Sasha, 7 ans, petite fille née dans un corps de garçon
Ce soir à 20h50, Arte diffuse “Petite fille”, le dernier documentaire de Sébastien Lifshitz. À travers le portrait de Sasha, une enfant transgenre, et de sa famille qui se bat pour faire comprendre sa différence, le cinéaste réalise ici un film débordant de tendresse.
Par Chloé Sarraméa.
Quand nous l’avions rencontré l’an dernier à l’occasion de sa rétrospective au Festival d’Automne, Sébastien Lifshitz nous avait surpris. Attablé dans un café du 11e arrondissement parisien, le cinéaste aux yeux rieurs avait été l’un des seuls – si ce n’est le seul – à nous retourner les questions que nous lui posions sur la vie, sur le cinéma et sur la volonté de faire des films (de les défendre, dans notre cas) qui “laissent une trace”. D’emblée, nous l’avions senti : l’auteur des Invisibles (César du meilleur documentaire en 2012) est avant tout un homme profondément soucieux des autres et déterminé à s’enrichir de toutes les rencontres qu’il a faites au cours de sa vie.
En tant que réalisateur, Sébastien Lifshitz s’est donné pour mission de filmer les laissés-pour-compte. En s’armant d’une caméra pour représenter ceux qui ne le sont pas (ou peu), ce dernier défend des causes qui lui sont chères et met un peu de ce qu’il est sans ses documentaires, pourtant entièrement dédiés aux autres. Dans Petite fille, son dernier long-métrage, celui qui avait déjà mis en scène la transidentité dans Wild Side (2004) et dans Bambi (2013) – documentaire sur l’une des premières femmes transgenres françaises née en 1953 – raconte le quotidien de Sasha, petite fille née dans un corps de garçon.
Depuis l’âge de 3 ans, cette gamine issue d’une famille nombreuse du nord de la France rêve de porter des robes à l’école et d’aller nager dans un maillot de bain deux pièces. Problème : son état civil stipule qu’elle est un garçon et ses instituteurs et professeurs de danse refusent catégoriquement qu’elle s’habille “en fille”. C’est ce que Sébastien Lifshitz est venu filmer, le combat d’une famille – plus précisément de Karine, la mère de l’enfant – pour faire comprendre aux autres la différence de l’un de ses membres. Ainsi, le réalisateur suit Sasha et sa maman lors de rendez-vous chez une pédopsychiatre basée à Paris qui leur explique notamment la notion de dysphorie de genre (c’est-à-dire le fait de ne pas se reconnaître dans le sexe de leur naissance) mais aussi dans des moments intimes, où le clan lutte pour l’épanouissement de l’enfant. Grâce à ce film, Sébastien Lifshitz dénonce (tout en douceur) une société dans laquelle des représentants de l’Éducation nationale s’érigent contre ce qu’ils ne comprennent pas. Peut-être par manque d’ouverture d’esprit, d’information ou d’accès à la culture… Cette dernière permettant de découvrir des films militants, dont Petite fille est le parfait exemple.
Petite fille (2020) de Sébastien Lifshitz, diffusé ce soir à 20h50 sur Arte et disponible en replay jusqu’au 30 janvier.