13 juin 2023

Rencontre avec Mads Mikkelsen et Phoebe Waller-Bridge, héros d’Indiana Jones 5

La saga d’aventure mettant en scène le plus intrépide des archéologues, née dans les années 80, connaît une seconde jeunesse. Dans le très rythmé Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023), diffusé ce vendredi 26 janvier 2024, sur Canal+, le charismatique Mads Mikkelsen joue un nazi qui veut refaire l’histoire tandis que la talentueuse Phoebe Waller-Bridge campe une arnaqueuse fantasque. Ces deux acteurs brillants nous racontent cette nouvelle épopée.

Indiana Jones 5 : un film intergénérationnel porté par la piquante Phoebe Waller-Bridge


C’est l’histoire d’un sacré coup de fouet, porté par le sang neuf du cinéma américain. Au début d’Indiana Jones et le Cadran de la destinée, diffusé, ce vendredi 26 janvier 2024 sur Canal+, et évoque l’âge et ses limites, l’archéologue et aventurier Indiana Jones (joué par le flamboyant Harrison Ford) est sur le point de se retirer, en 1969. Mais son envie de repos va vite se retrouver mise à mal. En effet, il reçoit la visite inattendue d’Helena Shaw (campée par Phoebe Waller-Bridge), sa filleule, qui n’est autre que la fille de l’un de ses meilleurs amis décédés, qui veut retrouver un artefact rare confié par son père à Indiana. Il s’agit du cadran d’Archimède, une relique qui permet de repérer des fissures spatiotemporelles et de voyager dans le temps, également convoitée par un scientifique nazi qui veut refaire l’histoire (Mads Mikkelsen).

 

Indiana Jones va alors se livrer à une dernière mission avec sa filleule, et un jeune garçon lui aussi spécialiste du vol qui l’accompagne (joué par le Français Ethann Isidore). La rencontre entre ses trois personnages de générations différentes, qui vont s’unir dans un même but (contrer le méchant de l’histoire de mettre la main sur la relique afin d’empêcher une nouvelle catastrophe mondiale), est l’un des grands points forts d’Indiana Jones et le Cadran de la destinée, un volet aussi spectaculaire que d’une grande humanité. Il faut aussi y ajouter sa BO, ses acteurs charismatiques et la présence de l’humour grinçant de l’insolente actrice et scénariste anglaise Phoebe Waller-Bridge.

 

La star de 38 ans qui s’est fait connaître grâce aux séries Fleabag (2016-2019) et Killing Eve (2018-2022) excelle en arnaqueuse et voleuse drôle, libre et têtue, à laquelle elle apporte son charme décalé. En conférence de presse, l’actrice décrit ainsi son sémillant personnage de femme fatale aventurière, moderne et féministe, ainsi : « Helena et son indépendance farouche, ce n’est pas le genre de personnage que nous avons déjà beaucoup vu au cinéma. Elle s’est taillé sa place dans le monde, pour elle-même, et elle refuse d’avoir besoin de quelqu’un d’autre. Son esprit est une grande force. Elle est autonome, imaginative et dotée d’un bon sens de l’humour. Je considère aussi sa faiblesse comme sa force [rires] : elle ne regarde pas vraiment avant de sauter, et il y a une intrépidité en elle qui peut être interprétée à tort comme une imprudence. Même si c’est quelque chose que j’aime chez elle, c’est aussi ce qui lui cause des ennuis. Elle ne sait probablement pas vraiment comment demander de l’aide. Cela lui a donné une force d’acier dans sa vie, mais, et cela fait partie du voyage que j’ai adoré faire avec elle, elle doit s’ouvrir un peu. »

 

« Helena et son indépendance farouche, ce n’est pas le genre de personnage que nous avons déjà beaucoup vu au cinéma. » Phoebe Waller-Bridge

 

L’actrice anglaise a aussi apprécié la relation, amicale et quasi filiale, nouée par Indiana et Helena. « Elle est la bonne personne pour entrer dans sa vie à ce moment-là parce qu’il a l’impression d’être dans un cul-de-sac émotionnel. Et je pense aussi qu’il vit à une époque, la fin des années 60, où l’attention s’est déplacée. Les gens regardent vers l’avenir et vers la lune, sur laquelle ils marchent. Et il n’y a pas autant de passion pour ce qui le passionne autour de lui. Donc, quand elle arrive, non seulement elle apporte une brise de fraîcheur et de joie venue de son passé, qui lui rappelle la relation qu’il avait noué avec son père, mais aussi sa passion pour l’archéologie et pour l’aventure, ce qui l’illumine à nouveau. Elle est très intelligente car elle a également son propre plan moralement ambigu (elle gagne sa vie en vendant des antiquités au plus offrant, ndlr), bien sûr. »

