et l’univers fascinant de cette série d’époque.
L’interview de Lyna Khoudri et Benjamin Voisin, stars de la série Carême
Numéro : Vous interprétez respectivement un brillant chef cuisinier séducteur et une espionne redoutable dans la série Carême. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Benjamin Voisin : J’ai dit à mon agent que s’il voyait apparaître le nom de Lyna Khoudri dans une proposition de rôle, il fallait absolument que je participe à ce projet [rires].
Lyna Khoudri : Plus sérieusement, j’ai reçu quelques projets de séries, mais j’attendais d’avoir un scénario qui allait vraiment m’emporter, me toucher. J’ai décidé de rejoindre le casting de Carême, car j’ai été très intriguée par cette histoire que je ne connaissais pas. Le fait de revenir sur l’héritage de la cuisine française et de comprendre comment on a élevé la gastronomie française au rang d’art culinaire m’a passionnée. Je me suis dit que ce sujet méritait une série. J’avais déjà tourné avec Martin Bourboulon dans Les Trois Mousquetaires et j’ai apprécié le reste du casting. On peut dire que c’était la bonne recette [rires], sans mauvais jeu de mots…
Comment décririez-vous la nature de votre relation dans cette série ?
B.V : Au début de la série, le personnage d’Henriette est amoureux d’Antonin Carême, et c’est réciproque. Carême est repéré par Napoléon pour son talent culinaire. Il voit en lui un outil de soft power afin de servir ses négociations politiques. Il le fait venir dans ses cuisines et le nomme chef, mais il lui confie aussi des missions politiques pour lesquelles il est totalement novice. Henriette, elle, est déjà une espionne aguerrie, capable de manipuler et d’informer. À son contact, Carême va peu à peu découvrir le monde politique et gagner en maturité.
“Je ne connaissais pas l’univers des chefs cuisiniers ayant ce niveau-là. (…) Il y a quelque chose de très sacrificiel dans ce métier”. Benjamin Voisin
Benjamin Voisin, comment vous êtes-vous plongé dans le rôle d’Antonin Carême ? Avez-vous assisté des chefs dans leur quotidien ?
B.V : Non, je ne connaissais pas le monde de la cuisine à ce niveau-là. Pour me préparer, j’ai regardé plein de documentaires à la télévision, sur les chefs cuisiniers et l’univers du guide Michelin. Ça m’a frappé de voir à quel point leur vie peut être bouleversée par une étoile en plus ou en moins. Il y a quelque chose de très sacrificiel dans ce métier. J’ai aussi eu la chance de travailler avec le chef Christophe Haton, un Meilleur Ouvrier de France qui m’a appris les gestes, la rigueur et la beauté du travail en cuisine.
La série se déroule dans un Paris métamorphosé. Comment vous êtes-vous immergés dans cette époque si particulière ?
L.K : Nous sommes beaucoup aidés par les décors, les costumes et la manière de parler, car tout est différent d’aujourd’hui. Même si l’on ne trouve pas forcément de documentaires précis sur des détails de cette époque, on s’appuie sur des tableaux, des écrits, des illustrations. Le simple fait de porter un corset ou des bottes te fait naturellement bouger autrement. Il y avait aussi une volonté du réalisateur, Martin Bourboulon, de mélanger l’historique et une esthétique plus contemporaine, pour donner à la série une couleur unique.
B.V : La série cherche à créer un pont entre une époque plus ancienne et une esthétique plus contemporaine. Martin Bourboulon voulait justement que l’on prenne des libertés artistiques. Par exemple, le look de Carême a un côté très années 70, ce qui n’a rien à voir avec le 19e siècle. Mais dans l’ambiance de la série, ça fonctionne très bien. Martin est aussi très fort pour fédérer toutes les équipes – costumes, son, décors – et cette cohésion donne une vraie énergie au projet.
“Pour réussir à se plonger dans le Paris du 19e siècle, on a été beaucoup aidés par les décors, les costumes et la manière de parler.” Lyna Khoudri
Quels sont vos meilleurs souvenirs de tournage ?
L.K : Pour moi, la scène marquante, c’est la dernière entre Henriette et Carême. C’est un moment clé de la série, qui a lieu durant un grand bal. On avait beaucoup travaillé cette séquence, mais le jour du tournage, rien ne fonctionnait : il faisait froid, c’était tôt, et le rythme n’allait pas. On a même essayé d’adapter le texte avec la réalisatrice et scénariste Leïla Maracchi. Finalement, à l’écran, la scène rend très bien.
B.V : Il y a une très belle scène dans l’épisode 4, réalisé par Matias Boucard. Nos personnages sont dans les bras l’un de l’autre, mais chacun regarde dans une direction différente. On sent qu’ils commencent à s’éloigner, sans vraiment se comprendre. Visuellement, avec le travelling avant, on est très proches, mais dans les regards, on perçoit ce qu’il reste de non-dits. C’est une scène forte et pleine de subtilité.
“J’ai trouvé qu’il manquait une série qui aborde l’univers de la cuisine comme le fait Carême”. Lyna Khoudri
Beaucoup de séries sur l’univers de la cuisine, à l’image de The Bear sont sorties récemment. Quels sont vos programmes culinaires favoris ?
L.K : Je n’ai pas vu The Bear mais plus globalement, j’ai trouvé qu’il manquait une série qui aborde l’univers de la cuisine comme le fait Carême. Avec un prisme historique, mais aussi beaucoup de modernité.
B.V : La série qui m’a impressionnée, c’est Hannibal (2013-2025) avec Mads Mikkelsen. Les scènes de cuisine y sont sublimes et c’est Mads Mikkelsen qui réalise lui-même les gestes avec une précision incroyable. On sent qu’il aime vraiment cuisiner. Sa main est toujours stable, comme celle d’un vrai chef. Une telle maîtrise est difficile à atteindre pour un acteur…
Lyna Khoudri, on vous verra bientôt dans le long-métrage 13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon. Benjamin, vous serez prochainement à l’affiche du film L’Étranger de François Ozon. Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
L.K : Je joue dans un film de Tarik Saleh qui s’appelle Les Aigles de la République, qui sera présenté au Festival de Cannes. Et dans un autre long-métrage signé Melissa Drigeard qui s’appelle Le Gang des Amazones. J’y donne la réplique à Izïa Higelin et Laura Felpin. Après ça, je crois que j’aurais besoin d’un peu de repos [rires].
B.V : De mon côté, je pars au Maroc pour tourner un film inspiré d’un texte d’Albert Camus. Ce long-métrage pose la question : “Quel sens ça a de naître, de vivre et de mourir ?”. Tout un programme…
Carême, créée par Ian Kelly et Davide Serino et réalisée par Martin Bourboulon, disponible sur Apple TV+ le 30 avril 2025.