30 mai 2023

Quand Kenneth Anger, icône du cinéma underground, révélait les secrets honteux d’Hollywood

Le réalisateur américain culte, expérimental et underground qui a influencé Martin Scorsese, David Lynch et John Waters est décédé à l’âge de 96 ans, le 11 mai, en Californie. En plus d’avoir réalisé des films (Lucifer Rising, Scorpio Rising) étranges, queer et troublants, c’était aussi un brillant écrivain. Après son sulfureux Hollywood Babylone publié en 2013 en France, qui dévoilait les meilleurs ragots du vieil Hollywood, les éditions Tristram sortaient en 2016 son deuxième tome encore plus sulfureux, Retour à Babylone. Retour sur cinq rumeurs vénéneuses qui déconstruisent le mythe pailleté de la machine à rêves pour révéler l’ »enfer » du décor, racontées par le cinéaste.

La couverture de Retour à Babylone (2013) de Kenneth Anger, disponible aux éditions Tristram

1. La face cachée du grand séducteur James Dean


D’après Kenneth Anger, sur le tournage de La Fureur de vivre (1955), l’acteur et sex-symbol James Dean avait attrapé des morpions. Entre les scènes, il ne cessait de se gratter l’entrejambe jusqu’à ce que le réalisateur, Nicholas Ray, l’emmène à la pharmacie chercher de l’ »insecticide ». À cette époque, le beau Jimmy fréquentait le Club, un bar cuir d’East Hollywood, en quête de sexe anonyme. Il y découvrit les plaisirs du bondage et des coups de ceinture. Au Club, on le surnommait « le cendrier humain », car lorsqu’il était drogué, il se mettait torse nu et suppliait ses « maîtres » d’écraser leurs mégots sur lui. On apprend aussi dans le livre du réalisateur comment James Dean réussit à se faire réformer de l’armée, en racontant qu’il était gay. Quand l’actrice et chroniqueuse Hedda Hopper lui demanda comment il avait fait, il lui répondit : « J’ai embrassé le toubib. » Kenneth Anger prétend aussi qu’au début de sa carrière, sans le sous, James Dean vécut chez un vieux producteur de télévision qui l’entretenait.


2. Alfred Hitchcock était un voyeur (et un psychopathe)


Alfred Hitchcock, l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps, n’aimait pas seulement effrayer le spectateur, il aimait aussi espionner les femmes, voire les maltraiter. Atteint de scopophilie (la satisfaction du désir sexuel par le regard), il observait, muni d’un télescope, les actrices se déshabiller dans d’autres maisons, notamment la sublime Grace Kelly, qu’il fit tourner. Il harcela ensuite sexuellement une autre blonde typique de son univers, Tippi Hedren, à qui il vouait un culte malsain, possédant notamment chez lui une réplique de son visage. Comme cette dernière refusa sans cesse ses avances, il se vengea à l’écran. Il exigea notamment par volonté de « réalisme » que de vrais volatiles s’attaquent à elle sur le tournage des Oiseaux (1963). Elle faillit perdre un œil et fit une dépression nerveuse chronique après l’affaire.

5 secrets d’Hollywood révélés par le cinéaste Kenneth Anger

3. La vie tragique de Jean Seberg


Quand Jean Seberg, l’héroïne d’À bout de souffle (1960) à la modernité folle arriva aux États-Unis dans les années 60, elle se lia d’amitié avec les Black Panthers et se radicalisa politiquement. Pour la discréditer, le FBI fit circuler des documents prétendant qu’elle avait été mise enceinte par l’un des membres du mouvement contestataire. Son mari de l’époque, Romain Gary, déclara que le FBI était, par cette intimidation, le premier responsable de la mort prématurée de son épouse, dont le corps fut retrouvé des années plus tard, nu dans une couverture, à l’arrière d’une voiture. La cause de sa mort ? Une overdose de barbituriques. Pendant les derniers jours de sa vie, la comédienne avait sombré dans la paranoïa, d’après Kenneth Anger, et avait l’impression que même son frigidaire la menaçait. A bout de souffle, vraiment…

 

4. Liz Taylor sortait les poubelles pour aller mieux


Au début des années 80, l’actrice aux yeux violet Elizabeth Taylor effectua un séjour en centre de désintoxication, le Betty Ford Center, pour soigner son addiction aux médicaments et à l’alcool, qui durait depuis 25 ans. Elle a raconté y avoir passé la plupart de son temps à sortir les poubelles et à laver la terrasse au jet d’eau, deux tâches qui l’auraient grandement aidée à guérir. Celle qui interpréta brillamment la grande Cléopâtre, y affronta également pour la première fois de sa vie la solitude. Ce qui n’a pas dû être facile pour cette grande amoureuse (et pas que de bijoux) devant l’éternel.


5. Marilyn Monroe et Gene Tierney ont été traumatisées par leurs séjours en hôpital psychiatrique


L’immense Marilyn Monroe disait qu’elle allait finir par devenir vraiment folle, à force d’être enfermée « avec des dinguos », après avoir fait un séjour en hôpital psychiatrique. Kenneth Anger évoque aussi le séjour en clinique de Gene Tierney. La sublime actrice, a, lors d’un spectacle, été embrassée par une « fan » qui avait quitté son lit spécialement pour la voir (alors qu’elle avait une rubéole). Gene Tierney était enceinte, elle l’a attrapée, et sa fille est ensuite née aveugle et handicapée. L’actrice sombra par la suite dans une profonde dépression nerveuse et tenta de mettre fin à ses jours. Internée dans un hôpital psychiatrique, elle y subit même des électrochocs. Heureusement, sa vie s’améliora grandement dans les années 60.


Retour à Babylone de Kenneth Anger (d’abord sorti en 1984 puis pubiié en 2016 en France), disponible aux éditions Tristram.

Kenneth Anger à Los Angeles en 1955. Photo par l’Estate of Edmund Teske/Getty Images.