Whitney, Mariah, Céline : connaît-on vraiment les trois divas des 90’s?

Whitney, Mariah, Céline : à eux seuls ces prénoms suffisent à identifier trois des plus grandes superstars de l’histoire musicale. Ensemble, elles forment un trio vocal emblématique ayant laissé sur les années 90 une trace indélébile. Performances scéniques de haut vol, succès planétaire, contrôle de leur carrière et éthique de femme d’affaires ont permis à ces trois sensations de la chanson de devenir de véritables icônes, préfigurant l’avenir de la pop music à l’orée de l’an 2000. Connue notamment pour avoir réalisé le documentaire Pin-up, la revanche d’un sex-symbol ou des épisodes de l’émission Tracks, Sophie Peyrard s’est prise de passion pour ces trois figures. Dans un documentaire d’une cinquantaine de minutes diffusé fin mai sur ARTE, elle retrace leurs destinées, guidées par leur talent mais également ébréchées par les contrecoups de leur célébrité.

 

En ouverture du documentaire, une question centrale : comment définir la diva? De Giuditta Pasta, grande cantatrice italienne du 19e siècle, à Barbara Streisand en passant par Maria Callas, la figure de la diva tire ses racines étymologiques de la déesse. Comme l’explique le critique musical canadien Carl Wilson, “la diva se reconnaît à son aura presque mystique” due en grande partie, selon lui, à un instrument vocal hors norme. En effet, si Mariah Carey s’illustre par sa maîtrise de la voix de sifflet, Whitney Houston démontre une capacité exceptionnelle à naviguer entre les octaves, tandis qu’avec son célèbre All By Myself, Céline Dion délivre une performance vocale spectaculaire en tenant une note pendant 8 secondes. Au-delà de ces styles distinctifs, toutes trois ont remis au goût du jour une technique vocale très particulière : le “mélisme”, c’est-à-dire le chant d’une syllabe en plusieurs notes. Associée à son don vocal unique, une puissance presque surréelle fait de la diva une quasi-déesse, aussi fascinante qu'inaccessible.

Pourtant, vers la fin des années 90, l'image lisse des trois idoles commence à se fissurer : derrière leur immense succès, le public envieux est à l'affût de la moindre de leurs failles. Sous la pression des tabloïds en plein essor et des paparazzis de plus en plus intrusifs, la carrière musicale de ces divas se confond avec les méandres tumultueux de leur vie privée. Outre la jalousie, cette curiosité du public traduit un désir croissant d’identification aux célébrités, passant inévitablement par une quête d'authenticité. Divorce, excès en tous genre, maltraitance, toxicomanie… du pain bénit pour les journalistes à scandale, cherchant à tout prix à écailler le vernis de leur quotidien d’apparence idyllique. Si les carrières de Mariah Carey et de Céline Dion résisteront tant bien que mal à cette exposition, celle de Whitney Houston sera précipitée vers le déclin et s'achèvera tragiquement en 2012.

 

Tout en plongeant dans les vies fascinantes de ses trois protagonistes, le documentaire de Sophie Peyrard échappe aux écueils d’une triple biographie ronflante en soulevant des questionnements plus généraux sur la place des femmes dans l’industrie musicale et médiatique. Nourri par les propos des personnes interrogées, il explique à quel point la figure des divas provient d’une construction genrée, leur faisant notamment supporter le fardeau de l’émotionnel en raison de leur statut de femmes. En dépit des viccissitudes de leur destinée, Divas des 90s témoigne que malgré les années, leur légende est aujourd'hui bien vivante.

 

Le documentaire Divas des 90s (2019) de Sophie Peyrard est disponible en replay jusqu'au 4 juillet sur le site d'ARTE.