22 avr 2024

Who is Yaya Bey, New York activist and embodiment of disenchanted soul?

Inspirée par la nu-soul d’Erykah Badu, la fougue de Diana Ross et les romans de Toni Morrison, la chanteuse Yaya Bey dévoilera, le 10 mai 2024, son cinquième album studio, Ten Fold. Elle y évoque des combats collectifs tels que les luttes des femmes noires et prolonge son univers jusque dans des collages qu’elle expose dans des galeries d’art. 

Yaya Bey, a musician lost in a dramatic comedy

 

Hidaiyah Bey takes a few seconds to digest the question she’s just been asked: if you could spend a whole week inside a work of fiction, which one would you choose? “A comedy-drama!” she replies, with a slight smile. Her choice seems fitting, for the music made by this 34-year-old American all-rounder is just like a comedy-drama, at once tender and ferocious, wild and charming, vivid and disabused, as is her life.

 

Hailing from Barbados, Yaya Bey, as she’s known, grew up in New York with her father and her cousins at a time when Queens was effervescent. Today based in Washington, she evokes with nostalgia the brown-brick buildings of her childhood neighbourhood. “I remember the revving cars, the sound of basketballs, of music pouring from the windows, the children’s shouts and fights…” The destiny of this early adept of dance and literature seemed to be all set out for her, given that her father was none other than Ayub Bey, better known as the rapper Grand Daddy IU, a member of the 1980s hip-hop collective Juice Crew. That was until her father did all he could to dissuade her from following in his footsteps, convinced there was no way she could make it in the milieu. An only child, Bey took refuge in poems and political activism, observing, powerless, the way her father treated the women in his life with a certain disdain. To make it, she’d therefore have to fight harder than everyone else. As a fervent militant for women’s and African-American rights, she spent years demonstrating in Washington, using her spare time to write about her own life and her daily routine, which she would then set to music.

Yaya Bey, une musicienne perdue dans une comédie dramatique

 

Hidaiyah Bey s’autorise quelques secondes de réflexion pour digérer la question qui vient de lui être posée : Si vous pouviez vivre une semaine entière dans l’univers d’une œuvre de fiction, laquelle choisiriez-vous ? “Une comédie dramatique”, répond-elle en esquissant un léger sourire. Son choix n’a rien d’étonnant, car les compositions musicales de cette trentenaire américaine restent, tout comme sa propre vie, aussi foisonnantes qu’une comédie dramatique, à la fois tendres et féroces, fougueuses et charmantes, éclatantes et désenchantées…

 

Originaire de l’île de la Barbade, Yaya Bey a grandi à New York avec son père et ses cousins, dans un Queens en ébullition. Si elle réside désormais à Washington, c’est avec une nostalgie non feinte qu’elle évoque les bâtiments de brique brunâtre du quartier de son enfance : “Je me souviens du vrombissement des voitures, du bruit des ballons de basket, de la musique qui jaillissait des fenêtres, des bagarres et des cris des enfants…” La jeune femme se passionne très tôt pour la danse et l’écriture. Et son chemin semble tout tracé puisque son père n’est autre qu’Ayub Bey, plus connu sous le nom de Grand Daddy I.U, un rappeur américain membre, dans les années 80, du collectif de hip-hop Juice Crew. Problème, il dissuade ardemment sa fille d’emprunter la même voie que lui, soutenant qu’elle ne parviendra jamais à percer. Enfant unique, Yaya Bey se réfugie alors dans les poèmes et la revendication politique, observant, impuissante, son père traiter les femmes qui l’entourent avec un certain dédain. Pour émerger, elle devra donc se battre plus que les autres. Devenue fervente activiste pour le droit des femmes et des Afro-Américains, l’artiste en devenir passe des années à manifester aux alentours de Washington. Le reste du temps, elle écrit sur sa propre vie et sur son quotidien, puis l’enrobe de notes de musique.

 

 

Yaya Bey, a musician lost in a dramatic comedy

 

Hidaiyah Bey takes a few seconds to digest the question she’s just been asked: if you could spend a whole week inside a work of fiction, which one would you choose? “A comedy-drama!” she replies, with a slight smile. Her choice seems fitting, for the music made by this 34-year-old American all-rounder is just like a comedy-drama, at once tender and ferocious, wild and charming, vivid and disabused, as is her life.

