Avec Arcane, le jeu vidéo League of Legends s’impose définitivement dans la pop culture

League of Legends, le jeu vidéo phénomène qui a séduit Louis Vuitton

Habitué à trimballer des hordes de touristes en effusion, le monte-charge de la tour Eiffel transporte des hôtes bien différents en cette matinée du vendredi 8 novembre 2019. Toute la presse du jeu vidéo a rendez-vous au premier étage pour assister à la conférence de presse de la finale des championnats du monde de League of Legends. Dans la salle de réception, Britanniques, Allemands, Chinois, Coréens sont si émerveillés qu’il semble difficile de tempérer leur excitation. La finale débutera 48 heures plus tard…

Lancé en 2009 par la société américaine Riot Games, League of Legends cartonne immédiatement et participe à la démocratisation des sports électroniques (esport) souvent décriés… voire moqués. Pourtant, ce jeu multijoueurs a engendré une véritable communauté de fans qui partagent un jargon spécifique, passent des heures en ligne et encensent les mêmes gourous : des gamers professionnels, véritable sportifs de haut niveau qui rapportent des millions de dollars à leurs équipes respectives et enterrent progressivement le cliché du geek aux mains pleines de chips.

En France, l’équipe française Vitality tire son épingle du jeu suivie de près par la section esport du Paris Saint-Germain. Au nombre de 13, les ligues professionnelles sont devenues des institutions, de la LCS d’Amérique du Nord à la LCK en Corée.

Un jeu vidéo qui fait naître des stars

Le principe du League of Legends est le suivant : deux équipes s’affrontent dans une arène virtuelle en ligne (MOBA) et chaque joueur contrôle un champion aux compétences uniques. La première équipe à détruire le bâtiment situé au cœur de la base ennemie remporte la partie.

Cette année, la compétition, sobrement surnommée “les Worlds”, a littéralement pulvérisé les records d’audience en réunissant près de 6,9 millions de spectateurs (hors Chine). En 2024, c’est finalement l’équipe sud-coréenne T1 qui s’est imposée face à la formation chinoise Bilibili Gaming (3-2) permettant au passage à son joueur star, Fakear, de décrocher son cinquième titre de champion du monde, enracinant encore davantage sa légende de meilleur joueur esport.

Louis Vuitton entre dans la danse

Au cœur de cette effervescence, c’est une maison de luxe qui crée la surprise : en 2019, Louis Vuitton et Riot Games annoncent leur collaboration exclusive. D’abord, la maison a développé un écrin exclusif destiné à accueillir la “Summoner’s Cup”, trophée décerné aux champions du monde et considéré comme le prix le plus prestigieux de la catégorie “esport”. Ensuite, Riot Games a dévoilé de nouveaux skins – une personnalisation thématique d’un ou plusieurs personnages – ainsi qu’une collection capsule créée par Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme.

Riot Games n’a pas fait dans la dentelle. La société américaine souhaite rafraichir sa marque et a monté un groupe de musique virtuel de toutes pièces, True Damage, dont le look hip-hop streetwear futuriste n’a laissé personne indifférent. Les héroïnes Qiyana et Senna arborent justement les skins Louis Vuitton. Trois autres champions, Akali, Ekko et Yasuo, complètent le groupe.

Arcane : la série Netflix exceptionnelle réalisée par un studio français

Objectif de ce coup de com’ de 2019 : valoriser la France – qui organisait en plus les JO cette année –, en mettre plein la vue au marché asiatique et “renforcer le prestige du plus incontournable des événements League of Legends” selon Naz Aletaha, directrice des partenariats chez Riot Games. Pour information, les billets pour assister à ces événements sportifs s’écoulent généralement en une quinzaine de minutes et se revendent ensuite à plus de 600 euros sur Internet…

Mais League of Legends est bien plus qu’un simple jeu. C’est tout un univers qui a notamment inspiré la série d’animation fantastique et époustouflante Arcane, créée par Christian Linke et Alex Yee, désormais l’un des plus grands succès de la plateforme Netflix. Et ce n’est autre que le studio Fortiche Production, fondé en 2009 à Paris, qui s’est retrouvé aux manettes du programme.

Considérée comme l’une des meilleures séries de l’année 2021, Arcane a remporté, peu après la diffusion de sa première saison, quatre Primetime Emmy Awards dont celui du meilleur programme d’animation, devenant ainsi la première série en streaming à remporter cette distinction. Chacun salue son montage et sa mise en scène hors normes ainsi que sa prise de risque esthétique.

Car le studio français, collaborateur du mastodonte Marvel repense la 3D classique et se rapproche de la technique du live action (prise de vue réelle) pour développer un style mêlant 2D et 3D dans la veine des clips du groupe Gorillaz, avec lequel il collabore, et des dessins du Britannique Jamie Hewlett. Mais très vite, le studio essuie de vive critiques : le budget alloué pour la série Arcane serait bien trop élevé, on l’estime à 250 millions de dollars, un montant énorme pour une série qui ne compte que deux saisons…

Du fan service subtil et une direction artistique extraordinaire

Le niveau d’animation d’Arcane est tout simplement somptueux. Et le scénario est à la hauteur de la direction artistique : championnes de leurs villes jumelles et rivales (la huppée Piltover et la sous-terraine Zaun), deux sœurs, Vi et Powder, s’affrontent dans une guerre où font rage des technologies magiques et des perspectives diamétralement opposées. Comme Game of Thrones avant elle,

Arcane parvient à tenir ses spectateurs en haleine sur un cours laps de temps – seulement deux saisons – et n’hésite pas à tuer froidement ses personnages. La série parvient également à séduire les fans du jeu comme les néophytes en intégrant subtilement les personnages du jeu, leurs armes ainsi que leurs compétences dans la narration. Du fan service comme il devrait toujours être pensé.

La saison 2 d’Arcane, créée par Alex Yee et Christian « Praeco » Linke est disponible sur Netflix.