26 mars 2025

Adolescence : pourquoi la mini-série produite par Brad Pitt cartonne sur Netflix

Dévoilée le 13 mars dernier, la mini-série Adolescence déchaîne les passions, arrivant en première place des programmes les plus vus sur Netflix. Si le show est porté par une distribution de haut vol, le pitch d’Adolescence reste plutôt classique : un drame où un jeune homme est accusé de meurtre… Alors comment est-ce que la série est parvenue à réunir plus de 60 millions de spectateurs en seulement deux semaines ? Décryptage.

  • par Jordan Bako.

  • La bande-annonce de la série Adolescence (2025).

    Adolescence, une mini-série acclamée par le public

    Depuis sa mise en ligne sur la plateforme Netflix le 13 mars dernier, la mini-série Adolescence règne en maître sur les programmes les plus vus de la plateforme. En seulement deux semaines, la série a réuni pas moins de 60 millions de téléspectateurs devant leurs écrans (selon la plateforme).

    Une prouesse pour Adolescence – qui pourrait bien devenir l’un des plus beaux succès de Netflix… En effet, à titre de comparaison, la mini-série Le Jeu de la Dame, avec Anya Taylor-Joy, était parvenue à toucher une telle audience en un mois lors de sa sortie en octobre 2020. Mais comment expliquer le succès de ce show haletant qui a permis à beaucoup de spectateurs d’aborder, en famille, des thèmes comme le harcélement scolaire et la masculinité toxique ?

    Un récit sur la montée des masculinismes chez les jeunes

    La vie de la famille Miller prend un tournant brutal lorsque Jamie, le dernier de la portée, est arrêté par les forces de police. Incarné par le fabuleux Owen Cooper dans son premier grand rôle, le jeune homme de 13 ans est accusé d’avoir assassiné Katie, l’une de ses camarades de classe. En quatre épisodes, la série tente de percer à jour ce qui aurait pu motiver le jeune Jamie à commettre une telle atrocité. Si le scénario aurait pu être celui d’un épisode quelconque de série policière, Adolescence réussit le tour de force de livrer un récit actuel, refusant le sensationnalisme.

    À travers la carrure frêle et le regard timoré de Jamie, le programme aborde la thématique des masculinités chez les jeunes à une heure où les narrations virilistes sont à leur zénith sur la toile. En effet, elle traite de la montée des récits incel (de l’anglais involuntary celibate), ces hommes qui se disent victimes d’une prétendue misère sexuelle, prônant une répression contre les femmes qui refuseraient leurs avances.

    Courant rétrograde, éclipsant les avancées féministes de ces dernières années, le phénomène incel a récemment pris de l’ampleur sur Internet, à travers des figures telles que l’influenceur misogynie aux millions d’abonnés Andrew Tate. Le nom de ce dernier est d’ailleurs évoqué dans la série, traitant ainsi de la façon dont la rhétorique incel a été démocratisée chez les plus jeunes… En effet, Jamie – ainsi que les autres membres de son lycée – auraient eu accès à ces discours. Ce qui aurait poussé le jeune garçon à se venger de sa camarade de classe…

    Des acteurs de haut vol

    Les premières minutes d’Adolescence se déroulent dans une voiture de police avec des officiers échangeant des banalités au volant du véhicule. Mais très vite, la caméra de la série s’immisce dans une salle d’interrogatoire comme dans les couloirs d’un lycée. Les interprétations livrées par chaque membre du casting retiennent l’attention, à commencer par celle de Stephen Graham, à la fois créateur et l’un des protagonistes de la série.

    Habitué des films et séries d’action (Peaky Blinders, Boardwalk Empire, The Irishman), le comédien fait des étincelles dans ce drame en père impuissant face à la violence qu’il découvre à son fils. Épaulé par les actrices Christine Tremarco et Amélie Pease qui jouent les mère et sœur de Jamie, il fait face à l’officier Bascombe (le captivant Ashley Walters de Top Boy), en charge de l’enquête. 

    Mais le point d’acmé d’Adolescence reste sans doute l’épisode 3 de la série. Dans ce dernier, Jamie fait l’objet d’une évaluation psychologique par la spécialiste Briony Ariston, incarnée par l’excellente Erin Doherty (The Crown). L’échange entre les deux personnages débute par une tendre complicité – avant de prendre une tournure dramatique. Au fil de la conversation, Jamie se défait de toute inhibition, éructant sur sa psychologue.

    Cette dernière tente tant bien que mal de garder son aplomb, à mesure que l’adolescent débite provocations et réflexions misogynes. En résulte une séquence haletante, augurant le meilleur pour ces deux acteurs. Même si il n’a que 15 ans, certains voient en Owen Cooper un jeune Leonardo DiCaprio – et peut-être le futur lauréat d’un BAFTA Award…

    Une série produite par Brad Pitt intégralement tournée en plans-séquences

    Autre raison du succès d’Adolescence ? Le dispositif singulier de la série. Chacun des quatre épisodes du programme est tourné en un seul et unique plan-séquence. Avec une durée avoisinant les 60 minutes, les épisodes ne comportent aucun cut, ne laissant aucune issue de secours à ses acteurs. Dynamique, la mise en scène orchestrée par le réalisateur Philip Barantini (qui usait déjà du plan-séquence dans The Chef) joue astucieusement entre hors-champ et plans rapprochés sur les visages ravagés d’émotions des comédiens. 

    Dans une série de tweets publiée ce 15 mars, le compte britannique de Netflix révèle que le premier épisode d’Adolescence n’a requis que deux prises pour voir le jour. D’autres, à la manière de l’épisode 4 qui suit la reconstruction de la famille de Jamie après son arrestation, a nécessité plus de 15 prises. Co-produite par Plan B Entertainment, la société de Brad Pitt, Adolescence s’inscrit dans la lignée des mini-séries Netflix acclamées par la critique comme par le public.

    Diffusé en avril 2024, le thriller Mon petit renne avait raflé quatre Emmy Awards – propulsant sous les feux des projecteurs ses acteurs Richard Gadd et Jessica Ganning. On souhaite un pareil succès au casting d’Adolescence lors de la prochaine saison des cérémonies…

    Adolescence (2025), de Philip Barantini, disponible sur Netflix.