Paul Mescal, l’acteur qui redéfinit la masculinité au cinéma
Révélé en adolescent torturé par la série phénomène Normal People, l’acteur irlandais Paul Mescal, qui jouait un père souffrant de dépression dans le bouleversant Aftersun (ce qui lui a valu d’être nommé aux Oscars), ne cesse d’impressionner. Alors qu’il vient de présenter à Cannes son nouveau et très exaltant film The History of Sound, retour son ascension fulgurante à Hollywood et sur ses rôles aussi divers qu’audacieux.
par Violaine Schütz.
À 29 ans seulement, Paul Mescal est l’une des sensations du moment à Hollywood. Révélé par la série géniale et subtile Normal People (en 2020), ce fils de policière et d’instituteur – l’anti nepo-baby – affole les producteurs. Jusqu’à figurer dans le très apprécié Gladiator 2, réalisé par Ridley Scott. Un rôle (celui de Lucius qui doit “rendre la gloire à Rome à son peuple”) qu’il aurait raflé à la coqueluche du cinéma américain Timothée Chalamet…
Et son nouveau projet, présenté au Festival de Cannes ce mercredi 21 mai 2025, risque également de faire grand bruit. Aux côtés de Josh O’Connor, il se plonge dans une romance gay durant la Seconde Guerre mondiale. Intitulé The History Sound, ce film signé du réalisateur Oliver Hermanus témoigne de l’audace – comme du talent – de l’acteur irlandais.
Paul Mescal, le héros musclé de Gladiator 2
Sorti à l’automne dernier, le péplum musclé Gladiator II voit l’acteur affronter Pedro Pascal dans une arène. Pour entrer dans la peau de ce guerrier téméraire, il a pris beaucoup de masse musculaire. Une transformation qui affole la toile… En effet, les photos de lui torse nu en gladiateur se partageant allègrement sur Twitter et Instagram. D’autres postent des photos de son visage aux côtés de celles de sculptures romaines ou grecques en notant des similitudes. Avec ce rôle, Paul Mescal deviendra, non plus la coqueluche du cinéma indépendant, mais une star sur laquelle il faut compter.
Rien ne destinait pourtant l’égérie Gucci à une carrière dans le septième art. Il était en effet d’abord défenseur dans deux équipes de football gaélique, avant qu’une blessure à la mâchoire n’entrave ses plans de carrière dans le sport de haut niveau.
Diplômé en art dramatique à Dublin et doté d’une superbe voix chantée (ainsi que d’un don pour le piano), il optera finalement pour la comédie. Et fait ses premiers pars au théâtre. Un choix judicieux comme en témoigne le CV déjà très riche de cet acteur irrésistible. Et qui semble aussi à l’aise dans le léger que dans le grave.
Paul Mescal révélé par la série Normal People
Flashback. En 2020, la série romantique, subtile et émouvante Normal People, adaptée du best-seller éponyme de Sally Rooney, connaît un succès phénoménal. Et cela tient beaucoup au talent de ses interprètes principaux : Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal.
Ce dernier, encore inconnu du public, crève l’écran dans le rôle de Connell Waldron. Il interprète un garçon aussi mélancolique que sensuel. Peu à l’aise dans la communication, il vit une relation amicale et amoureuse compliquée avec Marianne. Une histoire tumultueuse et très réaliste qui nous entraîne des bancs du lycée à l’université à Dublin. Avec, en toile fond, le poids des différences sociales.
Ses muscles et son visage de statue grecque, son regard bleu perçant et son jeu tout en finesse font de Paul Mescal un nouvel idéal masculin. Il donne en effet à voir une masculinité non toxique, à la fois athlétique et sensible. Son personnage a l’audace d’exposer ses faiblesses (notamment lors d’une poignante séance de thérapie durant laquelle il s’effondre). En même temps que Paul Mescal ose le nu frontal. L’Irlandais (à l’accent prononcé) séduit immédiatement les spectateurs et devient l’objet de nombreux comptes Instagram postant des captures d’écran de sa plastique… Sous toutes les coutures.
