Les confessions d’Halle Bailey et Javier Bardem, héros du film Disney La Petite Sirène
En mai 2023 sortait l’un des films les plus attendus de l’année, La Petite Sirène. Dans cette version live action émouvante du dessin animé culte de Disney, sorti en 1989, Ariel est une petite sirène noire amoureuse d’un prince blanc. De quoi rendre ce conte aussi engagé qu’émouvant. À l’occasion de sa diffusion sur la plateforme Disney+ le 25 octobre 2024, l’actrice et chanteuse Halle Bailey, qui joue Ariel, et Javier Bardem, qui incarne son père à l’écran, le roi Triton, nous racontent les coulisses d’un film qui nous plonge autant dans le rêve que dans des thématiques – universelles – issues du réel.
par Violaine Schütz.
Halle Bailey, héroïne magnétique de La Petite Sirène
Quand l’actrice, compositrice et chanteuse américaine solaire Halle Bailey, moitié du duo R’n’B Chloe x Halle formé avec sa sœur et petite protégée de Beyoncé, a appris qu’elle était choisie pour jouer l’une des héroïnes les plus cultes de l’univers Disney dans un remake en prises de vue réelles, elle en a pleuré de joie.
Lors d’une conférence de presse à laquelle Numéro a assisté, la jeune fille de 24 ans se souvient : “La veille, nous avions fêté l’anniversaire de ma sœur (la chanteuse, auteure-compositrice et actrice Chloe Bailey). Nous avions loué un Airbnb et nous rentrions juste à la maison, et défaisions nos affaires. Et là, j’ai reçu cet appel de Rob (Marshall, le réalisateur, ndlr). En fait, je ne réponds pas aux numéros inconnus, donc en le voyant, je me suis dis, peu importe, je ne vais pas y répondre. Et puis mon petit frère est arrivé en courant vers moi, en criant : “Réponds à ton téléphone, réponds à ton téléphone.” [rires] Je lui ai répondu : “D’accord”. Et j’ai décroché et Rob a dit : « Bonjour. Je cherche Ariel. Et là, j’ai pensé : “Oh mon Dieu”, et j’ai juste pleuré durant toute la journée.”
À ce moment-là, Halle Bailey ne s’attendait peut-être pas tout à fait aux gigantesques vagues de haine qui allaient s’abattre injustement sur elle. Avant même que l’adaptation en live action du mythique film oscarisé Disney La Petite Sirène, datant de 1989, ne sorte, le projet suscitait déjà un déferlement de racisme ahurissant. En effet, dès l’annonce du casting prônant, dans son ensemble, une grande diversité, en 2019, de nombreux internautes faisaient part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux concernant le choix de l’actrice appelée à incarner la fougueuse Ariel. Pour eux, la petite sirène était censée être blanche et non incarnée par une Afro-américaine arborant des dreadlocks rousses. Des haters lançaient même un hashtag : #NotMyAriel. Face à ses réactions malveillantes et déplacées, le remake de La Petite Sirène, qui sort en salles ce mercredi 24 mai, paraît encore plus nécessaire.
La Petite Sirène version 2023 : le beau message de tolérance de Disney
Dans cette adaptation attachante, portée par des séquences musicales émouvantes, la tolérance est au cœur de l’histoire. En effet, la curieuse, courageuse et aventurière Ariel est amoureuse du prince Eric, qui n’a pas la même couleur de peau qu’elle. Les deux jeunes gens ne se sentent pas à leur place dans leur monde et se ressemblent beaucoup, malgré leur appartenance à univers différent : la mer et la terre. Mais leur amour n’est pas accepté par leur entourage, car les humains ne doivent pas fréquenter des sirènes, selon d’ancestrales règles. La rebelle et passionnée Ariel, benjamine du roi Triton, va devoir lutter pour faire accepter son amour pour un homme venu d’ailleurs auprès des siens, notamment de son père. Et elle va même conclure un pacte dangereux avec la sorcière des mers, Ursula, pour se faire entendre. Un combat qui fait écho avec toutes les fois où, dans l’histoire et dans l’actualité, des gens jugés différents ont dû lutter pour se faire accepter et respecter.
Aujourd’hui, la talentueuse Halle Bailey se dit fière de sa prestation dans le film, notamment de son interprétation bluffante de la chanson Part of Your World, dans laquelle sa voix ferait pleurer les plus durs à cuire d’entre nous. Celle qui passait de nombreux jours de tournage dans d’immenses réservoirs d’eau explique au sujet de son personnage : “Ariel m’a vraiment aidée à me trouver, car elle représente cinq ans de ma vie aujourd’hui. Ce projet m’a occupée de l’âge de 18 à 23 ans, donc durant des années très intenses, de transformation, celles où vous grandissez en tant que jeune femme. Je me sens particulièrement connectée aux thèmes du film et à ce qu’elle a dû traverser en raison de sa passion, de sa conduite et de sa volonté de se faire entendre. Même si cela peut sembler effrayant, elle y va. J’ai l’impression que ce sont des choses que j’essaie vraiment d’adopter et d’apporter à Halle maintenant. Elle m’a beaucoup appris.”
Javier Bardem : un immense acteur dans la peau du père d’Ariel la petite sirène
Outre la belle histoire d’amour montrée dans La Petite Sirène, qui invite à aller voir plus loin que le bout de son nez, sa dimension écologique (sur la préservation des océans) et la présence, amusante, des compagnons animaliers d’Ariel, Sébastien, Eurêka et Polochon… ce sont les relations entre Ariel et son père, le roi Triton qui nous immergent dans des torrents d’émotion.
Cela tient beaucoup aux qualités dramatiques de l’acteur espagnol Javier Bardem, impressionnant en père tyrannique. Le héros de No country for Old Men (2007) qui, avoue-t-il en conférence de presse, se réjouit de pouvoir enfin montrer un de ses films à ses enfants, est entré rapidement dans son rôle. Le comédien se souvient : “J’ai aimé Halle dès le premier jour où je l’ai rencontrée. Donc, le reste du processus a simplement consisté à s’amuser et à profiter du tournage. Je pense qu’il était facile pour nous de nous connecter. J’ai toujours été hypnotisé par ses qualités en tant que performeuse, sans parler de son talent pour le chant. Mais en tant qu’actrice, quelle volonté et quel courage elle a ! Elle allait pile aux endroits où elle devait aller. Et c’était incroyable.”
L’époux de Penélope Cruz est aussi revenu, durant l’interview, sur les thèmes universels qui innervent le conte de La Petite Sirène. Des thèmes qui n’ont pas pris une ride depuis la version Disney des années 80 de l’histoire romantique publiée par Hans Christian Andersen en 1837. “Le film parle d’un homme aime profondément sa fille, et qui devient confus et inquiet concernant cet amour. Il empêche alors sa fille d’être libre. L’un des plus beaux thèmes de cette histoire est que la mère du prince Eric et le père d’Ariel, les adultes, apprennent de leurs enfants. C’est une leçon très importante sur ce que signifie l’amour. Ils pensaient qu’ils savaient ce que c’était que d’aimer, mais en fait, ce n’est pas le cas. Ils n’ont pas eu d’aperçu de ce qu’était le véritable amour avant qu’ils ne voient leurs enfants partir. Parfois, l’amour, c’est lâcher prise. Et il faut toujours respecter le chemin des autres.”
La Petite Sirène (2023) de Rob Marshall, avec Halle Bailey et Javier Bardem, disponible sur Disney+ le 25 octobre 2024.