 

Hailing from Barbados, Yaya Bey, as she’s known, grew up in New York with her father and her cousins at a time when Queens was effervescent. Today based in Washington, she evokes with nostalgia the brown-brick buildings of her childhood neighbourhood. “I remember the revving cars, the sound of basketballs, of music pouring from the windows, the children’s shouts and fights…” The destiny of this early adept of dance and literature seemed to be all set out for her, given that her father was none other than Ayub Bey, better known as the rapper Grand Daddy IU, a member of the 1980s hip-hop collective Juice Crew. That was until her father did all he could to dissuade her from following in his footsteps, convinced there was no way she could make it in the milieu. An only child, Bey took refuge in poems and political activism, observing, powerless, the way her father treated the women in his life with a certain disdain. To make it, she’d therefore have to fight harder than everyone else. As a fervent militant for women’s and African-American rights, she spent years demonstrating in Washington, using her spare time to write about her own life and her daily routine, which she would then set to music.

Yaya Bey, une musicienne perdue dans une comédie dramatique

 

Hidaiyah Bey s’autorise quelques secondes de réflexion pour digérer la question qui vient de lui être posée : Si vous pouviez vivre une semaine entière dans l’univers d’une œuvre de fiction, laquelle choisiriez-vous ? “Une comédie dramatique”, répond-elle en esquissant un léger sourire. Son choix n’a rien d’étonnant, car les compositions musicales de cette trentenaire américaine restent, tout comme sa propre vie, aussi foisonnantes qu’une comédie dramatique, à la fois tendres et féroces, fougueuses et charmantes, éclatantes et désenchantées…

 

Originaire de l’île de la Barbade, Yaya Bey a grandi à New York avec son père et ses cousins, dans un Queens en ébullition. Si elle réside désormais à Washington, c’est avec une nostalgie non feinte qu’elle évoque les bâtiments de brique brunâtre du quartier de son enfance : “Je me souviens du vrombissement des voitures, du bruit des ballons de basket, de la musique qui jaillissait des fenêtres, des bagarres et des cris des enfants…” La jeune femme se passionne très tôt pour la danse et l’écriture. Et son chemin semble tout tracé puisque son père n’est autre qu’Ayub Bey, plus connu sous le nom de Grand Daddy I.U, un rappeur américain membre, dans les années 80, du collectif de hip-hop Juice Crew. Problème, il dissuade ardemment sa fille d’emprunter la même voie que lui, soutenant qu’elle ne parviendra jamais à percer. Enfant unique, Yaya Bey se réfugie alors dans les poèmes et la revendication politique, observant, impuissante, son père traiter les femmes qui l’entourent avec un certain dédain. Pour émerger, elle devra donc se battre plus que les autres. Devenue fervente activiste pour le droit des femmes et des Afro-Américains, l’artiste en devenir passe des années à manifester aux alentours de Washington. Le reste du temps, elle écrit sur sa propre vie et sur son quotidien, puis l’enrobe de notes de musique.

 

 

Diana Ross, Erykah Badu, Frankie Beverly and the novels of Toni Morrison

 

Everything accelerated when she was “discovered” by the producer Chucky Thompson, who worked with the rapper Nas and with Mary J. Blige. Bey began to write, without much conviction, for other artists. It wasn’t until 2016 that she finally released her first studio album, inspired by her years of activism. As an artist, she didn’t do things by halves, since the The Many Alter-Egos of Trill’eta Brown includes not only ten tracks but also a book and a digital collage that together form a complex Gestamtkunstwerk recalling the work of Audre Lorde, the queer essayist and poet who took part in the civil rights movement of the 1960s. Bey had long understood that she could count only on herself, and so took on the role of a strong, determined, perfectionist woman, her introspective albums tackling themes such as childhood trauma (her mother’s abandonment of her), the rows and doubts, but also the joy and the amorous passion that for her is akin to addiction.

