Que faut-il retenir du documentaire sur Kanye West réalisé par la BBC ?
Diffusé dimanche dernier sur la BBC, le documentaire Searching for Kanye West réalisé par le journaliste irano-britannique Benjamin Zand revient sur le parcours artistique, les positions politiques et la bipolarité diagnostiquée de l’un des artistes les plus influent et controversé du XXIe siècle.
Le journaliste irano-britannique Benjamin Zand est parti à la rencontre de la “garde rapprochée” de Kanye West, l’homme qui a dominé le monde musical en 2018 avec son huitième album Ye, sorti en juin dernier. Aux États-Unis, des amis d’enfance, des producteurs ou encore des personnages importants issus de l’entourage de l’artiste se confient au journaliste et tentent de répondre à la question suivante : qui est l’homme devant la caméra ? Dans son documentaire Searching for Kanye West, diffusé dimanche dernier sur la BBC, Benjamin Zand revient notamment sur la relation fusionnelle de l'artiste avec sa mère Donda West (disparue en 2007), ses tweets de soutien envers Donald Trump, ses déclarations polémiques sur l’esclavage, sa bipolarité récemment diagnostiquée ou encore ses multiples projets pour la ville de Chicago dans laquelle il a grandi.
L’influence de sa mère, Donda West
Pour plonger dans la tête de l’insaisissable Kanye West, Benjamin Zand écume le Chicago’s South Side, un des quartiers les plus pauvres de la ville, principalement peuplé par des afro-américains. C’est là que Ye a grandi, aux côtés de son ami d’enfance GLC. Ce dernier se souvient d’ailleurs de Kanye West comme un adolescent “énergique, confiant et déterminé” très proche de sa mère, Donda West. Professeure d’anglais à l’Université de Chicago, elle a toujours soutenu son fils unique dans sa carrière de musicien, lui achetant des instruments et tout les éléments nécessaire à la réalisation de ses morceaux. Le documentaire dévoile notamment quelques vidéos d’archive où Donda et son fils chantent et dansent ensemble. Un pilier solide que l’artiste perd en 2007, en pleine tournée. “Elle était la voix de la raison”, explique le cousin et collaborateur de la star, Tony Williams. Des propos appuyés par le docteur Brenda Aghahowa, amie de sa mère et professeure à l’Université de Chicago, qui a constaté “son influence sur Kanye”, en particulier dans la manière qu'avait l'artiste “d'incorporer sa culture afro-américaine à ses musiques”. Brenda Aghahowa ajoute que “Donda était plus démocrate que républicaine“ et que Donald Trump n’aurait pas été, selon elle, le meilleur représentant de la communauté afro-américaine.
Entre frasques et controverses
C’est depuis son hospitalisation pour “épuisement” en novembre 2016, peu avant la fin de sa tournée Saint Pablo Tour, que l’état de santé du rappeur a fait la une des tabloïds. Sa notoriété est au plus haut mais le battage médiatique autour de son mariage avec la star de télé-réalité Kim Kardashian en 2014 a raison de son équilibre psychologique. L’artiste de 41 ans ne s’en cache pas : il est atteint de troubles bipolaires, un syndrome proche de la dépression. Sa condition le pousse d’ailleurs à inscrire “I hate being Bi-Polar, it’s awesome” (“Je déteste être bipolaire, c’est génial”) sur la pochette de son album Ye sorti en juin dernier. C’est sur ce point précis que s’attarde le journaliste Benjamin Zand. Kanye West est-il véritablement conscient de ses propos ? Ses prises de position politique et son soutien à Donald Trump qu’il comparait à “Superman” lors de son passage dans le bureau ovale de la Maison-Blanche en octobre dernier ont fait mouche. Tout comme ses déclarations sur la chaîne télé américaine TMZ où il explique: “On entend parler de l’esclavage qui a duré plus de 400 ans… Pendant 400 ans ! Ca ressemble à un choix selon moi. Je veux dire : c’est là depuis 400 ans et ça nous concerne tous… C'est comme si nous étions enfermés dans une prison mentale”. Enfin, sa proximité avec Candace Owens, supportrice de Donald Trump et fondatrice du mouvement “Blexit” (Black Exit) – qui encourage les afro-américains à ne pas voter en faveur du parti Démocrate – ont renforcé le rapport ambigu de l’artiste avec la politique. Si la jeune femme est persuadée que Kanye West soutient son mouvement, celui-ci a démenti sur Twitter. Malgré tout, les proches de Kanye West ne sont surpris de son engouement pour l’actuel président américain, à l’image du manager John Monopoly qui intervient avec conviction : “Je n’étais pas surpris qu’il soit allé discuter avec Trump, juste parce que je sais que s’il a quelque chose en tête, il va jusqu’au bout.”
Des ambitions pour Chicago
Le 20 septembre dernier, Kanye West a exprimé son désir de revenir à Chicago et de “ne jamais plus partir”. La dernière partie du documentaire s’attarde sur les différentes ambitions de l’artiste vis à vis de cette ville qu’il souhaite redynamiser par l’emploi en embauchant des salariés dans une usine dédiée à la fabrication de sa marque de vêtements “Yeezy”. L’artiste a également affirmé vouloir enseigner à Chicago, comme sa mère : “Je vais enseigner un cours à ‘l’Art Institute of Chicago’ et à l’‘American Academy of Art‘’”. Une annonce hasardeuse que les deux établissements ont démenti même si l’Art Institute of Chicago a déclaré “être flatté que Monsieur West souhaite enseigner à des artistes et des designers émergents.”