 


L’impertinente Phoebe Waller-Bridge, qui s’est inspirée de l’actrice Barbara Stanwyck pour jouer ce personnage frondeur, insiste sur les leçons mutuelles que s’apportent Indiana et Helena dans cette nouvelle épopée de la saga d’aventure. « Ironiquement, grâce à l’aventure qu’elle traverse avec Indy, cette passion – pour l’archéologie – qu’elle faisait semblant d’éprouver au début du film, devient réelle. Elle apprend aussi qu’être vulnérable [rire] est assez essentiel. Il y a un moment, à la fin de ce Indiana Jones, où elle s’ouvre, et révèle qu’elle se soucie d’Indy, et qu’il est important pour elle. Cela forge un nouveau type de relations pour elle. Qu’ils continuent ou non à être amis, ce que je crois qu’ils seront toujours après cette ces tribulations, elle est à jamais changée par ce qu’ils ont vécu. Et j’ai adoré que cela se produise de manière intergénérationnelle. C’est une histoire vraiment belle à raconter. »

L’immense Mads Mikkelsen dans le rôle du méchant terrifiant d’Indiana Jones et le Cadran de la destinée

 

Le charismatique et mystérieux Danois au sourire carnassier et à la classe folle Mads Mikkelsen (Drunk, Hannibal, Casino Royale, La Chasse), 58 ans, est l’un des plus grands acteurs de sa génération, aussi à l’aise dans les blockbusters que les films d’auteur. Et c’est l’un des grands atouts de ce Indiana Jones 5. Il y incarne le méchant Jürgen Voller, un scientifique nazi inspiré d’un véritable disciple d’Hilter, Wernher von Braun, un ingénieur allemand qui a travaillé à la Nasa après la Seconde Guerre mondiale.

 

Grâce à son talent, l’ex-danseur parvient à éviter les clichés pour dévoiler un personnage double, qui parvient à se fondre dans la masse une fois installé aux États-Unis. « Sa passion pour son travail, pour les maths, pour les sciences constitue une force. Mais sa passion pour le parti nazi et le IIIe Reich constitue sa perte. » Habitué aux rôles de méchants, le Danois joue pourtant ici une nouvelle partition. « C’est le premier nazi de ma filmographie, donc ça fait une différence. En général, j’essaie de trouver ce qui humanise les méchants que j’incarne, dans une certaine mesure. Si je ne peux pas m’identifier à ce dont ils rêvent, je pense à quelque chose d’autre dont je peux rêver parce que ce personnage est passionné. Et si je ne comprends pas sa passion non plus, je vais devoir remplacer cette passion par autre chose. »

 

« C’est le premier nazi de ma filmographie. » Mads Mikkelsen

 

Même s’il se retrouve du mauvais côté du spectre dans ce film, l’acteur proche de la maison de mode Zegna rêvait de faire partie de la franchise Indiana Jones depuis longtemps. En conférence de presse, il explique : « Ce n’est pas ma première franchise – l’acteur a joué dans Star Wars, James Bond et Star Wars –  mais c’est la première avec laquelle j’ai grandi. J’ai menti dans toutes les autres interviews que j’ai faites pour Bond et Star Wars. J’ai toujours dis que je les avais vus, mais c’était faux. J’ai grandi avec celui-ci. Et je me souviens que mon frère et moi, nous étions un peu radins. Normalement, mon frère avait toujours une petite amie qui travaillait dans un cinéma quelque part, mais pas à cette époque, donc on a du louer le film. On l’a loué ensemble avec cinq autre films, et on a fini par regarder cinq fois Indiana Jones et pas les autres. »

 

Souvent politiquement incorrect en interview, l’acteur ne cache pas sa joie, presque enfantine, de faire partie de l’univers de l’univers de l’archéologue casse-cou. « Les films Indiana Jones ont façonné notre génération. J’ai beaucoup d’amis, en particulier des réalisateurs, qui ont débuté dans le cinéma à cause de cette saga. Enfant, je voulais juste être cet aventurier ou ne pas être acteur du tout. Tout le monde veut être Indiana Jones. C’est un immense honneur de faire partie de ce monde, plus de 42 ans plus tard. » Mads Mikkelsen a également profité de la conférence de presse du nouveau Indiana Jones pour dévoiler le meilleur conseil qu’il ait reçu en tant qu’acteur. Un professeur de cinéma lui a un jour dit : « N’oublies pas que tu es un menteur professionnel, mais ne mens pas. Ils le verront. » Jusqu’ici, à l’écran, le héros des Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore (2022), d’une justesse confondante, a fait honneur à son mentor.

 

Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023) de James Mangold, diffusé le 26 janvier 2024, sur Canal+.