 

Bey’s music is perhaps easier to understand if one dissects her tastes. She likes the elegance of Diana Ross and the wildness of Tina Turner; the humour of Richard Pryor and the literary descriptions of Toni Morrison; Chaka Khan and Donny Hathaway’s hits; Erykah Badu’s groove; and also the voice of Frankie Beverly, the singer in the group Maze. As for her own music, she suggests three tracks as an introduction to her world: Nobody Knows (2022), Meet Me in Brooklyn (2022), and September 13th (2021).

En filigrane : Diana Ross, Erykah Badu, Frankie Berverly et les romans de Toni Morrison

 

Tout s’accélère lorsqu’elle est repérée par le producteur américain Chucky Thompson, collaborateur du rappeur Nas et de Mary J. Blige. Yaya Bey se met, sans réelle conviction, à écrire pour d’autres artistes. Il faudra attendre 2016 pour que le public découvre enfin son premier album studio inspiré par ses années de militantisme. Et l’artiste n’a pas fait les choses à moitié puisque The Many Alter-Egos of Trill’eta Brown comprend dix morceaux, un livre ainsi qu’un collage digital. Une œuvre complète et déjà complexe qui rappelle fortement les travaux d’Audre Lorde, essayiste et poétesse américaine queer engagée dans le mouvement des droits civiques des années 60. À l’époque déjà, Yaya Bey a compris qu’elle ne devra compter que sur elle-même. Elle s’impose donc comme une femme forte, perfectionniste et déterminée. Ses albums introspectifs évoquent tout autant les traumatismes de son enfance que l’abandon de sa mère, les disputes et les doutes, la joie et la passion amoureuse qu’elle assimile presque à une addiction.

 

Il est peut-être plus facile de comprendre la musique de Yaya Bey en déchiffrant ses goûts. Elle aime l’élégance de Diana Ross et la fougue de Tina Turner. L’humour de Richard Pryor et les descriptions splendides de Toni Morrison. Les tubes de Chaka Khan et de Donny Hathaway. Le groove d’Erykah Badu et la voix de Frankie Beverly, le chanteur du groupe Maze. Quant à ses propres compositions, elle conseille trois titres pour découvrir son univers : Nobody Knows (2022), Meet Me in Brooklyn (2022) et September 13th (2021).
 

Diana Ross, Erykah Badu, Frankie Beverly and the novels of Toni Morrison

 

Everything accelerated when she was “discovered” by the producer Chucky Thompson, who worked with the rapper Nas and with Mary J. Blige. Bey began to write, without much conviction, for other artists. It wasn’t until 2016 that she finally released her first studio album, inspired by her years of activism. As an artist, she didn’t do things by halves, since the The Many Alter-Egos of Trill’eta Brown includes not only ten tracks but also a book and a digital collage that together form a complex Gestamtkunstwerk recalling the work of Audre Lorde, the queer essayist and poet who took part in the civil rights movement of the 1960s. Bey had long understood that she could count only on herself, and so took on the role of a strong, determined, perfectionist woman, her introspective albums tackling themes such as childhood trauma (her mother’s abandonment of her), the rows and doubts, but also the joy and the amorous passion that for her is akin to addiction.

 

Bey’s music is perhaps easier to understand if one dissects her tastes. She likes the elegance of Diana Ross and the wildness of Tina Turner; the humour of Richard Pryor and the literary descriptions of Toni Morrison; Chaka Khan and Donny Hathaway’s hits; Erykah Badu’s groove; and also the voice of Frankie Beverly, the singer in the group Maze. As for her own music, she suggests three tracks as an introduction to her world: Nobody Knows (2022), Meet Me in Brooklyn (2022), and September 13th (2021).

