Richard Bernstein, une vie dans l’ombre d’Andy Warhol
Membre éminent de la Factory, ami d’Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat ou encore Glenn O’Brien, exposé dans les plus grands musées du monde, le pop artist Richard Bernstein est une personnalité phare du New York bohème des années 70 dont les images sont désormais iconiques, mais qui ne bénéficiera jamais de la reconnaissance qu’il mérite…
Par Léa Zetlaoui.
Les éditions Rizzoli publient une monographie préfacée par Grace Jones qui retrace l’œuvre et le parcours de Richard Bernstein, une personnalité phare du New York bohème des années 70 pourtant aussi discrète qu’incontournable.
1. Il est l’auteur des covers les plus iconiques du magazine Interview
Fondé en 1969 par Andy Warhol, le magazine Interview célèbre tout ce que New York compte de branché et d’arty à travers des portraits intimes, des chroniques de soirées au Studio 54 et des couvertures pop et colorées. Recruté par le rédacteur en chef de l’époque Glenn O’Brienn, Richard Bernstein, né à New York en 1939 et diplômé des Beaux Arts de l’Institut Pratt et de l’Université de Columbia, transforme des portraits de célébrités réalisés par Albert Watson ou Herb Ritts en œuvre pop art à coups d’aérosols, peintures et pastels. Au total, il signera 189 covers entre 1972 et 1989 (date à laquelle Peter Brant rachète le titre) parmi lesquelles celle de Grace Jones, Madonna ou Debbie Harry. Ses œuvres marquent les esprits et lancent de nombreuses carrières.
2. Une figure éminente du New York bohème des années 70 à 2000
En 1974, Steve Rubell et Ian Schrager inaugure ce qui deviendra le temple de la nuit new-yorkaise, le Studio 54. Le club réunit toute la faune arty et mode locale d’Andy Warhol à Glenn O’Brienn en passant par Grace Jones et bien sûr Richard Bernstein. Calme olympien, boucles brunes et romantiques, style rock’n’roll, l’artiste, également résident du célèbre Chelsea Hotel de la fin des années 60 à sa mort, incarne à merveille une certaine idée du New York des années 70 et 80 : une planète cool, underground et bohème fan de ses œuvres, de drogue, de sexe et de fête. D’ailleurs, il organisera au sein de la bâtisse de 12 étages – qui hébergea de nombreux artistes tel que Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Janis Joplin, Robert Mapplethorpe, Bob Dylan ou Charles Bukowski – des soirées mémorables ou des orgies pour le couple Dali.
3. Une vie dans l’ombre d’Andy Warhol
Si son travail, reconnaissable entre mille et aujourd'hui présent dans les plus grands musées du monde (Tate, MoMa, Met ou encore Stedelijk), a été plusieurs fois exposé, le nom de Richard Bernstein n’aura pas atteint la popularité de ses contemporains, Warhol, Basquiat ou Lichtenstein. Les œuvres de Richard Bernstein, finalement trop proches des sérigraphies colorées d’Andy Warhol furent souvent attribuées à tort au pape du Pop Art. Hors des sentiers de la popularité, Richard Bernstein ne réclamera jamais son dû. Il continuera toute sa vie à immortaliser les plus grandes célébrités de notre époque, jusqu’à sa mort en 2002, passée complètement inaperçue.
Richard Bernstein: STARMAKER by Roger Padilha and Mauricio Padilha, Rizzoli.