Que penser de “Vampires”, la première série française sur le mythe ?
Après “Marianne” et “Mortel”, Netflix propose une nouvelle série française fantastique ambitieuse : “Vampires”. Une adaptation contemporaine du mythe avec Oulaya Amamra (César du Meilleur espoir féminin pour Divines) et Dylan Robert (Meilleur espoir masculin aux César 2018 pour Shéhérazade).
Par Violaine Schütz.
1. Un mythe réinventé
Avait-on besoin d'une énième série sur les vampires ? Le nouveau show de Netflix s’attaque à un thème désormais emblématique : le mythe du vampire sur fond de drames adolescents. Il lui faudra donc faire face à une concurrence de taille : Buffy, Morse, Vampire Diaries ou encore Twilight. La nouveauté ? C'est la première fois qu'une série française présente des créatures assoifées de sang dans un contexte contemporain. Inspirée d'un roman inachevé de Thierry Jonquet et initiée par Benjamin Dupas (Vernon Subutex, Dix Pour Cent) et Isaure Pisani-Ferry (Platane), l'idée se révèle alléchante. On suit une famille de vampires de Belleville, les Radescu, qui évolue, sans papiers, dans un environnement dangereux. L'héroïne, Doïna, 16 ans, incarne un personnage moitié vampire-moitié humain qui entend vivre à sa façon. En ancrant l'action dans un Paris moderne, Vampires réussit à ne pas servir une millième fois un scénario éculé. Mais la greffe ne prend pas toujours et certaines situations (comme une scène de sexe sauvage dans une boucherie) sont assez grandiloquentes.
2. Une avalanche de métaphores
Avec ses histoires de communauté, de clandestinité et d'absence de papiers, Vampires semble vouloir symboliser la France d'aujourd'hui. Mais la série ne creuse jamais pleinement, hélas, ce sous-texte social. À la place, ce sont des disputes de famille et des aventures d'ados en mutation que nous offre à voir le géant du streaming. L'héroïne se découvre de jour en jour de nouveaux pouvoirs, telle une créature sortie des X-Men. Son évolution évoque alors la mue opérée par n'importe quel adolescent durant ces années troubles du passage à l'âge adulte. C'est aussi une métaphore de la différence qui se joue ici : comment gérer ce moment où l'on découvre qu'on n'est pas tout à fait comme les autres. Quand elle assume pleinement qui elle est, Doïna dévore l'écran à chaque apparition.
3. Un casting plein de mordant
La véritable réussite de Vampires demeure son casting qui laisse la part belle au sang frais. Toutes convaincantes, les prestations permettent de ne pas rire de certaines situations, comme lorsque la matriarche boit du sang comme s'il s'agissait de thé à la menthe. Il y a Oulaya Amamra (César du Meilleur espoir féminin pour Divines) intense dans le rôle de Doïna, Dylan Robert (Meilleur espoir masculin aux César 2018 pour Shéhérazade), Suzanne Clément (Mommy) en mère de famille, et le brillant Aliocha Schneider, frère de Niels et chanteur prometteur. On retrouve aussi avec plaisir Kate Moran (Les Rencontres d'après minuit, Un couteau dans le cœur) et Mounir Amamra (Le Monde est à toi). Mais celle qui leur vole la vedette, c'est Paris ou plutôt Belleville, quartier animé filmé comme un personnage à part entière. Magnifiés par une aura gothique digne d'un giallo, les recoins de la ville lumière nous semblent encore plus beaux par ces temps de confinement.
Vampires de Benjamin Dupas, Isaure Pisani-Ferry, Anne Cissé, disponible sur Netflix.