Pourquoi Netflix fait-il trembler Hollywood ?
Alors que Netflix s’apprête à dévoiler un film de braquage au casting trois étoiles baptisé Triple Frontière le 13 mars, l’industrie du cinéma hollywoodien semble de plus en plus reléguée au rang d’observateur désabusé.
Un énième coup de maître pour la plateforme de streaming américaine Netflix. Avec plus de 137 millions d’abonnés payants dans le monde depuis sa création en 1997, le mastodonte californien proposant des films, des séries et des documentaires en flux continu ne cesse de rivaliser avec les grosses productions hollywoodiennes. En témoigne le prochain film explosif Netflix, Triple Frontière, prévu pour le 13 mars prochain. Dans les tiroirs depuis des années, ce long-métrage d’envergure faisait de l’œil à des acteurs incontournables comme Will Smith, Tom Hanks ou encore Tom Hardy. Mais c’est finalement autour de cinq autres acteurs bankable que le projet s’est concrétisé : Ben Affleck (Gone Girl), Oscar Isaac (Star Wars : le réveil de la force), Pedro Pascal (Narcos), Garrett Hedlund (Pan) et Charlie Hunnam (Le roi Arthur : la légende d’Excalibur). Tous incarnent d’anciens soldats des forces spéciales prêts à braquer l’un des plus grands barons de la drogue sud-américains. Il n’en fallait pas moins pour capter l’attention du réalisateur américain J.C. Chandor (Margin Call, A Most Violent Year) qui signe un film d’action prometteur réunissant toutes les qualités pour (encore) faire un carton.
Depuis plusieurs années, la force de Netflix réside dans son investissement personnel et financier dans la création de productions originales, les castings 3 étoiles de ses productions, la fidélisation de ses abonnés et les prix cinématographiques dont la plateforme se voit récompensée.
Des contenus originaux ou diffusés en exclusivité
Avec ses contenus originaux – produits, coproduits ou distribués exclusivement sur sa plateforme – la firme américaine est devenue un véritable rouleau compresseur capable de faire trembler Hollywood. L’année passée, elle aurait d’ailleurs connu une progression de 88% des contenus originaux selon le Los Angeles Times. De cette manière, Netflix s’épargne le versement de droits de diffusion de productions externes.
Pour favoriser la mise en avant de ces contenus de plus en plus nombreux sur la plateforme, Netflix a amélioré son algorithme de recommandation. Alors que Netflix comptabilisait 16% de productions internes en 2016, la plateforme réalise aujourd’hui plus de 40% de son catalogue.
Des millions d’abonnés fidèles
Une formule gratuite le premier mois, trois forfaits d’abonnement très abordables pour regarder le catalogue en illimité et une facilité d’accessibilité sur portable, tablette ou ordinateur ont imposé Netflix auprès d’utilisateurs de plus en plus nombreux. Terminée l’attente d’une semaine pour voir le nouvel épisode d’une série, les téléspectateurs sont maîtres de leur séance de projection. De 40 millions d’abonnés dans le monde en 2014, la plateforme en compte désormais plus de 130 millions.
Des productions au casting 3 étoiles
Au-delà des dizaines de séries originales qui cartonnent sur la plateforme comme 13 Reasons Why, Stranger Things, Narcos, House of Cards ou Orange is the New Black, Netflix a su tirer son épingle du jeu au fil des années, en enrôlant des stars dans ses longs-métrages. Si Triple Frontière en est l’exemple parfait, c’est aussi le cas, tout récemment, du biopic sur Van Gogh baptisé At Eternity’s Gate réunissant Willem Dafoe, Mads Mikkelsen et Oscar Isaac, sous la houlette du cinéaste américain Julian Schnabel.
La plateforme a d’ailleurs réalisé le plus grand succès de son histoire avec le thriller Bird Box réunissant Sandra Bullock et John Malkovich, sorti en décembre 2018. Réalisé par la Danoise Susanne Bier (Revenge, Serena), le film a été vu par plus de 45 millions de spectateurs dans le monde entier. La plateforme pourrait renouveler cet exploit avec son prochain projet : le film Da 5 Blood avec la star de Black Panther, Chadwick Boseman, et le réalisateur Spike Lee.
Des œuvres récompensées
Un succès populaire qui va de pair avec une reconnaissance du milieu cinématographique. En effet, les réalisations Netflix sont de plus en plus souvent nommées aux plus grandes récompenses du 7e art. L’année dernière, à la 90e cérémonie des Oscars, le documentaire Icare de Bryan Fogel, consacré au dopage dans le sport et production Netlix, a d’ailleurs reçu une statuette dans la catégorie du “Meilleur film documentaire”.
Ce n'était pas une première pour la plateforme de streaming qui avait déjà remporté l'Oscar du “Meilleur court-métrage documentaire” en 2017 pour son film Les Casques Blancs, œuvre du Britannique Orlando von Einsiede qui retraçait le travail périlleux des bénévoles se portant au secours des civils dans le carnage de la guerre syrienne.
Dernièrement, le film Roma réalisé par Alfonso Cuarón (Gravity) a été diffusé en exclusivité sur la plateforme Netflix. Il fait aussi partie des grands gagnants de la 76e édition des Golden Globes 2019, avec le prix du “Meilleur scénario”, du “Meilleur réalisateur” et du “Meilleur film étranger”. Le réalisateur a aussi profité de la cérémonie pour répondre sans complexes aux détracteurs de la plateforme : "J'ai une question pour vous : combien de cinémas auraient distribué normalement un film mexicain en noir et blanc, en espagnol et en mixtèque [langue indigène], un drame sans stars ?”
Également nommé aux Oscars dans la catégorie “Meilleur film”, Roma a fait l’objet d’une campagne de lobbying monumentale de la part de Netflix pour recueillir un maximum de votes selon le New York Times. Entre cadeaux distribués, projections privées et soirées, la firme aurait déjà dépensé plus de 25 millions de dollars pour un film qui ne lui en a coûté que 15 millions… Une infernale ruée vers le graal qui s'est concrétisée par trois oscars dans les catégories du “Meilleur réalisateur”, “Meilleure photographie” et “Meilleur film étranger”. La galaxie Netflix est proche de son apogée…