6 avr 2022

Qui est Atong Atem, lauréate du premier prix La Prairie Art Award 2022 ?

La maison de cosmétique de luxe suisse La Prairie a lancé, en étroite collaboration avec l’Art Gallery of New South Wales, son premier prix artistique : La Prairie Art Award 2022. Il a récompensé le mois dernier, la photographe d’origine sud-soudanaise installée aujourd’hui en Australie, Atong Atem, pour son travail qui dénonce le regard européen sur les corps noirs dans l’histoire de l’art et rend hommage aux migrants africains.

C’est un prix de 80 000 dollars que la photographe sud-soudanaise Atong Atem s’est vu attribuer en remportant le La Prairie Art Award 2022, premier prix artistique de la marque de cosmétique suisse décerné en collaboration avec l’Art Gallery of New South Wales à Sydney. Grâce à ce prix qui a vocation à célébrer le travail de femmes-artistes australiennes, la photographe, réfugiée en Australie après avoir fui le Kenya, sera exposée à l’Art Gallery of New South Wales et participera à la foire internationale d’art Art Basel à Bâle au mois de juin prochain. Ses portraits colorés – qui combinent photographie et peinture à la main –, dont les motifs rendent hommage à la culture africaine, ont séduit le jury du prix parmi les huit artistes australiennes en compéttition. 

 

Les portraits de femmes joyeux et colorés d’Atong Atemqui, au premier abord, semblent célébrer la beauté de ses sujets mais aussi l’héritage éthiopien et kenyan, sont en réalité hautement symboliques et subversifs. Dans son œuvre, le vêtement et le maquillage ont ainsi une place centrale : en jouant avec les codes et les motifs traditionnels d’Afrique de l’Est, l’artiste attire en effet notre regard sur la représentation des corps noirs dans l’histoire de l’art. Durant ses années de formation artistique, elle a en effet été longuement confrontée à l’hégémonie de l’art européen qui dépeignait les personnes de couleur de façon irréaliste, et souvent moqueuse.  Détournant, dans son travail, les clichés occidentaux sur les peuples africains, elle propose une photographie qui provoque un certain malaise chez le spectateur : choc visuel et éthique, son œuvre porte aussi un message politique. La série A yellow dress, a bouquet 2022 avec laquelle Atong Atem a emporté la conviction du jury a été créée dans le cadre du prix. Elle se compose de cinq autoportraits sur lesquels l’artiste apparaît en plan serré, le visage peint de couleurs vives. Dans cette œuvre, Atong Atem emprunte aux codes de la peinture occidentale classique – au travers des postures symétriques qu’elle adopte – mais conserve une esthétique purement africaine grâce aux couleurs et au textures. Son œuvre engagée reste accessible et donne à réfléchir sur les représentations traditionnelles des femmes africaines. 

Atong Atem dans son atelier, crédit photo : Kristto Ffer Paulser
Atong Atem, « A yellow dress, a bouquet 2022 », 2022

C’est cette approche audacieuse du portrait et sa volonté de repousser les limites de la beauté qui a permis à la photographe de remporter le La Prairie Award 2022. À l’occasion de cette récompense, la marque de cosmétique de luxe resserre encore ses liens avec l’art contemporain. Cette initiative artistique s’inscrit dans un engagement de longue date de la maison suisse dans l’art contemporain. Celui-ci s’est notamment traduit par des partenariats avec des foires  comme Art Basel, Frieze à Londres et West Bund Art & Design Faire à Shanghai, mais également par le parrainage d’institutions culturelles comme la Fondation Beyeler en Suisse, le MoMa PS1 à New York, et le Centre Pompidou à Paris. La marque collabore aussi avec de nombreux artistes contemporains, comme la plasticienne Carla Chan, le compositeur Max Richter ou encore le sculpteur Cyril Lancelin, assurant son soutien à des œuvres audacieuses et souvent immersives. Près de quarante ans après la rencontre décisive de la marque avec le bleu cobalt de l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle, La Prairie continue ainsi de faire vivre son amour de l’art.