En filigrane : Diana Ross, Erykah Badu, Frankie Berverly et les romans de Toni Morrison

 

Tout s’accélère lorsqu’elle est repérée par le producteur américain Chucky Thompson, collaborateur du rappeur Nas et de Mary J. Blige. Yaya Bey se met, sans réelle conviction, à écrire pour d’autres artistes. Il faudra attendre 2016 pour que le public découvre enfin son premier album studio inspiré par ses années de militantisme. Et l’artiste n’a pas fait les choses à moitié puisque The Many Alter-Egos of Trill’eta Brown comprend dix morceaux, un livre ainsi qu’un collage digital. Une œuvre complète et déjà complexe qui rappelle fortement les travaux d’Audre Lorde, essayiste et poétesse américaine queer engagée dans le mouvement des droits civiques des années 60. À l’époque déjà, Yaya Bey a compris qu’elle ne devra compter que sur elle-même. Elle s’impose donc comme une femme forte, perfectionniste et déterminée. Ses albums introspectifs évoquent tout autant les traumatismes de son enfance que l’abandon de sa mère, les disputes et les doutes, la joie et la passion amoureuse qu’elle assimile presque à une addiction.

 

Il est peut-être plus facile de comprendre la musique de Yaya Bey en déchiffrant ses goûts. Elle aime l’élégance de Diana Ross et la fougue de Tina Turner. L’humour de Richard Pryor et les descriptions splendides de Toni Morrison. Les tubes de Chaka Khan et de Donny Hathaway. Le groove d’Erykah Badu et la voix de Frankie Beverly, le chanteur du groupe Maze. Quant à ses propres compositions, elle conseille trois titres pour découvrir son univers : Nobody Knows (2022), Meet Me in Brooklyn (2022) et September 13th (2021).
 

Ten Fold, a fifth album available on 10 May

 

This year, Bey is promoting Ten Fold, her fifth studio album, to be released on 10 May. She made the record because she simply couldn’t do otherwise. Where, usually, she masterminds all her projects with a precise theme down to the tiniest detail, this time she needed to escape and forget. “To be honest, I don’t really know what to say about this album,” she admits. “I lost my father in December 2022, so I got busy in order to flee my sadness. And I carried on making music. The producers I usually work with would send me samples and I would write. I just stayed home and wrote.” These past few years she’s been hard it, releasing Remember Your North Star in 2022, a sumptuous album that deftly mixes jazz, soul, R’n’B, and reggae beats, followed, in 2023, by Exodus the North Star, a six-track EP. Her work has been unanimously praised by critics, with its paradoxical blend of colourful sound and dark social issues such as greed or “misogynoir,” a double discrimination, at once sexist and racist, towards Black women, theorized by the African-American researcher and activist Moya Bailey in her 2010 essay They Aren’t Talking About Me…

 

In addition to all this, Bey has already shown her collages in several galleries and undertaken two residencies at Brooklyn’s Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA). What’s more, she creates her own merchandising illustrations and record visuals, and choreographs all her own music videos. Like in a drama-comedy, the powerful flamboyant queen knows how to appear vulnerable just when needed.

 

Yaya Bey, Ten Fold (Big Dada), out on 10 May.

Ten Fold, un cinquième album disponible le 10 mai

 

Cette année, Yaya Bey défend Ten Fold, son cinquième album studio disponible le 10 mai. Ce disque, elle l’a conçu parce qu’elle ne pouvait absolument rien faire d’autre. D’ordinaire, chacun de ses projets est concocté avec minutie et comporte un thème bien précis, mais cette fois, la jeune femme a dû faire autrement. Il fallait qu’elle s’évade et qu’elle oublie : “Pour être honnête, je ne sais pas vraiment quoi dire à propos de cet album, confesse-t-elle. J’ai perdu mon père en décembre 2022, alors je me suis occupée pour échapper à mon chagrin. Et j’ai continué à faire de la musique. Les producteurs avec lesquels je collabore d’ordinaire m’envoyaient des morceaux… et moi j’écrivais. Oui, je restais simplement à la maison et j’écrivais.” Ces dernières années, la musicienne n’a pas chômé. En 2022, elle présentait Remember Your North Star, un album somptueux mêlant habilement jazz, soul, R’n’B et syncopes reggae. Puis, en 2023, elle révélait Exodus the North Star, un EP de six titres. Chacune de ses compositions a été unanimement saluée par la critique et demeure très mystérieuse. Son œuvre ultra colorée évoque des thèmes paradoxalement sombres tels que la cupidité ou la “misogynoir”, double discrimination, à la fois sexiste et raciste, dirigée explicitement contre les femmes noires et théorisée par la chercheuse et activiste afro-américaine Moya Bailey dans son essai They Aren’t Talking About Me… (2010).