Une aura sexy façon Marlon Brando
Un an après la sortie de Normal People, le film de The Lost Daughter (2021), réalisé par l’actrice Maggie Gyllenhaal et diffusé sur Netflix, a beaucoup fait parler de lui pour son thème. Celui s’avère en effet peu vu au cinéma, car tabou : le regret maternel. Dans ce long-métrage troublant, chaque acteur exécute à la perfection sa partition. Et la critique n’a pas manqué de saluer les performances renversantes d’Olivia Colman (La Favorite, The Crown), Jessie Buckley (Je veux juste en finir) et Dakota Johnson dans des rôles de mères dépassées.
Mais Paul Mescal, dont la sensualité rappelle celle d’un Marlon Brando jeune, s’en sort aussi haut la main dans le rôle du plagiste sympathique et sexy qui aimante tous les regards féminins. En objet de fantasme qui n’est là que pour la saison des vacances en Grèce, l’acteur illumine un drame psychologique très noir.
Olivia Colman confiait d’ailleurs dans une interview qu’elle ne pouvait pas regarder Paul Mescal dans les yeux au début du tournage du film, tellement le souvenir de sa performance dans Normal People (et sans doute aussi le bleu piscine de son regard) l’étourdissait. L’actrice a même improvisé une scène avec l’Irlandais dans laquelle elle flirte avec lui.
Des rôles exigeants, d’Aftersun à Sans jamais nous connaître
C’est un film évanescent et elliptique d’une telle beauté et d’une telle justesse qu’on a du mal à ne plus y penser, une fois la projection terminée. Dans le sublime Aftersun (2023), premier long-métrage et véritable coup d’éclat de la réalisatrice écossaise Charlotte Wells, Paul Mescal incarne un père divorcé en vacances avec sa petite fille de 11 ans, en Turquie, à la fin des années 1990.
Si dans cette carte postale du passé (dont se remémore, une fois adulte, l’héroïne), les deux êtres se livrent à des activités estivales a priori banales (piscine, glace, karaoké) aux alentours d’un hôtel low cost. Mais on sent poindre chez cet homme mystérieux une fragilité et un mal-être aussi secrets que déchirants… Mutique, le jeu tellement crédible de Paul Mescal nous traverse de multiples frissons.
Un nouveau projet audacieux avec Josh O’Connor
En donnant un visage, magnifique, aux hommes qui souffrent en silence et cachent une fêlure, Paul Mescal aurait pu remporté l’Oscar du meilleur acteur 2023. Cette année-là, il était nommé aux côtés d’Austin Butler, de Colin Farrell et de Brendan Fraser. Une récompense précoce, mais qui aurait été amplement méritée pour un comédien qui possède un don inné pour nous ravager le cœur.
Depuis, on l’a vu dans le Carmen (2023) de Benjamin Millepied, le premier long-métrage du chorégraphe. Puis dans la romance gay déchirante entre deux être solitaires Sans jamais nous connaître, sorti au cinéma en février 2024. Une nouvelle fois, cet Apollon au regard bleu mélancolique des plus magnétiques charme par sa sensualité et son charisme face à l’excellent Andrew Scott (le hot priest de Fleabag et héros de la série Ripley).
Et le nouveau projet de Paul Mescal ne fait que témoigner de sa versatilité. Comme de sa capacité à redéfinir les codes de la masculinité à Hollywood. En compétition officielle au Festival de Cannes, The History of Sound dévoile l’acteur irlandais dans un drame romantique… Et dont le charme des deux protagonistes principaux risque de ne laisse personne indemne.
The History of Sound (2025) d’Oliver Hermanus, en compétition officielle au Festival de Cannes 2025. Au cinéma le 14 janvier 2026.