 

À ce jour, Yaya Bey a déjà exposé ses collages dans plusieurs galeries et elle a effectué deux résidences au Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA) de Brooklyn. Elle crée également ses propres illustrations de merchandising, les visuels de ses disques et elle chorégraphie ses propres clips. La reine puissante et flamboyante sait se montrer vulnérable lorsqu’il le faut. Comme dans une comédie dramatique.

 

Ten Fold de Yaya Bey, disponible le 10 mai.

Ten Fold, a fifth album available on 10 May

 

This year, Bey is promoting Ten Fold, her fifth studio album, to be released on 10 May. She made the record because she simply couldn’t do otherwise. Where, usually, she masterminds all her projects with a precise theme down to the tiniest detail, this time she needed to escape and forget. “To be honest, I don’t really know what to say about this album,” she admits. “I lost my father in December 2022, so I got busy in order to flee my sadness. And I carried on making music. The producers I usually work with would send me samples and I would write. I just stayed home and wrote.” These past few years she’s been hard it, releasing Remember Your North Star in 2022, a sumptuous album that deftly mixes jazz, soul, R’n’B, and reggae beats, followed, in 2023, by Exodus the North Star, a six-track EP. Her work has been unanimously praised by critics, with its paradoxical blend of colourful sound and dark social issues such as greed or “misogynoir,” a double discrimination, at once sexist and racist, towards Black women, theorized by the African-American researcher and activist Moya Bailey in her 2010 essay They Aren’t Talking About Me…

 

In addition to all this, Bey has already shown her collages in several galleries and undertaken two residencies at Brooklyn’s Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA). What’s more, she creates her own merchandising illustrations and record visuals, and choreographs all her own music videos. Like in a drama-comedy, the powerful flamboyant queen knows how to appear vulnerable just when needed.

 

Yaya Bey, Ten Fold (Big Dada), out on 10 May.

Ten Fold, un cinquième album disponible le 10 mai

 

Cette année, Yaya Bey défend Ten Fold, son cinquième album studio disponible le 10 mai. Ce disque, elle l’a conçu parce qu’elle ne pouvait absolument rien faire d’autre. D’ordinaire, chacun de ses projets est concocté avec minutie et comporte un thème bien précis, mais cette fois, la jeune femme a dû faire autrement. Il fallait qu’elle s’évade et qu’elle oublie : “Pour être honnête, je ne sais pas vraiment quoi dire à propos de cet album, confesse-t-elle. J’ai perdu mon père en décembre 2022, alors je me suis occupée pour échapper à mon chagrin. Et j’ai continué à faire de la musique. Les producteurs avec lesquels je collabore d’ordinaire m’envoyaient des morceaux… et moi j’écrivais. Oui, je restais simplement à la maison et j’écrivais.” Ces dernières années, la musicienne n’a pas chômé. En 2022, elle présentait Remember Your North Star, un album somptueux mêlant habilement jazz, soul, R’n’B et syncopes reggae. Puis, en 2023, elle révélait Exodus the North Star, un EP de six titres. Chacune de ses compositions a été unanimement saluée par la critique et demeure très mystérieuse. Son œuvre ultra colorée évoque des thèmes paradoxalement sombres tels que la cupidité ou la “misogynoir”, double discrimination, à la fois sexiste et raciste, dirigée explicitement contre les femmes noires et théorisée par la chercheuse et activiste afro-américaine Moya Bailey dans son essai They Aren’t Talking About Me… (2010).

 

À ce jour, Yaya Bey a déjà exposé ses collages dans plusieurs galeries et elle a effectué deux résidences au Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA) de Brooklyn. Elle crée également ses propres illustrations de merchandising, les visuels de ses disques et elle chorégraphie ses propres clips. La reine puissante et flamboyante sait se montrer vulnérable lorsqu’il le faut. Comme dans une comédie dramatique.

 

Ten Fold de Yaya Bey, disponible le 10 mai.